Pour illustrer cette réflexion, une page blanche aurait sans doute été plus explicite. Mais il n’en sera rien car ces quelques lignes susciteront sans doute des réactions, un questionnement, des émotions…
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Le simple fait d’écrire le mot "silence", d’y penser, de l’évoquer… implique nécessairement du bruit. Le tapotement des doigts qui dansent sur le clavier, le bruit de fond permanent de notre environnement, l’agitation de nos pensées omniprésentes… Le silence serait une "absence de bruit", selon le Petit Larousse illustré daté de 2013. Ce dernier ajoute laconiquement les descriptions suivantes : "Fait de se taire. (…) Absence de mention de quelque chose dans un écrit. (…) Interruption plus ou moins longue du son".
Le monde est pourtant fait d’une multitude infinie de petits et grands sons. Un Univers sans bruit ne serait d’ailleurs certainement pas viable pour l’être humain, tout comme il est inimaginable pour l’homme de vivre sans silence. Ce dernier incarne en effet la pause nécessaire dans la farandole de bruits qui constitue notre univers. Un moment pour soi, durant lequel chacun peut souffler, se distancier de son quotidien pour mieux s’y replonger. Un temps d’arrêt exceptionnel, propice au ressourcement, à la réflexion spirituelle et à l’exploration de son intériorité. Un moment hors du temps que chacun apprend petit à petit à apprivoiser. Dans ce monde, il est en effet plus facile/naturel de parler que de rester muet. "On a besoin d’environ deux ans pour apprendre à parler et de toute une vie pour apprendre à se taire." Cette citation dont l’auteur reste inconnu à ce jour reflète bien notre besoin de communiquer. Au fur et à mesure que l’être grandit et se familiarise avec les différentes composantes qu’offre la vie, il apprend à communiquer, jusque dans ses silences.
Un silence qui dérange
Le silence implique nécessairement une présence qui l’écoute, ou du moins qui l’entend. Entendre le silence est une chose, mais l’écouter, l’apprécier en est une autre. Dans notre société de consommation, du "tout, tout de suite", de la rentabilité à l’extrême, on en vient petit à petit à perdre le sentiment de plaisir à apprécier les choses simples, les moments silencieux indispensables au maintien d’une vie sereine et équilibrée.
"En Occident, on croit toujours qu’il faut parler pour communiquer et les silences avec d’autres deviennent vite pesants, alors on raconte vite n’importe quoi pour contrer la gêne diffuse, pour annihiler la peur de l’ennui", constate Marc de Smedt dans son ouvrage intitulé Éloge du silence. L’auteur français parle même de "maladie de civilisation". "La crainte de vivre le silence crée une culture, voire une civilisation, superficielle, qui se coupe de ces moments intenses où l’on se laisse flotter dans les vibrations du milieu ambiant, en une sorte d’osmose subtile d’être à être, au lieu de vouloir sans cesse se projeter en avant avec du discours à l’emporte-pièce qui agite des idées s’avérant souvent d’un manque d’intérêt ou d’une banalité pour le moins affligeante. Il y a un essentiel chez chacun qui demande à parler, mais qui ne sait pas comment : il faut d’abord l’écouter se taire."
Ce silence dont on ose à peine profiter est pourtant si fort, si intime quand il est expérimenté par une personne à l’aise avec elle-même, avec autrui et dans l’environnement dans lequel elle vit. Car le silence est "un acte d’éloquence", écrit encore Marc de Smedt. Il véhicule un message qui ne peut être neutre puisqu’il dépend du comportement de son émetteur et de l’état d’esprit de son récepteur. Les nombreuses études sur la communication non verbale en sont la preuve. Mine de rien, le silence peut tantôt être pesant et haineux tantôt joyeux, voire amoureux. On l’utilise d’ailleurs régulièrement pour décrire des émotions. Ne dit-on pas que l’on souffre en silence, que l’on s’aime en silence… ? "On reconnaît l’amour véritable à ce que le silence de l’autre n’est plus un vide à remplir, mais une complicité à respecter", a écrit François Garagnon dans Jade et les sacrés mystères de la vie. Le silence est teinté "de toutes les infinies nuances de nos vies", résume très justement Marc de Smedt. Il est partie prenante de notre individu tant il n’a de cesse de nous faire grandir. C’est en effet à travers lui que nous forgeons notre regard et notre écoute, sans cesse en évolution. Lire la suite sur InfoCatho.be