Une nouvelle étude universitaire montre les dégâts éducatifs, psychologiques et sociaux causés par l’absence du père. Plus particulièrement chez les garçons qui deviennent « accros » aux poisons du Net.
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Psychologues, sociologues et éducateurs le constatent depuis des décennies : l’absence du père prive les enfants de repères. C’est particulièrement dommageable chez les garçons, souligne le psychologue américain Philip Zimbardo, professeur à l’université de Standford.
Quand, par-dessus le marché, la mère est trop sollicitée par son métier, les fils ont tendance à se tourner vers Internet et à s’enfermer dans ce monde virtuel où le porno et le jeu vidéo leur imposent leur loi. C’est le constat de Philip Zimbardo dans son nouveau livre « Why do boys need fathers ? » (Pourquoi les garçons ont besoin de leur père) que présente The Guardian outre-Manche et (en français), Le Vif :
« Dans le monde actuel, un enfant a plus de chance d’avoir une télé dans sa chambre, qu’un père à la maison à la fin de son enfance. Pour chaque demi-heure qu’un garçon britannique parle avec son père, il passe 44 heures devant son écran.»
L’amour père/fils doit s’éprouver
Bien sûr, tout enfant, garçon ou fille, a besoin de ses deux parents. Mais les mères, malgré la généralisation du travail féminin, restent plus présentes à la maison et plus vigilantes. L’amour maternel est plus instinctif que l’amour paternel : c’est un amour inconditionnel et perçu comme tel. Tandis que l’amour paternel n’est pas fusionnel : il doit en quelque sorte « faire ses preuves », s’objectiver. C’est un besoin qu’éprouvent surtout les garçons. La présence, et autant que possible, le modèle de leur père, les poussent à bien agir pour qu’il soit fier d’eux. C’est pourquoi ils sont davantage fragilisés que les filles par l’absence (ou pire, le discrédit) de leur père.
De fait, constate le psychologue Philip Zimbardo, ce contrat tacite passé entre un père et un fils a disparu pour un enfant sur trois : « Aux USA, on estime qu’un tiers des garçons a été élevé dans un foyer où le père est absent. Au Royaume-Uni, c’est un quart des enfants qui sont élevés par des mères célibataires. C’est trois fois plus qu’en 1971. » Même tendance en France où les familles monoparentales – dans lesquelles c’est presque toujours la mère qui élève seule ses enfants-, ont augmenté de plus de 70% en vingt ans (1990 – 2010).
Enfermés dans la bulle virtuelle de la violence et de la pornographie
Les conséquences de ce phénomène social sans précédent sont immenses et désastreuses. L’effet le plus immédiatement perceptible est un manque de repères : « Les jeunes ont plus de mal à apprendre la communication sociale élémentaire et ne savent plus comment réagir au rejet ». Les garçons surtout, plus tentés que les filles de s’enfermer dans la « bulle » d’un monde virtuel dominé par la violence et la pornographie. En France, un fait divers sordide vient d’illustrer la force de cette tentation et ce à quoi elle peut conduire de jeunes garçons. Ceux-ci n’appartiennent pourtant nullement à des milieux défavorisés socialement, bien au contraire : ce sont des élèves du prestigieux Lycée Montaigne, au cœur du très huppé sixième arrondissement de Paris. Cinq garçons de sixième sont passés en conseil de discipline lundi dernier et ont été sanctionnés pour des gestes déplacés commis sur des filles de leur âge, leurs camarades de classe : « Ils sont hauts comme trois pommes, coincent les filles dans les toilettes pour les « tripoter » et regardent des vidéos pornographiques sur la plate-forme YouPorn dans la cour de récréation. » résume Le Parisien.
L’absence des pères ébranle tout le corps social
Coupables, ces très jeunes ados ? Sans doute. Victimes ? Sûrement ! Du porno sur Internet, certes, mais en amont, de l’absence de repère éducatif, et notamment d’un père qui les « recadre », car cela appartient surtout à la fonction paternelle. Quand les pères sont absents ou démissionnaires, la famille se délite et tout le corps social en est ébranlé. Une société sans père est une société sans repères, comme je le martelais -avec bien d’autres- il y a près de vingt ans dans « Debout les pères ! » (Le Sarment/Fayard). Un cri qui n’a malheureusement rien perdu de son actualité.