Le jour même de son départ en retraite, la directrice de La Croix a partagé avec les étudiants d’Ecclesia Campus sa vision de la confiance en tant que journaliste.
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Dominique Quinio se confie dans un sourire : « C’est satisfaisant de finir une aussi longue carrière au milieu de vous ». Après plusieurs dizaines d’années d’exercice à La Croix, la directrice du quotidien national catholique tirait en effet sa révérence ce samedi, au milieu des étudiants chrétiens rassemblés à Grenoble à l’occasion d’Ecclesia Campus.
Quelle confiance dans les médias ?
« La confiance que les lecteurs nous accordent est une préoccupation première, a-t-elle précisé. Différents sondages ont relevé un regain de confiance des Français dans les moyens d’information. Qu’allons-nous en faire maintenant ? La confiance exige une responsabilité de la part de celui qui la reçoit. »
« Les journalistes sont parfois perçus comme une élite loin des préoccupations réelles des Français, a regretté Dominique Quinio. Les médias sont en partie responsables et coupables de ce sentiment de défiance. » En cause, la dérision à laquelle certains ont trop souvent recours. « Il est devenu courant, a-t-elle déploré, d’aborder des sujets sérieux, en particulier la politique, de cette manière. »
La journaliste a également souligné le problème de l’absence de représentation dans les médias de l’ensemble des courants de pensée : « Tout le monde est censé penser la même chose, il n’y a pas de place pour les voix "dissidentes" », dénonçant « une certaine appétence pour les polémiques ». Il n’y a plus d’espace pour parler des « gens de bien ». « Dans les débats, a-t-elle ajouté, il faut toujours quelqu’un totalement pour et quelqu’un totalement contre, il n’y a pas voix au chapitre pour les personnes nuancées. »
Le principe de précaution poussé à l’extrême
La toute jeune retraitée est également revenue sur le principe de précaution, « extrêmement important quand il est strictement défini », regrettant qu’aujourd’hui il soit surtout « un concept qui s’élargit énormément et empêche d’aller au bout des choses ».
Cela touche maintenant les relations des citoyens avec les institutions et le retrait des citoyens des engagements politiques et de leur confiance en leur élus. « Mais est-ce une raison pour se tenir éloigné de tout responsable politique et de ne pas comprendre que ce peut être un bel engagement et que certains le font avec la recherche du bien commun ? »
Ce même principe de précaution touche aussi nos relations interpersonnelles : « Lorsque nous nouons une relation affective par exemple, nous nous demandons toujours si nous avons fait le bon choix. Nous voudrions avoir la certitude, la maîtrise totale de notre avenir ». Impossible et dangereux pour Dominique Quinio : « Ce besoin de tout maîtriser est peut-être le premier combat que nous devons mener ! La confiance n’est pas facile mais se cultive ».
Face aux théories du complot, distinguer la bonne information
Sur les réseaux sociaux, circulent de nombreux « articles » évoquant une soi-disant « théorie du complot ». Un remède à cela ? « Allez sur des médias dont les journalistes vérifient et recoupent leurs informations. Les réseaux sociaux sont un nid de rumeurs. Ce qui me gène avec ces derniers, c’est également l’entre soi, ce côté consanguin. La question de la confiance nous oblige au contraire à sortir de nos cercles de confort. Acceptez d’aller au-delà de votre univers confortable et connu pour affronter vos propres convictions et découvrir ce que pense l’autre. »
« Trouver la bonne information, a poursuivi la journaliste, revient à choisir le média à qui accorder sa confiance. Votre génération ne se tourne pas naturellement vers une lecture régulière des quotidiens, mais essayez de vous familiariser avec le pluralisme des sites d’actualité assurés par des journalistes professionnels. »
Aimer le monde qui nous entoure
En guise de conclusion, Dominique Quinio a confié quelques conseils à la jeune assemblée qui lui faisait face : « Trouvez des forces à la fois dans des lieux où vous vous sentez bien, mais également, comme le conseille le Pape, en dehors de chez vous ». « Allez vers des lieux inconnus, a-t-elle ajouté. Confrontez-vous à la différence, provoquez le débat, défendez vos convictions et surtout écoutez les autres. Ayez confiance en vous-mêmes, vous pouvez vous engager et changer les choses. »
« Ayez confiance en les autres, a conclu l’ex-journaliste de La Croix. Ayez confiance dans le monde qui vous entoure et qu’on vous demande d’aimer. Le chemin est long pour chercher et établir la confiance. Celle-ci se bâtit. Une fois que l’on a dit oui, la confiance se construit jour après jour, année après année et se modifie… se bonifie même ! »