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OPINION. Médias et armées : le coup de gueule du père Venard

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Christian Venard - publié le 03/05/15
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Sur son blog, le père Christian Venard, aumônier militaire parachutiste, dénonce le manque de déontologie dont ont fait preuve certains journalistes dans le traitement des accusations portées à l’encontre de militaires français.

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Chers amis journalistes, de toutes petites semaines nous séparent du scandale avéré d’instituteurs pédophiles au sein de l’Éducation nationale. Les médias, c’est-à-dire vous, ont, avec beaucoup de soin et à juste titre, évité de jeter l’opprobre sur tout ce ministère et sur toute une profession. Or aujourd’hui, sur la base d’un dossier qui a « fuité » des instances onusiennes, les mêmes médias parlent presque tous d’un « scandale qui éclabousse l’image des armées ». C’est injuste et insupportable. C’est un manque de déontologie et de professionnalisme. L’aumônier militaire, prêtre catholique engagé auprès de ses frères d’armes, s’insurge avec vigueur contre ce traitement à deux vitesses, et honteux quand on sait les sacrifices – y compris jusqu’à la mort – qu’acceptent nos militaires pour assurer la sécurité de notre pays.

Il n’existe qu’une alternative

Soit ce que contient ce rapport est vrai. C’est alors gravissime et les « salopards » qui ont commis ces faits, militaires français ou étrangers, devront être poursuivis avec la plus extrême sévérité. Se posera ensuite, bien sûr, plus en profondeur, la question de la formation éthique de nos soldats. Cependant, tant que la justice de notre pays ou une justice internationale reconnue par lui, n’aura pas rendu son jugement, il est interdit de juger à la place de ces institutions et encore moins de rendre responsable tout un ministère, des éventuels agissements criminels de quelques-uns de ses membres. Il me semble que cela s’appelle la présomption d’innocence. Amis journalistes, les militaires y ont droit au même titre que tous les autres, politiques, instituteurs ou… journalistes ! Un peu de déontologie ne nuirait pas en la matière.

Soit ce rapport est erroné. Point n’est besoin d’être un grand spécialiste pour savoir, en premier lieu, que des témoignages d’enfants sur de tels crimes doivent toujours être étudiés avec beaucoup de soin, comme l’attestent les affaires d’Outreau ou Iacono. Par ailleurs, ce rapport de l’ONU qui « fuite », pourrait aussi être le fruit de manœuvres de désinformation, visant à discréditer l’action de l’armée française, donc de la France, en Afrique. Beaucoup d’acteurs sur place et à l’international y auraient intérêt actuellement… Il doit bien être possible d’enquêter, avant de lancer des anathèmes sur toute une armée et de prendre pour argent comptant un rapport onusien s’appuyant sur des ONG… américaines ! De telles manipulations visant l’action extérieure de la France, ont été avérées dans un passé récent, dans les Balkans en particuliers.

Chers amis journalistes, prenez le temps avant de réagir de manière quasi pavlovienne dès qu’il s’agit de nos armée. Vos amalgames sont non seulement insultants, mais d’une rare gravité. Oseriez vous dire à un enfant dont le père est mort, pour notre sécurité, au Mali ou en République centrafricaine ou en Afghanistan, qu’il faisait partie d’une institution composée de violeurs d’enfants ? Pouvez-vous traiter aussi mal les 7 000 militaires français qui restent en permanence sur le terrain – sacrifiant leurs vies de familles – pour assurer la mission Sentinelle, en les assimilant à des violeurs d’enfants ? Enfin, pourriez vous pousser votre sens de la responsabilité civique jusqu’à entrevoir les conséquences de unes trop rapides, sur nos armées, sur leur réputation, dans le contexte sécuritaire particulièrement dangereux que connaît notre pays ?

Si le mode de communication des armées mérite sans doute d’être amélioré, l’approche journalistique des questions de défense le nécessiterait tout autant. Déjà, dans mon livre Un prêtre à la guerre, j’avais noté l’étrange comportement des médias lors de l’affaire Merah. J’avais écrit ceci : « Cet épisode pose beaucoup de questions sur la manière dont le journalisme est pratiqué dans notre pays, sur son indépendance réelle et sur l’absence trop fréquente de déontologie au sein de cette profession ». C’est avec regret que trois ans plus tard je reprends les mêmes mots.

Le blog du Padre

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