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PMA, GPA, séparation sexualité et procréation, transhumanisme… Et si tout cela nous conduisait vers l’utopie technologique et totalitaire décrite par Aldous Huxley dans son roman Le Meilleur des mondes ? C’est ce que pense Guillaume de Prémare, délégué général d’Ichtus et ancien président de la Manif pour tous, qui vient de publier Résistance au meilleur des mondes avec Éric Letty. Il a répondu aux questions des Cahiers Libres.
Vous venez de publier avec Éric Letty, l’essai Résistance au Meilleur des mondes. Pourquoi avoir choisi cette référence au roman d’Aldous Huxley ?
Guillaume de Prémare : Le meilleur des mondes – Brave new world en anglais – a marqué mon esprit à l’adolescence. Je n’ai jamais été attiré par la science-fiction, mais j’ai été saisi par la notion d’anticipation que revendique Huxley. Les amateurs de prospective ont souvent la tentation de deviner précisément comment l’histoire va tourner. Or, nous pouvons seulement préparer l’avenir en conjuguant l’observation, la raison et l’expérience. Parmi les éléments d’observation, la littérature d’anticipation est particulièrement intéressante pour saisir ce qui est « dans l’air ». Certains auteurs ont par ailleurs une certaine forme d’intuition fondée sur les ressorts éternels de l’âme humaine, qui présentent une remarquable fixité à travers l’histoire. Quand Bernanos écrit La France contre les robots, il ne devine pas l’avenir, il l’anticipe grâce à sa fine connaissance et son intuition exceptionnelle de l’aspect spirituel de la condition humaine ; et il décrit par avance un désastre matérialiste et techniciste, ce qu’il nomme la
« conspiration universelle contre toute forme de vie intérieure ». De même, lorsque je lis L’Avarice et l’Envie de Victor Hugo, j’ai l’impression que se dévoile sous mes yeux le processus d’autodestruction programmé de la boulimie de possession du consumérisme et de la finance folle. Dans un tout autre style, la
« prophétie Houellebecquienne » s’appuie également sur les ressorts de l’âme humaine. Éric Letty et moi ne sommes ni Huxley, ni Hugo, ni Bernanos, ni Houellebecq. Notre essai est bien plus modeste, il vise à mettre en perspective l’évolution du monde moderne avec le « meilleur des mondes » décrit par Huxley. Les personnes qui s’inquiètent de l’homme, de sa chair, de son esprit, de son âme et de sa liberté intérieure trouveront – je l’espère ! – dans cet essai un surcroît de détermination pour résister à la marche vers le « meilleur des mondes ». Je qualifierais cette résistance de résistance à l’emprise progressive de l’État, de la technique et du marché sur la chair et l’esprit. Nous pensons que nous avançons vers ce « meilleur des mondes ». Nous n’y sommes pas encore à grande échelle, mais nous montons les barreaux de l’échelle, l’un après l’autre. Par exemple, chez Huxley, l’eugénisme et la grossesse externalisée sont généralisés. Mais ce qui existe déjà aujourd’hui à la marge porte un puissant potentiel de massification, tout simplement parce que, comme le dit Jacques Attali, « il sera très difficile d’y résister » (il parle notamment de la grossesse dans des matrices artificielles). Les puissances d’argent, conjuguées aux idéologies de la déconstruction, veulent laisser l’individu mécanisé seul face l’État, à la technique et au marché. Il s’agit de substituer l’individu à la personne.
La référence au 1984 de George Orwell est-elle moins pertinente que l’œuvre d’Huxley ?
G. P. : Déjà, Thomas More fut un écrivain d’anticipation avec Utopia – terme qu’il tira du grec et qui signifie « lieu qui n’existe nulle part ». D’une certaine manière, cela signifie que l’utopie ne peut advenir. C’est à voir. Cependant, ce qui est le plus dangereux dans l’utopie n’est peut-être pas qu’elle advienne en effet, mais que l’homme déploie des moyens et une détermination considérables pour chercher à la réaliser. C’est ici que le « tragique de l’histoire » peut atteindre son degré le plus élevé. Celui qui essaie de mettre en œuvre une utopie n’y parvient pas nécessairement, mais il fait des dégâts considérables. Notre essai ne comporte donc pas une dimension « apocalyptique », il ne s’agit pas de dire : « Voici comme tout cela va se terminer ». Il demeure un essai politique. Ceux qui s’intéressent à la dimension apocalyptique pourront se référer plus volontiers à Robert Hugh Benson et son roman Le Maître de la terre, qui est une anticipation du contexte historique concret de l’Apocalypse. C’est d’ailleurs un roman recommandé par le pape François. Lire la suite de cet entretien sur les Cahiers Libres