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Evangile de dimanche : “Dieu est amour”

Evangile illustré 100515

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aleteia - publié le 09/05/15
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Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime

(Jean 15, 9-17 – 6e dimanche de Pâques)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples: "Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres."

Textes liturgiques © AELF, Paris

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« Dieu est amour »

« Dieu est amour » écrit Saint Jean, voilà qui résume tout l’Evangile. Nous sommes toujours émerveillé devant une telle déclaration. Alors qu’il vit ses derniers instants privilégiés avec ses disciples, Jésus les invite à demeurer dans l’amour comme ils ont demeuré avec lui. Tout cela nous plaît mais la culture ambiante ne nous aide pas forcément à aller jusqu’au bout de cette dimension humaine et mystique. Notre société a tendance à renverser les termes. On passe alors de « Dieu est amour » vers l’amour est dieu. En effet, les images et les discours nous focalisent sur la puissance du désir et du sentiment. On est appelé à ressentir, à exprimer nos désirs qui deviennent un peu un nouvel absolu. Les sentiments sont présentés comme le fondement unique aux liens et aux engagements.

Que fait-on alors lorsqu’il y a des interruptions, des nuages, des remises en question ? Le mot « amour » est très beau et en même temps tellement complexe. Pourtant, nous n’avons qu’un seul mot pour dire une réalité qui a différentes dimensions. La langue grecque, qui est celle de l’évangile, distingue différents types d’amour. D’abord, il y a le désir, la passion, l’éros qui nous pousse vers autrui. Ensuite, on a l’amour d’amitié (philia) qui introduit dans la relation une égalité, une réciprocité et une fidélité. Enfin, il y l’amour dont nous parle Jésus, l’agapè (charité). C’est l’amour qui suppose une volonté, un respect décidé et assuré. C’est ce qu’a rappelé le pape Benoît 16 dans son encyclique intitulée « Dieu est amour ». Avec intelligence, il reconnaît la place de l’éros tout en reliant celle-ci aux autres dimensions. N’est-ce pas un peu ce que Jésus nous invite à faire ?

Le Christ lui-même se positionne en disant : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ». En vivant avec ses disciples, Jésus a fait connaître ce qui l’habitait, dans un partage amical. C’est donc lors d’un repas, en signe d’amitié, que Jésus insiste pour dire que les disciples ne sont pas des serviteurs à commander mais des amis qui sont ses égaux. « Je vous appelle amis ». Ceci a inspiré les grands auteurs spirituels de tout les temps. Pensons à Maître Eckhart, ce dominicain médiéval qui voyait la relation entre l’homme et Dieu comme une relation d’égalité et d’amitié. Nous retrouvons cette insistance chez quelqu’un comme T. Radcliffe, ancien maître général des dominicains. Dieu veut devenir l’ami de chaque être humain.

Très bien, mais le plus bizarre reste que Jésus nous parle de l’amour comme d’un commandement. « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ». Est-ce qu’on peut aimer sur ordre ? Est-ce que l’amour n’est pas plutôt spontané que commandé ? Pourtant Jésus insiste : « vous êtres mes amis si vous faites ce que je vous commande ». C’est peut-être là une originalité du christianisme : l’amour est un commandement, un « tu dois ». Ici, on peut avoir envie de fuir. C’est pourtant un sommet : à côté d’un amour spontané, il y a un amour décidé. C’est le fruit d’un engagement, d’une volonté de respect et reconnaissance. Sinon, comment répondre à cet appel qu’on retrouve ailleurs et qui dit « aimez vos ennemis ». Aimer, ce n’est donc pas seulement une affaire de passion et de désir. Jésus nous pousse à aller plus loin : demeurer dans son amour en prenant une décision. C’est un acte de foi aussi difficile que celui de croire en Dieu aujourd’hui. Encore une fois, la proposition chrétienne nous provoque au défi.

Pierre-Yves Materne o.p.

 

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