Les chrétiens de Calais se sentent souvent abandonnées par les autorités politiques qui ne parviennent à résoudre le problème migratoire à la frontière franco-britannique.
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Ces derniers mois, la solidarité des habitants de Calais envers les migrants tentant de passer la frontière britannique a été mise à rude épreuve. Leur implication est "réelle même s’il est vrai que, pour certains, la situation est difficile", reconnaît le père Jean-Marie Rauwel, prêtre de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul en Calaisis, au micro de Radio Vatican. "Une équipe de bénévoles du Secours catholique vient toutes les semaines trier et distribuer des produits de première nécessité", explique-t-il : hygiène, nourriture, vêtements…
Invitation du clergé local à visiter les réfugiés
Les migrants sont aujourd’hui près de 3 000, installés depuis des semaines voire des mois, dans des camps de fortune autour de la ville. Avec d’autres confrères prêtres, le père Jean-Marie invite "les chrétiens à aller sur place, à rendre visite, à apporter des choses, comme le petit-déjeuner". "Les paroissiens n’ont pas attendus mon arrivée il y a quatre ans pour s’impliquer, souligne-t-il. Je sais que certains vont déjà sur place à la rencontre des migrants pour une écoute, pour apporter du thé, du café, pour tisser des liens avec eux", voire même "les aider à construire leurs abris de fortune".
Des actions conjointes sont aussi parfois menées avec la communauté musulmane également impliquée et, pour le père Rauwel, celles-ci sont "à renouveler". "Je pense que ceux qui ne fréquentent pas les migrants, ou ne touchent pas du doigt la réalité qui est la leur, ne peuvent pas comprendre. Mais dès que l’on s’y intéresse, assure le prêtre, que l’on s’approche, que l’on vit les choses avec une certaine pauvreté, le regard change."
Les politiques migratoires anglaises et françaises pointées du doigt
Après la mort tragique d’un neuvième migrant dans la nuit de mardi à mercredi sur le site d’Eurotunnel, le gouvernement et l’entreprise se renvoient la responsabilité. Cette semaine, dans la nuit de mardi à mercredi, environ 1 500 migrants ont encore tenté de rejoindre l’Angleterre via le tunnel. La veille, un pic de 2 000 personnes avait été atteint, du jamais vu (Radio Vatican).
Selon Marie Martin, chargée de programme "migrations et asile" pour le réseau Euromed, la politique migratoire des deux États est défaillante : "On constate de part et d’autre de la Manche une volonté de contenir les personnes, de les bloquer sur place, pour qu’elles n’aillent pas en Angleterre, analyse-t-elle. Mais, dans le même temps, on ne leur permet pas forcément de faire une demande d’asile". Les actions engagées par les deux pays européens "ne sont absolument pas des moyens d’accueil, mais bien de contrôle". Et à l’arrivée, "ce sont les associations qui pallient le manque de moyens d’accueil".
Depuis quelque temps, la situation s’aggrave également côté Britannique : "Ce que l’on voit à Calais, se retrouve en Angleterre, explique la responsable. La politique migratoire anglaise s’est durcie ces dernières années avec le recours à des entreprises privées, accusées par ailleurs de faire subir de mauvais traitements aux migrants" : l’appel à ces compagnies privées complique les contrôles, à la fois pour les autorités publiques et la société civile "qui n’a pas accès aux lieux de privation de liberté aussi facilement que dans d’autres pays", dénonce Marie Martin. Bien que le débat autour des conditions d’accès au regroupement familial fasse actuellement rage outre-Manche, l’Angleterre fait toujours figure d’eldorado pour des migrants qui sont prêts à tout pour l’atteindre, jusqu’à risquer d’y perdre la vie.