L’attaque de l’université de Garissa par les islamistes somaliens s’est soldée par un bain de sang.
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Plus de 150 morts dont les quatre assaillants, et près de 80 blessés, les victimes étant surtout des étudiants chrétiens… Pays très majoritairement chrétien, le Kenya est depuis quatre ans régulièrement la cible des islamistes shebab venus de la Somalie voisine où l’armée kenyane les combat. On se souvient du carnage commis dans le centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013 (67 morts de plusieurs nationalités ) (Aleteia) suivi l’été dernier par des raids sanglants contre des villages de la côte kenyane (une centaine de personnes froidement exécutées). Fin novembre, les shebab avaient sélectionné les 28 passagers chrétiens d’un bus – essentiellement des professeurs – près de Mandera, pour les assassiner (Aleteia).
Un acte de brutalité insensé
Après cette attaque des shebab somaliens sur le campus de l’université de Garissa, le cardinal secrétaire d’État du Vatican Pietro Parolin a envoyé un télégramme de condoléances au cardinal John Njue, archevêque de Nairobi et président de la Conférence épiscopale kenyane. Dans ce message, le cardinal Parolin assure que le pape François, « profondément attristé par l’immense et tragique perte de vies humaines causée par l’attaque », « envoie l’assurance de ses prières et de sa proximité spirituelle aux familles des victimes et à tous les Kenyans en ce moment difficile ». Le Saint-Père « confie les âmes des défunts à l’infinie miséricorde de Dieu et prie pour que tous ceux qui sont endeuillés soit réconfortés ». Le Pape « condamne cet acte de brutalité insensée et prie pour un changement dans le cœur de ceux qui l’ont perpétré. Il demande aux autorités de redoubler leurs efforts pour travailler avec tous les hommes et les femmes du Kenya afin de mettre un terme à cette violence et d’accélérer l’aube d’une ère nouvelle de fraternité, de justice et de paix ».
Ils ont fait le tri entre chrétiens et musulmans
La prise d’otages hier dans l’Université s’est achevée par un carnage, 16 heures après le début de l’attaque. Plus de 150 morts, 80 blessés dont une dizaine dans un état critique, des étudiants pour la plupart. « Les assaillants sont entrés de force dans l’université de Garissa en tirant sur les gardes surveillant le portail d’entrée vers 5 h 30 » (4 h 30 en France) et « ont ouvert le feu aveuglément à l’intérieur du campus », explique le chef de la police kenyane » (Le Parisien).
Après avoir pris en otage quelque 400 étudiants , ils ont comme à leur habitude fait le tri entre chrétiens et musulmans pour garder captifs les chrétiens dont beaucoup ont été massacrés avant l’assaut de forces de l’ordre. « Ce bilan fait de cette prise d’otage le pire attentat commis sur le sol kenyan depuis l’attaque contre l’ambassade américaine de Nairobi en 1998 » (RFI). « Le président kenyan Uhuru Kenyatta a indiqué jeudi dans un bref communiqué "prier" pour les victimes » (Jeune Afrique).
Qui sont les shebab somaliens ?
Les shebab somaliens ont revendiqué l’attaque et la prise d’otages. Qui sont-ils ? Réponse de Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), en charge de l’Afrique, interrogé par Challenges : « Le nom signifie "jeunes" en arabe. C’est un mouvement né au début des années 2000 regroupant plusieurs groupes islamistes somaliens. Il est issu de l’Union des tribunaux islamiques qui faisait la loi à Mogadiscio. Puis en 2006, l’Éthiopie, le Kenya, et l’Ouganda, les ont, avec le soutien des États-Unis, chassés de la capitale. Un gouvernement transitoire a pris le pouvoir et les shebab se sont retrouvés dans la clandestinité. Leurs actions sont très violentes et se produisent en Somalie, en Ouganda et au Kenya. Ils procèdent principalement par des attentats suicides et des enlèvements ».