Le pays, souvent présenté comme un modèle en matière d’éducation, veut délaisser les mathématiques et la chimie au profit d’« enseignements spécialisés ».
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Régulièrement dans le top 15 des meilleurs systèmes éducatifs sélectionnés par le programme Pisa, la Finlande vient de décider d’enseigner autrement dès 2020. Fini les mathématiques, adieu la physique-chimie, place à « l’enseignement phénomène », ou plus sobrement appelé « enseignement par sujets ». Une méthode pédagogique transversale expérimentée en ce moment même à Helsinki.
Des cours de cafétéria et d’Union européenne
À quoi ressemble concrètement ce nouveau système ? Un élève de filière professionnelle peut désormais s’inscrire dans un cours intitulé « service de cafétéria ». L’étudiant suit ensuite un programme adapté : bases de mathématiques, notions de langues pour servir d’éventuels clients étrangers et rudiments de communication… Dans les filières plus générales, on pourrait envisager de prendre un sujet « Union européenne », qui mélangerait des éléments d’économie, d’histoire, de langues et de géographie. Cette méthode encourage également la résolution de problèmes interactifs ou la collaboration par petits groupes pour aider à développer les compétences nécessaires pour faire carrière.
Dans Le Point, l’enseignant et essayiste français Jean-Paul Brighelli s’insurge contre ce « nouveau paradis pédagogique » dans lequel les « élèves sont prêts à consommer et à être consommés – pas des êtres libres, responsables et adaptables ». Pour Pasi Silander, directeur du Développement de la capitale finlandaise, c’est le résultat d’une volonté « d’effectuer des changements en matière d’éducation nécessaires pour l’industrie et la société moderne.»
« Miracle » finlandais ?
D’après un éducateur et chercheur finlandais, Pasi Sahlberg, les cours traditionnels d’histoire, d’art et de mathématiques seront toujours bien enseignés en Finlande. La réforme qui consisterait à enseigner des matières multidisciplinaires est bien à l’étude, mais ne remplacera pas tous les autres cours. Pourtant, ce sont 70% des enseignants des écoles secondaires d’Helsinki qui sont déjà formés à cette nouvelle méthode d’enseignement. De plus, Marjo Kyllonen, chargé du secteur éducatif de la capitale, révèle que les enseignants qui se plieront le plus rapidement à cette initiative verront leur salaire augmenter. Jean-Paul Brighelli met cependant en garde contre un système que l’on érige un peu trop vite en modèle : « On ne parle du "miracle" finlandais qu’au niveau primaire et collège. Parce qu’après, c’est beaucoup plus sauvage : un tiers des élèves passent en voie générale. Le reste va en lycée professionnel ». L’essayiste rappelle un autre triste palmarès du pays scandinave, dont le niveau d’alcoolisme et de suicide chez les jeunes est le plus haut d’Europe.