On l’appelait l’« Ange du ghetto de Varsovie » : elle a sauvé 2 500 enfants juifs en les faisant sortir du ghetto durant la Seconde Guerre Mondiale.
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Irena Sendler (ou Sendlerowa en polonais) est née le 15 février 1910. Surnommée l’« Ange du ghetto de Varsovie », elle était infirmière pendant la Seconde Guerre mondiale. Restée longtemps dans l’ombre, ce n’est qu’en 2007 que la Pologne lui rend un hommage solennel et propose son nom pour le prix Nobel de la paix. Mais il ne sera pas retenu.
En 1942 les nazis établirent un ghetto à Varsovie, et Irena, horrifiée par les conditions de vie dans ce ghetto, rejoignit le Conseil pour l’aide aux juifs. Elle raconte elle-même : « J’ai réussi, avec mon assistante Irena Schultz, à identifier le bureau sanitaire qui devait lutter contre les maladies contagieuses. Plus tard, j’ai pu obtenir des laissez-passer pour d’autres collaboratrices. Comme les envahisseurs allemands craignaient une épidémie de typhus, ils acceptaient que les Polonais contrôlent l’enceinte ».
Irena organisa un réseau pour placer des enfants juifs dans des familles d’accueil polonaises. Mais elle voulait qu’un jour, après la guerre, ces enfants puissent retrouver leurs vrais noms, leur vraie identité, leurs histoires personnelles et leurs familles. Elle imagina alors de noter sur des petits papiers et d’archiver minutieusement tous leurs noms et leurs nouvelles identités. C’est ainsi qu’elle conserva les noms et le passé de 2 500 enfants juifs.
Arrêtée et torturée, elle ne dit rien
Les nazis auront vent de ses activités. Le 20 octobre 1943, Irena Sendler est arrêtée chez elle par la Gestapo avant d’être emmenée à l’infâme prison de Pawiak où elle sera brutalement torturée. Elle était la seule à connaître les noms et adresses des familles qui avaient hébergé les enfants juifs. Malgré les tortures qui la laissèrent infirme à vie, elle ne révéla cependant jamais l’identité de ses collaborateurs ni celle des enfants cachés. Elle sera condamnée à mort par un tribunal nazi. Le gouvernement polonais en exil réussit miraculeusement à la faire évader en achetant les gardiens de la prison.
Quelques mois plus tard, en 1944, lors de l’Insurrection de Varsovie, elle décide de mettre ses listes de noms dans deux bocaux en verre, qu’elle enterre dans le jardin de sa voisine pour être sûre qu’elles parviendraient à leurs destinataires si elle venait à mourir. Après la guerre, Irena déterre elle-même les listes de noms des enfants et les remet au docteur Adolf Berman, le premier président du sauvetage des juifs survivants. Malheureusement, la plupart des familles des enfants ont été décimées dans les camps de concentration nazis. Ceux qui se retrouvent sans famille d’adoption sont placés dans des orphelinats puis peu à peu envoyés en Palestine.
En novembre 2003, le président de la République, Aleksander Kwasniewski, lui remet la plus haute distinction civile de Pologne : l’Ordre de l’Aigle blanc. Irena était accompagnée pour la circonstance de sa famille et d’Elzbieta Ficowska, qu’elle avait sortie de l’enfer, tout bébé, dans un petit coffre en bois, « la petite fille à la cuillère d’argent », du fait de la cuillère que sa mère avait mise dans le coffre, avant de la confier à Irena.
En 2007, le gouvernement de Pologne la propose comme candidate pour le prix Nobel de la paix. Mais c’est Al Gore qui sera primé pour son film sur le réchauffement de la planète. Irena est morte à Varsovie, le 12 mai 2008, à l’âge de 98 ans. La vie de cette héroïne a été portée à l’écran par la CBS sous le titre The Courageous Heart of Irena Sendler, avec Anna Paquin dans le rôle principal, qui remporta un Oscar.
Adapté de l’espagnol par Élisabeth de Lavigne