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Réfugié irakien, il entre à 21 ans au séminaire à Erbil

Savim, Iraq

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Diane Ramière de Fortanier - publié le 12/07/15
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Il est l’un des 37 jeunes syriaques et chaldéens rattachés au séminaire d’Erbil : Savim a choisi de devenir prêtre pour apporter du réconfort aux chrétiens en Irak.

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L’air doux et effacé, Savim se fait gentiment chambrer par son camarade séminariste qui se fait son interprète. À 22 ans, il est le benjamin des sept séminaristes irakiens syriaques que compte le séminaire d’Ankawa – la banlieue chrétienne de la capitale du Kurdistan irakien, Erbil. Sa première année de philosophie achevée, Savim est toujours aussi déterminé à devenir prêtre syriaque catholique. Malgré ceux qui le traitent de "fou" et malgré les persécutions dont est victime sa communauté, chassée de la plaine de Ninive par les djihadistes de l’État islamique.

Il rêvait du séminaire

Entrer au séminaire était son rêve depuis longtemps. Même si ses problèmes familiaux ont quelque temps accaparé son esprit, Savim n’a jamais cessé de penser à sa vocation. En 2008, il est forcé de quitter Mossoul avec sa famille, menacé à cause de sa foi. Il a alors 15 ans. "Il y a eu une tentative d’attentat à la bombe dans notre église, raconte-t-il, alors j’ai décidé de rester dormir la nuit dans l’église pour la protéger." Mais les menaces contre le jeune homme et sa famille s’intensifient dans la deuxième ville du pays et lui-même, sa mère, ses trois sœurs et son petit frère sont forcés de fuir vers Qaraqosh la chrétienne.

Un diplôme d’électricien

Son diplôme professionnel d’électricien en poche, le jeune homme commence à travailler dans une entreprise située pas loin d’Erbil. Lorsque Qaraqosh se vide de ses habitants pour la première fois, dans la nuit du 12 au 13 juin 2014, Savim ne craint pas l’offensive djihadiste et se précipite au séminaire pour proposer son aide. Les habitants reviennent et la vie reprend son cours, jusqu’à cette nuit du 7 août 2014. Pour la seconde fois, la plus grande ville chrétienne est désertée par ses habitants. Ils n’y sont toujours pas revenus et s’entassent aujourd’hui dans des camps de réfugiés disséminés dans le Kurdistan irakien. Savim et les séminaristes ne fuient pas immédiatement, mais le jour suivant, ils sont contraints de quitter leur ville et de marcher des heures et de passer des check-points pour rallier Erbil.

Une vocation antérieure à la présence de l’État islamique

Dès 2012-2013, le jeune Irakien avait demandé à Mgr Petros Mouche, archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh, l’autorisation de rentrer au séminaire. Le prélat s’oppose à son entrée immédiate et lui recommande d’étudier à l’université de Mossoul. Savim obtempère et retourne alors dans la grande ville sunnite, qu’il est finalement obligé de quitter à nouveau parce que la situation est trop dangereuse.

Après la chute définitive de Qaraqosh, Mgr Petros Mouche accède enfin au vœu du jeune chrétien. À partir de la rentrée de septembre 2014, Savim commence ses études au séminaire d’Ankawa : il vient d’achever sa première année de philosophie, il lui en restera une avant les deux années de théologie et les trois de pastorale. Parallèlement, il prépare les enfants du catéchisme à la première communion et organise des activités à caractère spirituel et social avec ses camarades séminaristes chaldéens et syriaques. Entraîné par la bande de joyeux drilles libanais et séminaristes également, en visite pour quelques jours à Ankawa, Savim a fait faire cette semaine des activités aux enfants déplacés : volleyball, chorale…

"Aider les gens"

Il fait ce qu’il aime et ce qui l’a poussé à se diriger vers la prêtrise : "Aider les gens". "Les gens ont besoin qu’on les écoute et ils ont besoin d’espoir, analyse-t-il. Ils sont heureux lorsqu’ils voient un jeune homme qui n’est pas totalement dépourvu d’argent choisir d’être prêtre en Irak plutôt que de quitter le pays." Tous ne l’approuvent pas, à commencer par sa mère, qui s’est opposée à cette vocation. "J’étais l’homme de la maison depuis que mon père est parti", glisse le séminariste. À ceux qui lui disent qu’il est "fou", il préfère ne pas répondre "pour ne pas leur donner de pouvoir sur moi-même". Ce qui l’aide à tenir ? "La prière, elle est la première chose dans [sa] vie." Son évêque décidera s’il restera en Irak ou pas, mais Savim en est persuadé, il peut être heureux ici, "cela ne dépend que des gens que je côtoierai".

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