Face à un pays étranglé par sa dette, le Saint-Siège et Caritas appellent à choisir “une stratégie politique de solidarité” contre l’isolement qui pourrait contaminer le reste de la zone euro.
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La Grèce – qui doit 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI) – doit rembourser sa première tranche de 300 millions d’euros le 5 juin (elle en a quatre), mais l’État grec a créé un vent de panique dans la zone euro en annonçant, le 24 mai dernier, qu’il était à court de liquidités et n’aurait probablement pas les moyens de le faire sans une nouvelle aide de leur part.
Inquiète, l’Église appelle à plus de solidarité
La crise grecque et ses possibles conséquences sur toute l’Europe inquiète l’Église qui appelle les décideurs à "trouver rapidement un accord", et l’UE à davantage de solidarité, expliquant que "ce n’est pas en isolant un pays qui a des problèmes que l’on se protège mais en l’aidant à les résoudre, faisant, par exemple, de la solidarité une stratégie politique dont les conséquences concrètes seraient bénéfiques pour tout le monde", a notamment déclaré l’observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU (Genève). Mgr Silvano Tomasi s’exprimait dans le cadre d’une conférence internationale de la Fondation Centesimus Annus – Pro Pontefice, sur le thème : "Repenser les caractéristiques clés de la vie économique et sociale". Présent aux travaux de la conférence, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a déclaré craindre "une déstabilisation si un accord n’est pas vite trouvé" (Il Sole 24 ore).
Pour les habitants, l’heure est grave : diminution des salaires, explosion du chômage, faillites… L’austérité que leur impose cette situation et les risques de voir leurs économies se réduire comme une peau de chagrin si un compromis viable ne devait pas être trouvé rapidement, ne font qu’accentuer leur peur et leur désarroi. Plus d’un million et demi de personnes sont sans travail et 50% des personnes qui font appel à la Caritas pour être aidées, n’ont pas les moyens suffisants pour subvenir à leurs besoins. "Nous ignorons comment cela finira. Ici, les gens vivent à la journée, sans la moindre perspective d’avenir", confirme à l’agence catholique italienne SIR, le père Antonio Voutsinos, président de Caritas Grèce. Ces bienfaiteurs essaient "d’apporter du réconfort à tant de familles restées sans argent pour se nourrir et se soigner, pour payer leurs factures d’électricité, de gaz et d’eau". Ils font leur possible, témoigne le père Antonio, mais "les aides extérieures aussi ont diminué (…) ; nous sommes pauvres, des pauvres qui essayent d’aider les pauvres", a-t-il ajouté, totalement désorienté par le nouveau virage que vient de prendre le pays, en récession depuis 2010.
Plus de 10 000 migrants en un an sur l’île de Kos
Tout le pays est en "apnée" dans l’espoir que la situation s’améliore un jour. Le père Antonio, pour faire face à l’urgence sociale, appelle de ses vœux une prise de conscience qui dépasse les seules limites de la Grèce. "À nos côtés, il n’y a plus que l’Église italienne avec la Caritas et quelques autres associations d’aide. On dirait que personne ne croit plus en nos moyens pour sortir de la crise, et cela nous peine énormément", confie encore le père Antonio, désolé de ne pouvoir répondre "à tous les besoins qui ont considérablement augmenté avec l’arrivée sur le sol grec de milliers de migrants fuyant les violences et les guerres au Proche-Orient". À l’image de Lampedusa en Italie, l’île grecque de Kos voit débarquer chaque jour des dizaines de migrants – plus de 10 000 en un an – en provenance de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan.
Le coordinateur des projets de solidarité de Caritas Italie en Grèce, Danilo Feliciangeli, a annoncé le lancement d’un nouveau projet de solidarité de Caritas Italie, prévoyant l’adoption à distance d’une famille grecque, pour 50 euros par mois, par les diocèses et paroisses en Italie. Pour en savoir plus sur le défaut de paiement de la Grèce et ses conséquences, un article de La Croix sur le sujet.