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Si la fête de la Pentecôte nous oriente vers l’Esprit Saint et son effusion en nos âmes, nous ne pouvons pas limiter notre attente à cet événement liturgique. L’Esprit Saint, Personne de la Trinité souvent la plus méconnue, doit nous guider dans le quotidien de nos jours.
« J’ai été pendant vingt ans chargé de l’œcuménisme dans le Diocèse d’Ajaccio. Et j’en ai tiré l’impression que les catholiques étaient peut-être ceux qui croyaient le moins dans l’Esprit Saint. Nous avons un gros travail à faire ». Pour l’Abbé Michel Petrolacci de Bastia, cette possible carence nous éloigne du message de l’Evangile car « attendre l’Esprit Saint peut nous aider à davantage regarder les autres d’une autre manière. La Pentecôte, c’est l’arrivée de l’Esprit Saint pour les gens de toutes races, et l’Eglise a donc vocation à s’adresser à des personnes accueillies dans leur diversité ».
Pourquoi sommes-nous paresseux ?
Mais à quoi attribuer cette forme de paresse vis-à-vis de l’Esprit Saint ? Pour l’Abbé Petrolacci, c’est que « l’Esprit Saint est la discrétion même. Un peu à l’image de Saint Joseph ou de la Vierge Marie ». Du côté de notre propre nature humaine, comme le raconte l’Abbé Chrétien Kpodzro, curé de Biguglia, « on se trouve confronté à nos propres limites. Mais celles-ci ne remettent pas en cause l’activité de l’Esprit Saint. Le problème est que la vie de l’âme s’apprend aussi à travers la vie du corps. Il nous faut donc chercher une unité de vie où l’Esprit ne soit pas séparé de notre vie quotidienne ». L’attente de l’Esprit Saint, ce serait donc tous les matins en se levant, jours fériés compris !
Et pour l’Abbé Frédéric Després, curé de Mezzavia, « il se trouve que la religion catholique est la religion de l’incarnation. La Trinité se révèle en Jésus Christ, Dieu fait homme. On projette sur Dieu le Père l’image d’un père terrestre. Mais l’Esprit Saint, comparé à un souffle, nous semble plus difficile à saisir, à imaginer ».
La Pentecôte pour se rattacher à sa mission
La fête de la Pentecôte apparaît dès lors comme une occasion de se rattacher à la mission de l’Esprit Saint. Car comme l’explique l’Abbé Chrétien Kpodzro, « à travers la Pentecôte, nous célébrons l’expérience du renouvellement de la promesse du don de Dieu. » Ainsi, pour l’Abbé Després, nous arrivons à lutter « contre notre ignorance pratique de l’Esprit Saint par une fête liturgique qui le replace dans notre vie humaine cyclique ».
Mais attention ! Car sans en réduire l’importance, la fête de la Pentecôte ne saurait monopoliser toutes nos forces en vue de l’attente de l’Esprit Saint. Il ne faudrait pas, comme le démontre l’Abbé Chrétien Kpodzro, « se contenter d’une attente passive de l’Esprit Saint. Car celui-ci est déjà à l’œuvre dans nos vies depuis notre baptême. C’est par lui que nous pouvons nous adresser à Dieu. Notre vie chrétienne est d’ailleurs une vie dans l’Esprit. Dans sa mouvance, celui-ci ne nous est alors plus étranger ni extérieur, il nous devient familier ».
Dans son attente, il faut donc envisager une double posture. Celle, active, qui ne se limite pas à la lecture du calendrier et à l’attente d’une date. Celle, peut-être plus réceptive qui se fait accueil, moins dans la quête d’une main qui voudrait agripper le fluide de l’Esprit Saint. Certes, comme l’explique l’Abbé Petrolacci, « nous ne recevons Dieu que si nous le voulons. Mais c’est dans la mesure où on se fait accueillant que l’Esprit Saint agit en nous et réduit nos faiblesses. Car il y a bien une sclérose qui arrive dans notre propre esprit comme elle arrive dans notre corps ».
Une purification pour la sainteté
Dans le tumulte de notre monde qui songe en permanence à une performance matérielle, à une agitation basée sur le résultat tangible, nous devons être alors capable de suivre le conseil de l’Abbé Després pour qui « il nous faut faire de la place pour le don de Dieu. Celui-ci ne se donne que si on s’ouvre à lui. Il faut, au-delà d’un simple comportement moral, être en attente de purification et de dépouillement par l’Esprit. Comme l’expliquait d’ailleurs le Padre Pio, la sainteté, c’est au fond la conscience de l’intime présence de Dieu en nous, de l’Esprit Saint en nous ».
On le comprend donc, l’attente de l’Esprit Saint devient plus une forme de disposition bienveillante et purifiée de notre âme qui a saisi le lien qui l’attache à Dieu. Car malgré tous nos efforts, c’est en réalité « plus l’Esprit Saint qui attend de venir en nous que l’inverse », comme le rappelle l’Abbé Petrolacci. « L’Esprit Saint est en effet toujours prêt à coopérer avec nous ». Cette disposition d’âme est essentielle. Sans enlever le mérite de ceux qui poursuivent des causes humanitaires, ceux qui le font avec la foi en plus, le font avec un supplément d’âme, avec un supplément d’horizon.
C’est ainsi qu’on comprend que l’Esprit Saint ne compte pas forcément de la même manière que nous. En nous replongeant dans la contemplation de son œuvre, l’Abbé l’Abbé Chrétien Kpodzro, fait remarquer un Esprit « pas d’abord tourné vers l’efficience mais vers une vie d’amour et de spiritualité. Cela nous aide à porter un regard nouveau sur notre vie qui a une valeur supérieure à sa production. Car sa vraie valeur est directement donnée par Dieu lui-même ». Cela ouvre d’autres perspectives.
L’orgueil fait fuir l’Esprit Saint
L’attente de l’Esprit Saint ne participe donc peut-être pas de l’évidence pour les hommes que nous sommes. Elle invite à revisiter notre foi et surtout notre orgueil. Car, ainsi que le rappelle l’Abbé Petrolacci, « dès qu’il y a manifestation d’orgueil, l’Esprit Saint se retire, mais pas complètement. Il reste en attente. Fondamentalement, qui est-il ? Le collaborateur de notre liberté car on ne peut rien faire sans lui. Mais c’est un peu le timide du groupe qu’on a parfois tendance à ne pas écouter car il ne fait pas de bruit ».
Pourtant, comme on vient de le voir, il est bien là, il est en germe et ne demande qu’à pousser. Notre attente ne part pas d’une page totalement blanche. A la Pentecôte, les disciples ont reçu l’Esprit Saint qui leur a permis de mieux comprendre le sens de la mort et de la résurrection du Christ, et surtout qui leur a donné l’assurance pour être ses témoins. Mais l’Esprit Saint travaillait déjà en eux. En effet, explique l’Abbé Chrétien Kpodzro, « l’Esprit Saint était largement dans leur vie. Avec la Pentecôte, nous connaissons comme eux un renouvellement en vue de la mission et du témoignage. Le sens des actions divines ne nous est pas toujours donné. » Cela ne doit pas nous arrêter.
Et n’oublions pas : c’est par l’Esprit Saint que le Christ prend sa place. Alors, ouvrons la porte, écoutons. Sans stress, sans bruit, sans attendre. Et c’est tous les jours Pentecôte.