L’installation d’une mosquée dans une église louée au pavillon islandais à la Biennale d’art contemporain de Venise provoque critiques et inquiétudes.
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C’est au nom de l’art contemporain que l’artiste suisse Christoph Büchel a décidé de transformer une charmante église privée de Venise, en une mosquée pour célébrer la tolérance et le dialogue interreligieux. Cette installation, intitulée la Moschea, se trouve dans l’église de Santa-Maria della Misericordia que son propriétaire privé a louée au pavillon islandais dans le cadre de la 56e biennale de Venise.
S’il est vrai que le culte catholique n’est plus célébré dans cette église depuis 1973, elle n’a pas été déconsacrée par le patriarcat de Venise pour autant et demeure donc un lieu sacré catholique. Un communiqué transmis par le Patriarcat publié le 8 mai, souligne fermement cette méprise : « Pour toute utilisation autre que le culte catholique, on doit demander la permission de l’autorité ecclésiastique, indépendamment de savoir à qui le lieu appartient. L’autorisation d’utilisation de ce site particulier, n’a jamais été ni demandée ni accordée. » Selon le Patriarcat, des demandes d’autorisation pour un usage du même type concernant d’autres lieux catholiques, leur ont été soumises en février dernier, mais chacune d’elle avait reçu une réponse négative par l’autorité religieuse.
Un lieu d’art et rien d’autre ?
Très vite, l’installation a perdu son caractère artistique : le vendredi, jour de prière pour la communauté musulmane, les croyants ont afflué dans l’église alors transformée en lieu de culte musulman dans ses moindres détails : un « mirhab » a été installé pour cacher un grand crucifix, sur les murs des citations du Coran sont affichées et un grand tapis de prière a été orienté vers La Mecque. Pendant la journée, il a même été demandé aux festivaliers estomaqués de retirer leurs chaussures et aux femmes de mettre un voile. « Nous avons demandé que le pavillon soit seulement une exposition, un lieu d’art et rien d’autre » a expliqué un porte-parole du comité pour l’ordre et la sécurité publique de la Préfecture, qui a émis de sérieuses interrogations sur le maintien de la dite « exposition ». Une œuvre d’art ne doit pas devenir un lieu de culte ont estimé les autorités vénitiennes. Ils a donc été exigé que le Pavillon islandais ferme ses portes chaque jour à 18 heures, avant les prières du coucher, du soleil, et celle de la nuit.
Il est prévu que le site reste ouvert aux visiteurs pendant les sept mois de la biennale. La communauté musulmane qui demande depuis longtemps une mosquée dans le centre historique, a déjà fait savoir dans le Corriere Della Serra qu’elle souhaiterait que l’installation devienne permanente.