À Paray-le-Monial, le Primat des Gaules a partagé son expérience auprès des réfugiés chrétiens et appelé à les soutenir matériellement, spirituellement et humainement.
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"N’oublions pas les chrétiens d’Orient", a exhorté avec émotion le cardinal Philippe Barbarin ce samedi 11 juillet à Paray-le-Monial sous la grande tente face aux 25-35 ans réunis dans la ville du Cœur de Jésus jusqu’au 15 juillet, reprenant à son compte le SOS du patriarche des chaldéens, Mgr Louis-Raphaël Ier Sako, dans son livre paru en début d’année (Ne nous oubliez pas ! Le SOS du patriarche des chrétiens d’Irak par Mgr Sako, Éd. Bayard, février 2015, 155 pages, 16,90 €). Pour la première veillée de la session, retransmise en direct via la chaîne Youtube de la Communauté de l’Emmanuel, le Primat des Gaules n’a pas manqué d’anecdotes reccueillies auprès des Irakiens eux-mêmes et de conseils concrets pour inviter tous les chrétiens français, au-delà des seuls participants parodiens, à s’engager et à soutenir leurs frères persécutés.
La Fête des lumières à Erbil
Pour introduire son propos, Mgr Barbarin avait apporté avec lui une vidéo rendant compte de sa visite à Erbil en décembre 2014, lors de la Fête des Lumières, exportée exceptionnellement en Irak. L’occasion de prendre conscience de l’impact que peuvent avoir pour les réfugiés ce genre d’iniatives. "Ce n’est pas pour faire ‘cocorico’, a souligné le cardinal, mais Mgr Sako répète souvent qu’une telle solidarité humaine et spirtuelle ne se retrouve qu’en France." Le prélat français en a profité pour redire à quel point les rassemblements de soutien aux chrétiens d’Orient comme celui qui s’était tenu à Notre-Dame de Paris dès le 27 juillet 2014, au lendemain de la chute de Mossoul, étaient primordiaux pour les réfugiés, touchés et réconfortés de voir que leur sort préoccupait leurs frères d’autres pays.
Pas un seul n’a renié sa foi
"Lors de la chute de Mossoul pas un chrétien ne s’est converti, il n’y a pas eu un seul reniement de Jésus. C’est rarissime dans l’histoire de l’Église, a souligné avec force le cardinal Barbarin. À chaque vague de persécutions, des chrétiens ont renié leur foi. En Irak l’été dernier, tous ont fait le choix de fuir la ville dans les 24 heures qui leur étaient accordées. Leur identité chrétienne est tellement ancrée en eux-mêmes qu’ils n’ont pas envisagé une seule seconde de devenir musulman."
L’archevêque de Lyon a également rappelé qu’il n’y avait eu "aucun mort côté chrétien – à ce moment-là, a-t-il précisé, car depuis les choses ont malheureusement changé. Un seul homme a perdu la vie : un musulman sunnite qui s’est opposé aux djihadistes en leur disant que les chrétiens étaient là-bas chez eux et qu’ils vivaient sur ces terres avant même l’avènement de l’islam. Ce musulman s’est fait assassiner par les terroristes".
Lors de ses différents voyages, en particulier le premier l’été dernier, le cardinal a à chaque fois choisi et demandé de passer son temps non pas avec les officiels mais "auprès des gens" : "Ce qui m’a le plus ému, a confié Mgr Barbarin, c’est que pas une seule fois je n’ai entendu une parole de haine ou de vengeance. Être expulsés de chez eux, parfois pour la quatrième ou cinquième fois de leur existence, fait malheureusement partie de leur histoire. Ils sont révoltés, blessés, desespérés parfois, tétanisés par la peur, mais ils se raccrochent à l’Espérance chrétienne : demain ne sera pas forcément meilleur, mais quoi qu’il arrive ils savent qu’ils sont entre les mains de Dieu." Des paroles qui rappellent le témoignage de Myriam, la petite chrétienne de Qaraqosh, interrogée par un journaliste irakien, et qui avait ému le monde entier.
Une situation d’autant plus difficile qu’elle dure
"J’ai pris devant eux l’engagement de réciter chaque jour le Notre Père en chaldéen à leur intention et de continuer à le faire jusqu’à ce qu’ils soient rentrés chez eux", a ajouté le cardinal avant de s’exécuter face aux jeunes familles et professionnels réunis sous la tente pour la veillée. Un moment fort en émotion qui n’a laissé personne de marbre. "Il ne faut pas avoir peur de la peur, a lancé le prélat. Personne ne sait vraiment qui il est ou qui il sera dans de telles circonstances. Merci aux chrétiens d’Orient pour leur témoignage !" Et, revenant sur le martyre des Libyens égorgés sur une plage par les terroristes du pseudo État islamique, il a rappelé qu’ils étaient morts "comme Jeanne d’Arc, en murmurant le nom de Jésus. Ils allaient mourir, ils le savaient. Leur exemple est extraordinaire ! Demandons au Seigneur la grâce d’une foi qui se fortifie", a-t-il conclu.
Pour ce qui est de la situation actuelle, après sa troisième visite sur place à Erbil, le cardinal Barbarin a reconnu que "le moral a chuté. Cela fait maintenant un an qu’ils ont tout quitté, Daesh est en pleine expansion et leurs opposants leur résistent mal. Les djihadistes sont les maîtres absolus de Mossoul. La prière pour les chrétiens réfugiés et le soutien matériel, spirituel et humain doivent d’autant plus s’intensifier que la situation dure".