La décision de bénir des homosexuels civilement mariés prise par le synode de l’Église protestante unie est loin de faire l’unanimité chez les protestants. L’Église catholique rappelle pour sa part que le mariage est un sacrement.
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Les médias qui ont chanté victoire après le vote massif des délégués synodaux de l’Église protestante unie en faveur de la bénédiction d’homosexuels civilement mariés (Aleteia), n’ont pas manqué d’opposer la "modernité" des protestants au "conservatisme" forcément "réactionnaire" de l’Église catholique. Ce vote n’est-il pas opportunément intervenu le 17 mai, Journée mondiale de lutte contre l’homophobie ?
"Une pratique condamnée sans équivoque par la Bible"
Mais ces mêmes médias ont oublié de préciser que l’EPUdF, qui regroupe luthériens et calvinistes, ne compte que 250 000 fidèles, au demeurant loin d’être tous d’accord avec la centaine de leurs délégués, sur environ 1,7 million de protestants français. Les Évangéliques, notamment, avec 400 000 pratiquants, constituent les trois quarts des protestants pratiquants réguliers en France. Et ils sont en pleine expansion, contrairement aux autres branches du protestantisme. Or, ils refusent catégoriquement toute possibilité de bénir les couples homosexuels par fidélité à la Parole de Dieu qui condamne très explicitement la pratique homosexuelle. "Il est inconcevable de prononcer une bénédiction quand les textes bibliques sont aussi flagrants", avait aussitôt réagi Daniel Liechti, le vice-président du Conseil national des évangéliques de France (Cnef) (La Croix).
Dans un communiqué ultérieur, le Conseil national des Évangéliques de France dénonce la "décision consternante" du synode de l’Église protestante unie. La critique du Cnef porte sur trois points : "Le premier d’entre eux, c’est de confondre le souci louable d’accueillir en Église les personnes homosexuelles avec la bénédiction d’une pratique condamnée sans équivoque par la Bible. C’est ensuite de faire de la bénédiction un simple accompagnement de la volonté des personnes demandeuses au lieu d’en faire une occasion pastorale de découverte, avec elles, de la volonté de Dieu. C’est enfin de promouvoir une grâce à bon marché bien éloignée de l’Évangile de Jésus-Christ et de ses exigences en matière d’éthique de vie". Une déclaration que pourrait reprendre quasiment mot pour mot l’Église catholique.
La porte ouverte à la confusion
Avec toutefois cette précision que, pour l’Église catholique, le mariage n’est pas seulement un contrat, comme pour les protestants, mais un sacrement, un signe efficace de la grâce divine, "et non une parole humaine qui vient s’appliquer sur une réalité" ainsi que l’a rappelé l’archevêque de Montpellier, Mgr Pierre-Marie Carré, après avoir assisté au Synode de l’Église protestante unie. "Dans son histoire, l’Église a toujours voulu éviter toute ambiguïté entre le mariage et ce qui pourrait y ressembler", a ajouté Mgr Carré.
Avec la bénédiction de telles unions, le risque de confusion avec le mariage est en effet maximal, comme l’explique à Radio Vatican, Xavier Lacroix, professeur de philosophie et de théologie morale à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon, et membre du Comité consultatif national d’éthique. Il s’inquiète de voir des protestants tourner le dos ainsi à la Bible (auraient-ils oublié leur devise : "sola Scriptura" ?) pour se conformer à la pensée en vogue et à l’air du temps.