Retour sur le plus grand rassemblement de jeunesse de France qui s’est tenu à Grenoble les 31 janvier et 1er février dernier.
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Le week-end dernier, la capitale de l’Isère s’est retrouvée comme « envahie » par la jeunesse étudiante catholique de France : drapeaux — aux couleurs des régions et non des pays cette fois —, banderoles et sweat-shirts avec le nom de l’école de chacun et chants… l’ambiance était digne des plus grands rassemblements autour du Pape !
Après « Que tous soient Un » à Rennes en 2012, le thème retenu pour cette deuxième édition d’Ecclesia Campus, le rassemblement national des étudiants de France issus de toutes les filières, était à Grenoble : « Ose la confiance ». Après les événements de ces dernières semaines, en particulier les attentats de Paris, les étudiants présents étaient soucieux d’obtenir des réponses et des clés de compréhension pour avancer vers un avenir aux allures bien incertaines pour nombre d’entre eux.
Des étudiants au Summum
Dès 8 h, samedi matin, sous la voute de la grande salle de spectacle du Summum, des centaines d’étudiants de toute la France commençaient à s’assembler. Sur la scène, Marc, 24 ans, étudiant grenoblois, assurait le spectacle entre plaisanteries, informations pratiques et présentation des équipes et du programme, le tout sur un fond musical entraînant. Malgré la courte des nuit, tant des organisateurs que de certains participants dont le car venait tout juste d’arriver, la joie et la bonne humeur était perceptibles. Éric Piolle, le maire (EELV) de Grenoble, venu leur souhaiter la bienvenue ne s’y trompait pas : « Cela fait plaisir de voir une telle ambiance de bon matin ! Je viens vous dire que vous êtes au bon endroit ce week-end. Séparez le futile du fondamental, reprenez des forces pour repartir de l’avant et construire le monde de demain ! ».
Témoigner de Jésus Christ
Après l’accueil par les autorités politiques, Mgr Guy de Kérimel, évêque de Grenoble, faisait son entrée sur scène, accueilli « à la brésilienne », sur les conseils de Marc, au rythme des « Don Guy ! Don Guy ! » scandés par la foule. « Je suis heureux de vous accueillir dans cette belle ville entourée des montagnes enneigées et sous le soleil ce matin. » Et le prélat de poursuivre : « Nous avons à témoigner de Jésus-Christ ! Chers jeunes, j’ai une grande confiance en vous et je vous invite à la confiance. Je le vois de plus en plus dans la société qui nous entoure : nous avons un vrai combat à mener, celui de la confiance. Il est particulièrement important que nous les chrétiens soyons des apôtres de la confiance et que nous la transmettions autour de nous. C’est un beau défi pour vous les jeunes ! ». Le rassemblement était officiellement lancé.
Entre formation…
Succédant à l’effervescence de ce temps d’accueil, la première conférence de la matinée, animée par l’aumônerie de Sciences Po, trouvait des jeunes à l’écoute… et soudainement sagement assis à leur place ! François-Xavier Bellamy et Dominique Quinio faisaient alors leur entrée afin d’apporter leur éclairage, de philosophe et homme politique pour l’un, de journaliste pour la seconde, sur le thème de la confiance. Deux interventions chaudement applaudies et qui marquaient les jeunes présents, en particulier Kenzy, 24 ans, étudiant en master de sociologie politique : « J’aime énormément la réflexion de François-Xavier Bellamy et sa manière de présenter les choses… C’est frappant ! ».
« Notre génération va vivre des événements extraordinaires, en bien et en mal, confiait entre autres le professeur agrégé de philosophie. Notre rôle, en tant que chrétien, est d’apporter par notre foi la confiance au monde. Soyons nous-mêmes fidèles pour donner aux autres envie de vivre la même expérience. Les chrétiens et les chrétiennes doivent être des personnes à qui l’on peut faire confiance. Devenons des apôtres de la confiance, des fidèles pour le monde de demain. »
Dominique Quinio offrait pour sa part quelques conseils à la jeune assemblée : « Trouvez des forces à la fois dans des lieux où vous vous sentez bien, mais également, comme le conseille le Pape, en dehors de chez vous. Allez vers des lieux inconnus, confrontez-vous à la différence, provoquez le débat, défendez vos convictions et surtout écoutez les autres. Ayez confiance en vous-mêmes, vous pouvez vous engager et changer les choses ».
… et recueillement
Après un bref temps de pause, le père Marc Rastoin, spécialiste de saint Paul, proposait sa réflexion sur le lien étroit entre la foi et la confiance ainsi que la manière de faire confiance à Dieu, rappelant que « nous ne pouvons pas vivre sans la confiance, nous sommes créés par Dieu pour la confiance ». « Jésus Lui-même vécu cette confiance dans sa vie humaine, ajoutait-il. Jésus s’est mis en route vers Jérusalem en surmontant sa peur. Il n’a pas eu peur de faire confiance à ses apôtres même si l’un d’eux allait le trahir. » Et le père Rastoin de conclure : « Le fondement ultime de notre foi c’est ce Père, cet Abba, qui a confiance en nous plus que nous-mêmes, qui nous aime plus que nous car nous ne nous aimons pas assez ou mal. Et la foi qu’Il a en nous est plus importante que la foi que nous ne pourrons jamais Lui témoigner en retour ».
Au cours de la messe qui s’en suivait, Mgr Laurent Percerou, évêque accompagnateur national de la pastorale étudiante, rappelait à son tour, dans son homélie, l’importance de la confiance dans la vie de tout chrétien. Il revenait sur les figures d’Abraham et Sarah qui ont cru les promesses du Seigneur et l’épisode de Jésus semblant dormir dans la barque alors que ses disciples affrontent la tempête : « Abraham part à l’appel du Seigneur car il a saisi que cette invitation au départ vient de Dieu et que la promesse de fécondité pour son couple est vraie. Jésus compte sur ses disciples pour annoncer son Royaume sur l’autre rive du lac. Il faut oser partir et traverser et cela ne peut se faire sans la foi, sans cette confiance en Dieu qui fait qu’en Jésus-Christ, nous savons que Dieu ne nous décevra pas. Hissez la grand voile et laissez le souffle de l’esprit guider votre barque. L’abandon et la confiance sont difficiles mais Dieu ne dort pas ».
C’était des jeunes revigorés dans le cœur et dans leur âme qui, après un rapide pique-nique, prenaient la direction du centre-ville pour un après-midi consacré à des atelier en petits groupes autour de la confiance et des thèmes aussi divers que : « la confiance en
soi », « confiance et action » ou encore « confiance et vie spirituelle ». Les étudiants s’éparpillant ensuite dans la ville par petits groupes, l’atmosphère des JMJ, même en plein froid hivernal, était là.
Une veillée festive en musique
Un casting de choix avait été rassemblé pour animer la soirée. En ouverture du bal, les Guetteurs, un groupe de reggae fondé par des adolescents chrétiens, emmené par le jeune Fratoune. Entre danse et chant, la salle se mouvait sur des rythmes tout droit issus de la Jamaïque. Différence sans doute la plus notable avec Bob Marley : le caractère religieux des paroles ! Leur succédait sur scène Gaétan Ziga, chanteur d’origine camerounaise, accompagné par des musiciens du monde entier : un Anglais, un Iranien et un Espagnol. Un beau mélange musical et ethnique pour un intermède musical plus calme, mais non moins apprécié. Et pour clore la soirée, les quatre frères du groupe Hopen enflammaient le Summum pour une louange pop-rock qui faisait l’unanimité.
Le moment fort de la soirée, bien que moins musical, aura été le message surprise du Pape, lu par Mgr de Kérimel, adressé aux jeunes rassemblés à Grenoble : « La confiance, en effet, est nécessaire pour avancer sur le chemin de la vie. De nombreuses difficultés surgissent sur la route et peuvent conduire à s’inquiéter ou à douter. Il est donc important de chercher les points solides sur lesquels s’appuyer pour grandir dans la confiance et porter un regard d’espérance vers l’avenir. Pour cela, il convient, à l’instar de saint François, de regarder d’abord le monde créé par Dieu dans sa bonté originelle. Sans doute est-il marqué par le mal et le péché des hommes mais il est aussi l’objet de la bienveillance divine qui fait renaître dans les coeurs des sentiments et des volontés de fraternité et d’amour. Dieu n’a pas abandonné sa création et veut mener à bonne fin son dessein d’amour. C’est en Jésus Christ, notre Seigneur et notre Sauveur, que se trouve donc l’espérance des hommes. À ses Apôtres comme à ses disciples de tous les temps, Il
dit : "Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur" (Mt 14, 27). Puisqu’Il leur a promis d’être avec eux "tous les jours jusqu’à la fin des temps" (Mt 28, 20), ils savent pouvoir compter sur Lui. Dieu est amour nous dit saint Jean, et qui demeure dans l’amour demeure en Dieu. »
Un dimanche entre tables rondes et messe d’envoi
Le second jour d’Ecclesia Campus n’était pas moins studieux et spirituel. Malgré la neige qui s’était invitée depuis la veille au soir et le froid tenace, les étudiants étaient bel et bien présents aux différentes interventions qui leur étaient proposées le dimanche matin. De nombreuses personnalités avaient accepté d’apporter leur témoignage : Éric Piolle, le père Mathhieu Rougé, Mgr Gollnisch, Samuel Grzybowski, le père Georges Vandenbeush, etc. Tous ressortaient de ces conférences heureux de la qualité de leurs échanges avec les étudiants, selon les propres mots de Sœur Nathalie Becquart, co-organisatrice du rassemblement : « J’ai pu échanger avec eux et ils étaient très contents, mais surtout frappés de l’attention et de l’écoute des étudiants. Ils ont senti un public bienveillant et en attente, tout en vivant avec eux de profonds temps de réflexion ».
Après un flash-mob en plein cœur de a ville, l’ultime moment fort de ce rassemblement était la messe d’envoi, présidée par Mgr de Kérimel. Toujours dans une ambiance empreinte de joie véritable et de profond recueillement, l’évêque de Grenoble assurait à la jeunesse étudiante : « Être chrétien c’est accepter le dialogue et faire confiance à la Parole donnée de Dieu [en la personne de Jésus]. L’engagement du chrétien ne peut donc être que total ».
« Je peux dire : "Je m’engage pour toujours", car Dieu s’est engagé pour toujours et sa Parole donnée soutient la mienne. Voilà la véritable confiance, leur lançait-il. (…) Chers jeunes, accueillez la Parole donnée et donnez votre parole en retour. Soyez témoin que la confiance est possible et surtout témoin de la victoire du bien sur le mal. »
Des jeunes revigorés
À l’issue de ces deux jours, Kenzy était plein d’énergie pour affronter sereinement la fin de l’année universitaire : « C’est une bonne idée de se retrouver ainsi dans un contexte spirituel fort avec des étudiants qui partagent la même vision que nous. Et l’aspect festif d’Ecclesia Campus est la meilleure manière de décompresser après les partiels ! ». Une analyse partagée par Sœur Maria-Goretti, 40 ans, responsable d’aumônerie à Sceaux : « Les étudiants trouvent ici l’occasion de vivre un temps fort dans l’année et de retrouver d’autres étudiants autour de réflexions profondes et de moments plus festifs. La qualité des concerts et des temps de prière est une expérience fondatrices pour nombre d’entre eux. Je vois Ecclesia Campus comme un temps dans l’esprit des JMJ mais plus intéressant pour les étudiants ».
Amandine, 23 ans, en deuxième année de licence AES (Administration Economique et Sociale) à Tours, abondait dans le même sens : « Ce que j’ai compris durant ces deux jours, c’est que la confiance n’est certes pas facile mais devient possible avec l’aide de Dieu. La méfiance que l’on peut entretenir envers les médias par exemple et ce qu’elle produit dans notre société m’a vraiment marquée : elle mène à l’individualisme, à absence de Dieu alors que nous avons tant besoin de Lui… C’est ce qui m’a le plus touchée, en particulier dans l’intervention du père Rastouin : nous devons faire confiance à Dieu ! »
« Nous serons Marthe »
Ce rassemblement n’aurait pas été possible sans l’armada de bénévoles, aux gilet orange « Ecclesia Campus 2015 » : 170 étudiants grenoblois qui se sont rendus disponibles durant le week-end pour permettre la bonne tenue du rassemblement. Le père Loïc Lagadec, « tandem » sur place de Sœur Nathalie Becquart pendant toute la préparation de l’événement, trouvait justement sa joie, à quelques heures de la fin du rassemblement, dans le fait que « les jeunes [avaient] tout fait ». Une trentaine d’étudiants, depuis plusieurs mois, s’étaient investis dans différentes commissions : repas, recherche de fonds, accueil, transports, etc. « La logistique a parfois un côté ingrat, reconnaissait-il. Grenoble s’est mis au service des étudiants français. J’ai souvent dit aux jeunes : "Nous serons Marthe plus que Marie, mais c’est tout de même spirituel !". Nous nous sommes mis au service de la joie des autres. Ce soir, tous les volontaires sont heureux. Ils ont été dans les coulisses, ils ont rendu service, mais ils ont des visages de ressuscités… même s’ils n’ont pas dormi pendant trois jours ! ».
Marc, l’animateur de la cérémonie d’accueil et de la veillée, reconnaissait qu’il s’était mis « au service de Dieu d’une façon vraiment originale », tout en avouant que « sur scène avec l’adrénaline, on n’y pense pas forcément. Quelques minutes avant d’entrer sur scène samedi matin, tout seul en coulisse, j’ai eu un peu peur mais j’ai été rapidement rassuré. Les jeunes sont heureux d’être là et je le ressens ». Thérèse, 20 ans, étudiante en ressources humaines, s’était investie dans l’organisation dès la rentrée universitaire : « J’ai beaucoup appris sur la manière de gérer un projet avec un budget relativement conséquent, ce dont je n’avais pas l’habitude. J’ai découvert tout cela "sur le tas" ! ».
Cet événement est un renouveau pour le diocèse entier comme l’expliquait Blandine, 23 ans, étudiante en master 2 de commerce :
« Ce que je trouve génial, c’est qu’Ecclesia Campus est pour toute la pastorale étudiante de Grenoble un nouveau souffle qui va nous porter pendant longtemps. Il nous a permis de nous rencontrer et de travailler ensemble. Même si l’on est épuisés, nous sommes on ne peut plus heureux ! »
Le lieu de la prochaine rencontre nationale des étudiants chrétiens n’est pas encore connu —il ne le sera sans doute pas avant un an — mais déjà les paris sont lancés et les premières hypothèses commencent à fleurir. Chaque étudiant souhaite voir sa ville d’études accueillir un événement d’une telle ampleur !