Intimidation des journalistes, censure des réseaux sociaux, brutalités policières, arrestations arbitraires : le Conseil des droits de l’homme de l’ONU inflige un blâme sévère au pouvoir turc.
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Hier, 27 janvier, à Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU procédait à l’examen périodique des droits de l’homme en Turquie (un exercice auquel chacun des 193 pays membres de l’ONU doit se soumettre tous les quatre ans). Le verdict est sans appel. Le Conseil pointe notamment les intimidations contre les journalistes, les arrestations arbitraires et des brutalités policières contre les manifestants.
Un nombre record de journalistes arrêtés
Le vice-premier ministre turc Buelent Arinc s’était félicité des progrès accomplis par son pays en matière de liberté d’expression et de réunion, assurant que « la protection et la promotion des droits de l’homme est une de nos priorités en matière d’objectifs politiques ». Il s’est vu vertement contredit par le représentant égyptien Amr Ramadan qui a dénoncé « une détérioration sévère des droits de l’homme », « l’impunité qui entoure l’usage systématique, illégal, de la force brutale par les services de sécurité » et un nombre record de journalistes emprisonnés. Piqué au vif, le turc a rétorqué que l’Egypte était mal placée pour formuler de telles critiques, rappelant la vingtaine de tués dans les manifestations du week-end dernier et les nombreux journalistes sous les verrous en Egypte.
Plus crédibles en matière de liberté d’expression, les représentants de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis ont respectivement pointé « les restrictions des libertés d’expression et de réunion et la question de la séparation des pouvoirs » et « l’augmentation des restrictions à la liberté d’expression, y compris la censure des nouveaux médias et d’internet. » (La Tribune de Genève).
Cinq ans de prison pour un tweet
Début décembre, une trentaine de journalistes d’opposition ont été arrêtés, une opération vivement critiquée par l’Union Européenne. A la fin de la semaine dernière, cinq ans de prison ont été requis contre Sedef Kabas, journaliste et présentatrice d’émissions à la télévision, pour un tweet dans lequel elle demandait aux Turcs de ne pas oublier le nom du juge qui a prononcé un non-lieu général dans les enquêtes de corruption qui ont touché le régime à l’hiver 2013-2014, en particulier le Premier ministre de l’époque, aujourd’hui président, Recep Tayyip Erdogan et son entourage. (Nouvelle Arménie magazine).
Après Twitter et YouTube, Facebook
Après Twitter et YouTube au début de l’année 2014, Facebook vient d’être partiellement bloqué en Turquie, rapporte Le Figaro : « D’après le New York Times, Facebook empêche désormais ses utilisateurs turcs d’accéder à des pages critiquant Mahomet. Cette décision aurait été prise à la suite d’une décision d’un tribunal d’Ankara, qui menaçait le site de blocage, selon un employé de l’entreprise. Facebook n’a pas confirmé ces informations. » Ses responsables sont sans doute gênés de s’être pliés à l’injonction de la justice turque quand Twitter et YouTube avaient refusé de retirer de leurs pages des documents compromettants pour l’ancien premier ministre et actuel président turc Recep Tayyip Erdoğan, ce qui a entraîné leur blocage.
Ce même scandale touchant Erdogan et son entourage a provoqué hier, mardi 27 janvier, l’arrestation de 26 policiers soupçonnés d’avoir procédé à des écoutes illégales de membres du gouvernement. « Ce coup de filet s’inscrit dans la série d’interpellations menées depuis le mois de juillet 2014, au cours desquelles des dizaines de policiers ou de fonctionnaires ont été entendus sur le fondement des mêmes accusations.» (La Presse).
Contre le terrorisme ?
Le premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait pris part à Paris au rassemblement qui a suivi les attentats, non sans préciser qu’il manifestait contre le terrorisme, et non pour la liberté de blasphème. Le terrorisme n’en a pas moins droit de cité en Turquie quand il s’exerce contre des opposants ou contre des chrétiens. Deux anciens militaires et un chercheur universitaire accusés d’avoir égorgé, le 18 avril 2007, trois chrétiens évangéliques au siège de la maison d’édition Zirve, à Malatya (ville du sud-est de la Turquie) viennent d’être remis en liberté. « Autour de ces meurtres, l’enquête a mis en évidence un vaste réseau de complicités et de couvertures qui impliquaient également les milieux militaires et des services de sécurité. » (Fides).
La Turquie est également sur la sellette actuellement avec la déconvenue que représente pour elle la victoire des Kurdes contre les djihadistes de l’Etat islamique à Kobané (Le Parisien) et le prochain centenaire du génocide arménien qu’elle refuse toujours de reconnaître (Aleteia).