Le pape François est sur le point de statuer sur les apparitions de la Vierge Marie à Medjugorje. Mais que s’y est-il passé ?
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“Nous sommes sur le point de prendre une décision”, a précisé le Pape au retour de son déplacement à Sarajevo. François a souligné le “beau travail” effectué par la commission présidée par le cardinal Camillo Ruini sur le sujet, mise en place par Benoît XVI et constituée de théologiens, de spécialistes et d’autres cardinaux. C’est en janvier 2015, après quatre années d’enquête sur les événements de Medjugorje, que la commission internationale créée par le Saint-Siège a remis ses conclusions à la Congrégation pour la doctrine de la foi. Celle-ci a examiné le dossier et présenté ses conclusions au pape François, à qui il revient de prendre la décision définitive.
Plus de 30 ans de pélerinage
Cela fait 32 ans que des millions de pèlerins se rendent à Medjugorje, en Bosnie, où la Vierge serait apparue à de très nombreuses reprises depuis la première apparition survenue à six jeunes enfants (dont Vicka Vankovic), le 24 juin 1981. Outre les Bosniaques, les visiteurs les plus nombreux sont les Italiens, largement en tête surtout depuis qu’un célèbre journaliste et présentateur de la télévision, Paolo Brosio, a raconté, en 2009, sa conversion à Medjugorje dans un livre à succès A un passo dal baratro (Un pas en arrière au bord du gouffre). Nombreux sont aussi les Autrichiens, les Slovaques, les Tchèques, les Hongrois, les Suisses, les Polonais et les Irlandais. Mais les pèlerins viennent aussi des États-Unis, du Canada, du Japon…
Une démarche de redécouverte
Les messes y sont célébrées dans une vingtaine de langues. Nombre de pèlerins forment une communauté à travers le monde – notamment en France – reliée notamment par la diffusion des messages de la “Reine de la Paix” chaque 25 du mois. Beaucoup se retrouvent dans des groupes de prière. Pour certains, le pèlerinage à Medjugorje marque le début de la redécouverte des sacrements, en particulier la confession. Pour d’autres, un “retournement”, voire une conversion radicale. D’autres enfin sont sceptiques ou carrément réfractaires.
À ce jour, les apparitions mariales n’ont pas été authentifiées par l’Église catholique. Medjugorje ne peut donc prétendre à l’appellation de “sanctuaire”, puisque les pèlerinages diocésains n’y sont pas autorisés. Seuls les démarches et pèlerinages effectués à titre privé sont permis mais… “à condition qu’ils ne soient pas considérés comme une authentification d’événements en cours et qui demandent encore à être examinés par l’Église”, précisait en 1998 la Congrégation pour la doctrine de la foi.
C’est en 2010 que le Vatican a mis en place une commission d’enquête spécialisée, à la demande des évêques de Bosnie-Herzégovine. Composée d’une vingtaine de membres, cardinaux, évêques et experts, cette commission présidée par le cardinal Camillo Ruini, ancien vicaire du diocèse de Rome, était placée sous la houlette de la Congrégation pour la doctrine de la foi : “Elle travaillera dans la discrétion en raison de la délicatesse du sujet”, avait alors précisé en son temps le père Lombardi, et “ne prendra pas elle-même les décisions, mais présentera les résultats de son travail à la Congrégation pour la doctrine de la foi”. Il semblerait que la commission ne puisse se prononcer tant que les apparitions ne sont pas finies. Or, selon les six “voyants”, aujourd’hui adultes, ces apparitions se poursuivent selon un calendrier régulier et prévisible. Si bien qu’il est difficile d’accorder du crédit aux récentes affirmations selon lesquelles le pape François serait sur le point d’accorder à Medjugorje le statut de “sanctuaire” sans attendre la conclusion de la commission.
Un sujet qui divise
Le sujet divise jusqu’au sommet de l’Église. En 2009, Benoît XVI avait réduit à l’état laïc le franciscain Tomislav Vlasic, accompagnateur spirituel des six voyants de Medjugorje (Bosnie-Herzégovine). Depuis février 2008, le père Vlasic était frappé d’interdit et assigné à résidence au couvent de L’Aquila (Italie) après avoir refusé de coopérer avec la Congrégation pour la doctrine de la foi. Par ailleurs, plusieurs évêques et cardinaux sont allés à Medjugorje sans le faire savoir. L’archevêque de Vienne, le cardinal Christoph Schönborn, aura été le premier cardinal à reconnaître s’y être rendu “en pèlerinage privé”, comme il a tenu à préciser publiquement après les polémiques suscitées par sa visite (Le Figaro).
L’évêque de Mostar, Mgr Ratko Peric, avait alors estimé que cette visite “pouvait apparaître comme un soutien à un grand nombre de nouvelles communautés et associations religieuses désobéissantes de Medjugorje, qui peuvent lire dans la visite du cardinal un encouragement à leur désobéissance”. Peu après une audience privée accordée le 15 janvier 2010 par Benoît XVI, le cardinal autrichien avait adressé une lettre d’excuses à l’évêque de Mostar.
Reste maintenant à savoir quelle sera la décision prise par le pape François, face à un phénomène dont l’ampleur et les fruits ne peuvent laisser indifférent.