Des groupuscules liés aux Frères musulmans s’en prennent à la mémoire des coptes égorgés par Daesh en Libye ainsi qu’à leurs familles.
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Dimanche 15 février 2015, 21 chrétiens coptes égyptiens étaient exécutés en Libye sous l’œil des caméras de milices liées à l’autoproclamé État islamique (EI). Dans le village de Minya, d’où venaient 13 d’entre eux, la construction d’une église à la mémoire de ces martyrs a débuté, avec l’accord du président égyptien lui-même, Abdel Fattah al-Sissi. Pourtant, vendredi 27 mars, une série de manifestations et d’actes de vandalisme ont porté atteinte à la construction en cours. Les manifestants ont également tenté de s’en prendre aux familles des victimes.
« Cette église ne verra pas le jour »
Comme souvent en Égypte, la manifestation antichrétienne a eu lieu le vendredi, jour de prière pour les musulmans. À la sortie de la mosquée, une foule s’est rassemblée devant le chantier de l’église en chantant : « Cette église ne verra pas le jour ! ». À la nuit tombée, les choses ont pris un tour plus grave, avec des jets de pierres et de cocktails Molotov. Plusieurs personnes ont été blessées et des voitures brûlées. Un petit groupe de manifestants a même tenté de se rendre au domicile de la famille de Samuel Alham Wilson, l’un des martyrs. Ils ont été refoulés par les voisins musulmans de la famille : un signe d’espoir en cette soirée électrique.
Réaction frileuse des autorités
« La police est arrivée après l’attaque », constate Mina Abdelmalak, un copte interrogé par Foxnews. À la suite de l’agression dont la communauté chrétienne a été victime, une réunion de conciliation a été organisée par le gouverneur de la région : « C’est toujours comme cela en Égypte, constate Mina Abdelmalak. Même avec l’accord du président, vous ne pouvez pas construire d’église, à cause de la foule ». Les manifestants musulmans se plaignent notamment du fait que l’emplacement choisi pour l’érection de l’édifice chrétien soit trop proche de l’entrée de la ville. Un accord permettant de construire une église hors du village est examiné. Mais les villageois chrétiens rapportent que des musulmans continuent de proclamer : « Quoi que vous fassiez, il n’y aura pas d’église chez nous, nulle part ! ».
Laïcité à l’égyptienne
Bien que les Frères musulmans ne soient plus au pouvoir depuis l’élection du militaire al-Sissi, ils continuent d’exercer une influence puissante sur la population égyptienne, notamment via les imams. Le nouveau président a d’ailleurs été accueilli avec soulagement par les coptes qui ont connu des persécutions continues sous la présidence du champion des Frères musulmans, Mohamed Morsi. En août 2013, au moment du coup d’État militaire, les extrémistes se sont déchaînés sur les chrétiens, détruisant 42 églises coptes.
Al-Sissi tient pour sa part des propos courageux, affirmant notamment à la télévision égyptienne que l’islam n’est pas une théocratie : « L’État fait affaire avec tout le monde, des musulmans et des non-musulmans, des gens de bien et des pécheurs. Les gens ne vivent pas tous sur le même modèle, ils ne sont pas destinés à marcher comme des soldats en rang serré vers le paradis ». Pourtant, le cas de cette église de Minya et la réaction molle des autorités sont des éléments inquiétants pour la minorité chrétienne. Agressée, cette dernière est sommée de trouver un accord avec des agresseurs qui ne sont pour le moment nullement inquiétés.