Le 24 mars marque le jour de l’assassinat de Mgr Romero, mort en martyr, victime de ses prises de position contre le régime dictatorial du Salvador.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Connu pour ses prises de position contre le régime militaire du Salvador dont il dénonçait les méthodes, le haut prélat se savait particulièrement menacé. « Si l’on me tue, je ressusciterai dans mon peuple », disait-il. Le 24 mars 1980, Mgr Romero tombait en martyr, alors qu’il célèbrait la messe en la chapelle de l’hôpital de la Divine-Providence.
« C’est mon sang qui est rouge »
Cette année là, le célèbre reporter de guerre Patrick Chauvel, qui ne connaît rien de la répression militaire qui ravage alors le Salvador, part à la rencontre de ce prélat hors du commun dans l’espoir d’obtenir un scoop. Il ne le sait pas encore, mais il le suivra pendant ses derniers instants. Le journaliste français en témoigne dans son livre Les pompes de Ricardo Jesus (Éd. Kéro, 2012). Les présentations à peine faites, Mgr Romero lui révèle sa grande âme : « Voyez-vous, moi, j’ai honte de mon pays qui s’entretue et à la fois je suis fier de ceux qui se révoltent. C’est terrible d’être un homme d’Église dans ces circonstances. "L’archevêque rouge", comme ils m’appellent. C’est mon sang qui est rouge, et il bout devant tant d’injustice et de malheurs ». Patrick Chauvin prend toute la mesure de cet homme hors du commun : « J’observe son visage de tribun, il s’en dégage une impression de douceur et de force », écrit-il. L’entretien s’achève sur ces mots de Mgr Romero : « Venez demain. Je donne une messe dans la chapelle de l’hôpital, ensuite, quand je serai avec mes frères salvadoriens autour de moi, vous pourrez faire des photos. Rassemblés dans la souffrance, ils se ressemblent tous, militaires, policiers et civils. C’est à ce moment-là que je peux les réunir autour de Dieu. Venez, et vous verrez que l’on peut espérer ! ».
Un silence absolu
Le lendemain, Chauvel est au rendez-vous. Il décrit une « chapelle pleine à craquer » et entend très distinctement la détonation qui interrompt l’homélie de Mgr Romero suivi « d’un silence absolu, où le temps s’est arrêté, se souvient le journaliste. Puis le son est revenu, timidement d’abord, avec un bruit de chute, lourd et mat. Puis un cri terrible a retenti, déchirant tout l’espace de la chapelle.J’ai levé les yeux, Romero n’était plus devant son autel ». Chauvel s’approche et voit le corps de l’évêque, une balle en plein cœur. Les funérailles de Mgr Romero réunissent 350 000 personnes à San Salvador. Plus de 300 prêtres et
30 évêques du monde entier y assistent. Mais au bout d’à peine quelques instants, une bombe éclate et des coups de feu mettent fin à la cérémonie.
En voie de béatification
La mort de ce grand catholique, « prophète de l’espérance » est encore très présente dans les mémoires, au Salvador comme à travers le monde. Des veillées de prière, des marches ainsi qu’une messe solennelle vont être organisées en l’honneur de l’illustre archevêque. Cet anniversaire est également marqué par la prochaine béatification très attendue du prélat. Le 3 février 2015, le pape François a en effet reconnu Óscar Romero « martyr de la foi » et a exprimé son désir de le voir béatifié au plus vite.