Une ONG israélienne, Breaking The Silence, dénonce la violence de Tsahal lors de l’opération Bordure protectrice (été 2014).
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Durant l’été 2014, l’armée israélienne a une nouvelle fois investi la bande de Gaza, avec des moyens considérables. Presque un an après les faits, un document de Breaking The Silence révèle les pratiques effrayantes de certains soldats israéliens : pas moins de 111 témoignages étalés sur 235 pages jettent une lumière crue sur la violence de ce conflit et sur les « dérapages » qui ne sont pas seulement le fait d’individus isolés mais résultent souvent de consignes officielles. Alors que 85% des Israéliens et 95% des juifs israéliens approuvaient cette offensive, ces documents reviennent, comme une mauvaise conscience, rappeler la réalité d’un conflit asymétrique qui a fait plus de 2 000 victimes en quelques semaines. « L’armée israélienne a pris son Code d’éthique et l’a jeté par la fenêtre, sans le dire aux soldats ou aux citoyens d’Israël », a déclaré au Times of Israel Avner Gevaryahu, un porte-parole de Breaking The Silence.
« Tirez partout »
L’un des vétérans témoigne : « Au début, il y avait beaucoup de questions vis-à-vis de la réaction des médias et ce genre de choses. Puis, les autorisations d’ouvrir le feu ou d’abattre un bâtiment menaçant sont tombées plus facilement. À la fin, les règles d’engagement pour les soldats sur le terrain étaient : "Tirez ! Tirez partout, aussitôt que vous arrivez sur les lieux. Toute personne qui sort sa tête est un terroriste". » Un autre soldat constate : « Nous tirions dans chaque maison avant d’entrer, (…) avant chaque mouvement les tanks tiraient sur toutes les maisons alentours ». Dans ces témoignages, l’abondance des moyens israéliens et des consignes de plus en plus laxistes poussent inexorablement les soldats à la faute.
« On avait trop d’explosif »
Un lieutenant du Génie explique : « Pour détruire un bâtiment, il vous faut au plus huit mines de dix kilos d’explosif. (…) Le problème, c’est que l’on vous fournit 40 à 50 mines, et que vous ne pouvez pas les rapporter, il faut donc les faire sauter ». Constatant que l’explosion disproportionnée détruit des maisons et des ouvrages autour de la cible, il s’en serait alors inquiété auprès du commandant de la compagnie qui lui aurait répondu : « Fais tout sauter, utilise tout. Je n’ai rien à faire de ces munitions, je ne vais pas les rapporter ». Et cette situation se se serait répétée systématiquement, constate l’ingénieur : « Nous avions toujours des mines en trop ». Le résultat est dantesque : le soldat voit l’une des colonnes qu’il a piégée s’envoler sous l’effet d’une charge explosive trop puissante et détruire deux pièces d’un bâtiment qui n’était pas visé. Il regrette surtout que ces dommages collatéraux absolument inutiles « n’intéressent personne ».
« On a laissé un putain de désert »
Le sergent d’une unité blindée se souvient qu’à son arrivée à Juhar al-Dik, le village se dressait sur une petite colline verdoyante, pleine de vergers. Quand son unité a quitté la zone, il ne restait que deux ou trois maisons et un « putain de désert ». Plus aucun arbre n’était encore debout. Les bulldozers blindés D9 avaient rasé tous les vergers et bâtiments. « Les véhicules y ont travaillé pendant trois semaines. Quand ils n’avaient pas de mission spécifique à remplir telle que tracer des routes, ils aplatissaient ce qu’ils pouvaient. Je ne pense pas qu’ils exécutaient des ordres précis, mais on avait dû leur dire de tout raser. »