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Évangile de dimanche (Marc 1, 14-20) : invités à la conversion

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aleteia - publié le 24/01/15
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Ceci se passe « après que Jean eut été livré », nous dit Marc : l’arrestation brutale de Jean-Baptiste par la police d’Hérode vient de mettre fin à la mission du Précurseur.

Marc emploie ici (dans le texte grec) le mot « livré » qu’il reprendra de nombreuses fois par la suite au sujet de Jésus (par exemple « le Fils de l’Homme va être livré aux mains des hommes » – 9, 31), puis des apôtres (« On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues » – 13, 9). Manière de nous dire déjà : le sort de Jean-Baptiste préfigure celui de Jésus puis celui des apôtres : c’est le lot commun des prophètes, exactement comme le décrivait Isaïe dans les chants du Serviteur (Is 50 et 52-53) ; ou le livre de la Sagesse : « Traquons le juste, il nous gêne, il s’oppose à nos actions » (Sg 2, 13).

Comme les prophètes, Jean-Baptiste d’abord, Jésus ensuite, proclament la conversion : Marc emploie les mêmes mots pour l’un et pour l’autre : « proclamer, conversion » ; ce n’est certainement pas un hasard ; quelques lignes plus haut, Marc disait : « Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion… », et ici « Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait… Convertissez-vous ». Le contenu de la prédication est le
même ; cependant le décor a changé : « Jésus partit pour la Galilée » : après le baptême au bord du Jourdain (Mc 1, 9-11) et son passage au désert (1, 12), Jésus retourne en Galilée et c’est là qu’il commence sa prédication : sous-entendu la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu vient de Galilée, ce pays suspect, dont on se demandait « que peut-il sortir de bon ? ». Et Jésus commence à proclamer : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».

Le Règne de Dieu est tout proche

« Les temps sont accomplis ! » Le peuple d’Israël a une notion de l’histoire tout-à-fait particulière : pour lui, l’histoire n’est pas un perpétuel recommencement, elle a un SENS, c’est-à-dire à la fois une signification et une direction. Il y a un début et une fin de l’histoire et c’est dans le cadre de cette histoire humaine que Dieu déploie son projet d’Alliance avec l’humanité. Dire que « les temps sont accomplis », c’est dire que nous touchons au but. Comme dit Paul : « Le temps a cargué ses voiles », comme un bateau qui arrive au port. Ce but, c’est le Jour où « l’Esprit sera répandu sur toute chair », selon la promesse du prophète Joël (Jl 3, 1). Or, justement, Jean-Baptiste a vu dans la venue de Jésus l’accomplissement de cette promesse : « Moi, je vous ai baptisés d’eau, mais Lui vous baptisera d’Esprit Saint », a-t-il dit au moment du Baptême de Jésus.

Voilà la Bonne Nouvelle : le Jour de Dieu vient, « le Règne de Dieu est tout proche » ; ce qui veut dire deux choses. Premièrement, c’est le Royaume qui s’approche de nous : nous n’avons qu’à l’accueillir ; nous ne croirons jamais assez à la gratuité du don de Dieu. Deuxièmement, c’est déjà une réalité ; l’expression est au passé : « Le Règne de Dieu s’est approché » ; au-dessus de Jésus sortant des eaux du Jourdain, les cieux se sont déchirés : le ciel communique de nouveau avec la terre.

La conversion à laquelle Jésus nous invite consiste peut-être tout simplement à croire que ce don de Dieu est actuel et qu’il est gratuit. Une gratuité que le prophète Isaïe annonçait déjà : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau » (Is 55). Cela nous permet de comprendre l’expression : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». En français, « et » veut dire « et en plus » ; en grec, le même mot peut signifier tantôt « en plus » comme en français, tantôt « c’est-à-dire ». Il faut donc comprendre : « Convertissez-vous, c’est-à-dire croyez à la Bonne Nouvelle ». Se convertir c’est croire à la Bonne Nouvelle, ou pour le dire autrement c’est croire que la Nouvelle est Bonne : Dieu est amour et pardon, et son amour est pour tous.

Marie-Noëlle Thabut (L’intelligence des Écritures – Éditions Artège)

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