Pour Mgr Joseph Alessandro, derrière l’attentat de l’université de Garissa se cache une véritable entreprise de déstabilisation du gouvernement kenyan.
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Pour Mgr Alessandro, évêque coadjuteur de Garissa, le choix d'une cible aussi vulnérable n'est pas dû au hasard. Selon lui, en frappant l'université de Garissa, les Shebab s'en sont pris aux espoirs de développer une région longtemps ignorée par le gouvernement. Pour le prélat, leur stratégie est claire : reprendre le contrôle de la région qui fait partie de leur zone d'activités : « Les Shebab l'ont annoncé, ces attaques terroristes ont été commises en représailles à la présence de l'armée kenyane en Somalie. Ses troupes ont en effet joué un rôle important dans la chasse aux Shebab, ce qui a perturbé le commerce lucratif qui finance en grande partie le mouvement fondamentaliste », souligne l'évêque.
Situation tiraillée
Par ces actes terroristes, les Shebab espèrent contraindre le Kenya à retirer ses troupes de Somalie. Cela leur laisserait ainsi la voie libre pour reprendre le contrôle des villes côtières, y compris Mogadiscio. Les Shebab pourraient alors « recommencer à taxer la population afin de financer leurs actions », affirme le prélat. Selon lui, l'instabilité de la région s'explique en grande partie par sa situation – géographique et historique – tiraillée entre le Kenya et la Somalie. « Gardez à l'esprit que la plupart des enseignants de l'université sont issus d'autres parties du Kenya et ne se sentent pas chez eux. Cela vient du fait que la région de Garissa appartenait à l'origine à la Somalie. Les Britanniques ont tracé une ligne droite entre la Somalie et le Kenya, séparant une tribu somalienne en deux », regrette Mgr Alessandro.
Les Shebab sont un groupe terroriste islamiste d'idéologie salafiste créé en 2006 lors de l'invasion éthiopienne. On estime à 13 000 le nombre de ses membres. À ce jour, ils contrôlent la majeure partie du Sud de la Somalie.