Le groupe terroriste Boko Haram a fait parler de lui à l’occasion des présidentielles nigérianes. La minorité chrétienne du Nord du pays en est la première victime.
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Les élections présidentielles au Nigeria ont mené Muhammadu Buhari à la victoire, ce mardi 31 mars 2015. Le candidat musulman l’a emporté d’une courte tête sur son opposant chrétien, le président sortant Goodluck Jonathan. Ce dernier a immédiatement reconnu la victoire de son adversaire, mais le scrutin a été ponctué, en particulier dans le Nord du pays, d’attaques des adeptes de Boko Haram. Cette nouvelle vague de violence, qui a fait tout de même 60 morts, serait cependant bien inférieure à celle qui avait suivi l’élection de Goodluck Jonathan en 2011 : on dénombrait alors 800 personnes tuées et près de 350 églises brûlées !
“Les Nigérians détestent Boko Haram”
Le cardinal nigérian John Onaiyekan décrit à Radio Vatican une situation dramatique pour la minorité chrétienne du Nord : « Les gens ne peuvent pas rentrer dans leurs foyers car beaucoup ont été détruits, mais surtout ils ne se sentent pas en sécurité ». Le prélat ne s’inquiète pas en revanche de voir un musulman diriger le pays. Il est persuadé que celui-ci aura autant à cœur de combattre les extrémistes musulmans que son prédécesseur : « Tous les Nigérians – musulmans et chrétiens – sont unis dans leur désir de bouter les extrémistes hors du pays », assure-t-il. Une statistique établie par le Pew Research Center confirme que 82% des Nigérians ont une opinion « défavorable » de Boko Haram et 79% « très défavorable ». De fait, la première action du président Buhari a été de « déclarer la guerre à Boko Haram », mercredi 1er avril.
Buhari aux neuf vies
La démocratie n’est pas la tasse de thé de Buhari. Il a systématiquement contesté les résultats des trois élections présidentielles précédentes qu’il a perdues (2003, 2007 et 2011). Le nouveau dirigeant a participé au coup d’État de juillet 1966 dirigé par le lieutenant-colonel Murtala Muhammed, avant de mener son propre putsch en décembre 1983… et d’être à son tour renversé par un coup d’État en 1985 ! Malgré ce passé tumultueux, il a la réputation de combattre la corruption, ce qui explique en grande partie sa popularité actuelle.
Les chrétiens, qui représentent la moitié des 170 millions de Nigérians, ont pourtant de bonnes raisons de se méfier de leur nouveau président. Si, lors de la campagne 2015, ce dernier s’est prononcé en faveur de la liberté religieuse, il apportait en 2011 son soutien à l’application de la charia : « Je continuerai de soutenir totalement la charia qui déferle sur tout le Nigeria. […] Si Dieu le veut, nous ne nous arrêterons pas avant d’obtenir la mise en œuvre totale de la charia dans le pays » (Vanguard).