L’homme qui accusait François de collaboration avec la junte militaire est à son tour mis en cause, soupçonné d’avoir travaillé pour la dictature…
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Le magazine argentin America révèle des documents compromettants pour Horacio Verbitsky, l’homme qui a publiquement, et de façon répétée, accusé Jorge Mario Bergoglio de complicité avec les dirigeants de l’armée argentine. Les faits remonteraient à la seconde moitié des années 1970 ; le futur pape François était alors provincial des jésuites, et aurait collaboré avec le pouvoir en place selon M. Verbitsky. Or, l’accusation se retourne aujourd’hui contre lui puisqu’il semble qu’il aurait lui-même travaillé avec les dictateurs militaires de 1978 à 1982.
Contre-enquête
Une pièce probante pour étayer cette thèse a été mise en ligne par deux journalistes d’investigation, Gabriel Levinas et Sergio Serrichio, sur leur blog plazademayo. Ils préparent d’ailleurs un livre sur la question. Selon eux, Verbitsky, intellectuel sympathisant d’une guérilla de gauche, écrivait les discours des dirigeants de la junte militaire avec un autre collaborateur, Juan José Guiraldes. Ce dernier aurait lui-même offert sa protection à Verbitsky immédiatement après le coup d’État militaire du 24 mars 1976. Guiraldes est mort en 2003 et l’un de ses fils a trouvé 34 pages de manuscrits écrits de la main de Verbitsky. Les deux journalistes affirment que divers documents démontrent que Verbitsky avait signé un contrat de six mois avec la junte le 5 octobre 1978, pour lequel il percevait un salaire mensuel de 700 000 pesos.
Les accusations de Verbitsky
Pour rappel, Horacio Verbitsky accusait Bergoglio – dans son livre Silencio – de ne pas être intervenu auprès de la junte quand deux de ses prêtres jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, avaient été arrêtés, emprisonnés et torturés. Parce qu’il réprouvait la vie qu’ils menaient dans les bidonvilles, le futur pape François se serait réjoui de leur emprisonnement, et aurait laissé les mains libres à la junte pour retenir et torturer ces deux prêtres… Francisco Jalics en personne s’est formellement opposé à ces accusations, mettant un premier bâton dans les roues de la thèse de M. Verbitsky. Mais les accusations qui pèsent contre ce dernier sont aujourd’hui bien plus graves.
Protégé par la junte
Le curriculum vitæ de Verbitsky a de quoi impressionner. Engagé dans un mouvement de guérilla gauchiste, il a été soigneusement protégé par la junte militaire dès 1976, et serait même devenu la plume des dirigeants qu’il était supposé combattre. Sa complicité a pris fin après le désastre de la guerre des Malouines en 1982. Il retourne alors sur la place publique, grand pourfendeur des exactions commises par le régime et défenseur des droits de l’homme. Rédacteur pour le journal de gauche Pagina 12, il contribue à révéler plusieurs affaires de corruption et de pots-de-vin touchant le gouvernement ou la famille du président Carlos Menem. Il fait ensuite partie des proches du président Nestor Kirchner et de sa femme Cristina Fernandez, l’actuelle présidente d’Argentine…