Les apiculteurs américains ont perdu en moyenne 42% de leurs colonies en seulement un an…
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Un rapport préliminaire de l’organisme Bee Informed Partnership et du ministère de l’Agriculture sonne l’alarme : 2014-2015 arrive à la deuxième place des années les plus meurtrières enregistrées. Les abeilles n’avaient pas besoin de ça, elles qui connaissent un effondrement de leur population baptisé « Colony Collapse Disorder ». Il a débuté en France dès 1998 et a atteint les Etats-Unis en 2006.
Ruches vidées après l’hiver
Ce phénomène se traduit par des ruches complètement vidées de leurs occupantes, le plus souvent à la sortie de l’hiver. Dans certains cas, les apiculteurs constatent que 90% de leurs ruches sont vides, alors qu’en temps normal, seules 10% ne passent pas l’hiver. C’est de toute évidence un désastre pour les apiculteurs, mais la catastrophe pourrait s’étendre à toutes les cultures dépendantes des abeilles comme pollinisateurs. Les pommiers, amandiers, oignons, avocatiers… L’analyste en économie agricole Renée Johnson dans Le récent déclin des colonies d’abeilles évalue la perte à 15 milliards de dollars si les abeilles venaient à disparaître. Et au-delà de cet aspect économique, il y aurait bien sûr la perte d’une espèce capitale en terme de biodiversité.
A la recherche du coupable
Au choix, les parasites comme le Varroa destructor, les prédateurs comme le frelon asiatique, les pesticides et la culture intensive sont tour à tour désignés coupables de la mauvaise santé des ruches. Logiquement, ces facteurs sont tous en cause à des degrés divers : la résistance aux prédateurs et autres parasites est fortement diminuée par l’agriculture qui impose aux abeilles des monocultures, dans lesquelles elles ne trouvent pas la nourriture variée dont elles ont besoin. Quant aux pesticides, c’est la grande inconnue de l’équation. Les tests réalisés en laboratoire ne permettent pas de relier strictement la mort des abeilles à l’usage de tel ou tel pesticide. En revanche, ils permettent de mettre en évidence des problèmes de croissance chez les larves et de désorientation chez les adultes. Des effets inadmissibles pour une espèce fragile : ils suffisent à mettre en danger sa survie.
Sentinelles de l’environnement
« À quelque chose malheur est bon » : la fragilité des abeilles joue le même rôle sur terre que celle des huitres en mer. La mauvaise santé de ces animaux relativement sensibles met en évidence un environnement qui est lui aussi en mauvaise santé. Dans le cas des abeilles, c’est l’agriculture intensive qui est en cause, puisque les ruches de montagnes et en particulier celles qui se situent dans les parcs nationaux sont épargnées de la plupart des fléaux qui s’abattent sur leurs voisines des plaines… En fait même les ruches de ville se portent mieux ! Cela constitue un avertissement à prendre au sérieux, et un appel à améliorer le rapport de l’agriculture à la nature vivante.