Au pays du dalaï-lama, malgré les persécutions, des catholiques demeurent fidèles à la foi transmise par les missionnaires français il y a près d’un siècle.
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Le village de Baihanluo, accessible seulement à pied et à cheval, est l’un des rares sanctuaires du catholicisme au Tibet. Il a conservé son église de bois, avec son toit aux pans courbés, bâtie à la fin du XIXe siècle par des envoyés de la Société des missions étrangères de Paris (MEP). Les paroissiens du toit du monde ont conservé les grands arbres, les cloches de l’église et adopté les outils agricoles apportés par les missionnaires français. Ils se souviennent des paroles de l’enseignement d’un siècle de ces pères, malgré plus de 50 ans passés sans pasteur ni sacrements !
Athéisme d’État contre "fous de Dieu"
Le joug de la Chine communiste a frappé jusqu’à ce village des confins du pays. "C’était l’extrême Ouest de la Chine. En chinois, la rivière Nu était surnommée "la vallée de la mort". Un adage disait qu’il fallait vendre sa femme avant d’y partir, parce qu’on ne savait pas si l’on pourrait en revenir", explique à l’AFP Constantin de Slizewicz, auteur de l’ouvrage Les peuples oubliés du Tibet (Librairie Académique Perrin, 2007).
En 1952, les 23 prêtres des MEP, et des missionnaires suisses de la congrégation du Grand-Saint-Bernard, sont torturés et expulsés du pays par les autorités communistes. Les religieux laissent sur place environ 5 000 catholiques tibétains qui expérimentent l’athéisme d’État du régime chinois. Les catéchistes sont envoyés au lagoai : le goulag chinois. Les objets et offices religieux sont interdits, les églises transformées en granges ou en écoles. Pourtant, assure le spécialiste, les Tibétains n’ont rien perdu de leur ferveur : "Le Tibétain est un "fou de Dieu" dont la vie est dédiée à sa foi. Ces Tibétains convertis au catholicisme ne l’ont pas fait à moitié".
Des Tibétains chantent "Frère Jacques"
Jusqu’à présent, les Tibétains continuaient à prier, à célébrer Pâques et Noël, remplaçant le boeuf et l’âne de la crèche par un yack et un mulet, et entretenant consciencieusement la tombe des missionnaires. Certains n’ont jamais oublié leur latin ou comment réciter "Frère Jacques", constate Sébastien Blanc pour l’AFP. Ils manquent de prêtres et d’argent pour accompagner le développement des paroisses. Selon une récente estimation, certainement optimiste, du père François, Han Sheng de son nom chinois, il y aurait 10 000 catholiques au Tibet. Incontestablement, la communauté est en expansion. Les paroissiens de Baihanluo souhaiteraient d’ailleurs agrandir leur église mais manquent de fonds pour y parvenir.
Les persécutions continuent
Pourtant, le temps des persécutions n’est pas fini, comme en témoigne l’association américaine China Aid. Elle cite le cas de Song Xinkuan, un chrétien de la province d’Henan, 11 chrétiens dont lui-même ont été arrêtés le 7 octobre 2011 puis relâchés par la police à Lhassa. Pendant leur détention de plus d’un mois, la police leur a signifié que "la religion chrétienne [était] non seulement illégale au Tibet, mais [constituait] un prétendu culte qui [sapait] l’unité ethnique et la stabilité sociale".