À l’occasion du dixième anniversaire du blog d’Erwan Le Morhedec, Charles Vaugirard, des Cahiers Libres, l’a interrogé en exclusivité.
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"L’important n’est pas de réussir, ce qui ne dure jamais ; mais d’avoir été là, ce qui est ineffaçable." Cette citation de Jacques Maritain est la devise du blog Koztoujours, tu m’interesses, tenu par Erwan Le Morhedec, alias Koz. Ce blog aura dix ans le 1er juin prochain : dix ans de présence sur le Web, dix ans "qu’il est là" au coeur de l’actualité. En exclusivité pour Cahiers Libres, Koz a accepté de répondre à leurs questions.
Cahiers Libres : Qu’est-ce qui vous a incité à créer votre blog en 2005 ?
Erwan Le Morhedec : Deux choses : sur le fond, l’ampleur du rejet du projet de Constitution européenne et, sur la forme, le décalage existant entre les débats qui avaient lieu autour de moi dans le monde "physique", ce que l’on entendait ou lisait dans les médias et qui était très majoritairement favorable au projet, et ce que je pouvais constater sur le Web. La réalité du pays, de son opinion publique, y transparaissait, et le biais du monde politico-médiatique était éclatant. Le choc du résultat me donnait envie d’agir et la modalité la plus compatible avec mon activité professionnelle était le blog. Le blog a, ou avait, aussi le grand avantage de pouvoir aller directement à la rencontre des contradicteurs.
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant votre foi chrétienne alors que vous aviez commencé votre blog sans référence religieuse ?
E.M : Il s’agit d’une évolution personnelle qui, rétrospectivement, m’apparaît cohérente. Je n’avais, de fait, pas l’intention initialement d’évoquer mes convictions religieuses, tout simplement parce que ce n’était pas le sujet. Et puis, au fur et à mesure, je me suis mis à traiter de sujets qui m’engageaient personnellement et il m’a semblé très artificiel voire insincère de ne pas poser clairement mes convictions. Le débat français semble l’exiger mais je n’accepte pas de devoir cacher ce qui m’inspire, comme s’il s’agissait de convictions honteuses, alors qu’il s’agit pour moi d’un guide lumineux – lumineux et exigeant. Et puis, j’estime que c’est aussi respecter mon interlocuteur que d’exposer franchement qui je suis, et quelles sont mes convictions. Nous avons tous, même ceux qui sont persuadés s’être faits tout seuls, une histoire, une tradition, un héritage et un substrat de convictions. La différence, c’est que pour certains, elle n’est pas identifiée, voire délibérément cachée. Je ne suis pas un trotskiste : je ne fais pas de l’entrisme dans la société, je joue cartes sur tables.
Et puis, il y a eu aussi une certaine prise de distance avec la politique. Je suis très attaché à la cohérence des positions. J’ai bien conscience qu’en politique, il faut être malléable et c’est peut-être indispensable, mais par tempérament, je le vis mal. Les premières années du quinquennat Sarkozy ont douché mes ardeurs initiales et, comparativement, j’ai trouvé dans la doctrine sociale de l’Église un équilibre et une cohérence qu’aucun parti n’a jamais offerts. Ajoutez à cela l’expérience de la visite du pape Benoît XVI en 2008. En pleine crise financière, en pleine tourmente, il a parlé aux Bernardins des moines et de leur motivation : "Par-delà le provisoire, chercher le définitif". Le lendemain, il prononçait son homélie sur "Fuyez le culte des idoles". Le surlendemain, une idole financière, Lehman Brothers s’écroulait. Dans toute cette hystérie, l’Église est une marque de stabilité, forte de son discours bimillénaire, dont des interpellations – comme celle-ci, de saint Paul – n’ont jamais perdu de leur actualité.
Pourquoi avoir choisi une vache comme totem ?
E.M : À l’époque de la création du blog, j’étais très versé dans la photographie numérique, et je m’étais fait une petite spécialité de photographier les vaches. L’idée m’amusait et m’amuse toujours de prendre comme référence animale une vache quand, dans mon milieu professionnel, on aurait tendance à se référer à un aigle ou au guépard. La placidité de la vache me plaît, et je m’amuse à imaginer que derrière son indifférence apparente, il y ait une grande sagesse. Lire la suite sur les Cahiers Libres