Après les propos sans équivoque tenu par le Saint-Père dans l’avion pendant son déplacement en Asie, Rania et Abdullah de Jordanie abondent eux aussi en son sens.
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Les considérations exprimées par le pape François au cours de sa récente visite en Asie quant à la nécessité de conjuguer la liberté d’expression et le respect des fois et des symboles religieux ont fait l’objet d’éloges de la part du roi Abdullah II de Jordanie, qui les a reprises à son compte au cours d’une rencontre avec les chefs de la tribu bédouine de Beni Sakhr. « Hier, confirme à l’Agence Fides S.Exc. Mgr Maroun Lahham, vicaire patriarcal pour la Jordanie du Patriarcat latin de Jérusalem, le roi Abdullah a fait explicitement référence aux propos du Pape relatifs au fait que la liberté d’expression constitue un droit et même, dans certains cas, un devoir mais que, dans le même temps, elle a des limites et ne peut arriver à froisser les convictions religieuses des autres. Le monarque a qualifié de positives ces considérations, démontrant de les partager. »
En s’attardant sur la question de l’extrémisme de matrice islamiste, le roi a réaffirmé que les extrémistes ne représentent pas l’authentique islam et que la réputation des musulmans doit être protégée et défendue. Il a par ailleurs expliqué sa participation à la marche de Paris par son intention de démontrer sa solidarité à un
« pays ami » dans lequel vivent par ailleurs « six millions de musulmans ». Le roi Abdullah a également lancé l’alarme contre la croissance de l’islamophobie en Europe, insistant sur la nécessité de protéger l’image de modération et de tolérance de l’authentique islam et d’impliquer l’ensemble des communautés musulmanes dans la condamnation des groupes extrémistes et terroristes qui manipulent le coran.
Le comportement de Charlie Hebdo « condamnable, irresponsable et inconscient »
Quelques jours après la marche républicaine du 11 janvier à Paris, le roi de Jordanie avait réagi à la publication de nouvelles caricatures dans le dernier numéro de Charlie Hebdo tiré à plusieurs millions d’exemplaires. Dans un communiqué, le souverain avait alors qualifié d’« irresponsable et inconscient » l’hebdomadaire satirique pour avoir récidivé avec de nouveaux dessins portant
« atteinte » au prophète Mahomet.
Le roi Abdullah avait été très clair ; il s’agissait pour lui d’un
« comportement condamnable, irresponsable et inconscient, les principaux fondements de la liberté d’expression étant la responsabilité et le respect des religions au lieu des atteintes délibérées ». Il avait également souligné la nécessité « en ce moment précis de faire preuve de sagesse, d’un esprit de dialogue et d’ouverture et d’oeuvrer d’une manière constructive pour faire valoir le respect, la compassion et les valeurs communes ».
Trouver l’équilibre entre la liberté d’expression et le caractère sacré d’une religion
Dans une interview accordée à L’Express, sa femme, la reine Rania de Jordanie, a elle aussi rejoint les récentes déclarations du pape François sur les limites de la liberté d’expression : « Je ne vois pas au nom de quelles valeurs on peut réduire à de grossières caricatures la figure que chérissent des millions de musulmans à travers le monde. Dans quel but ? Davantage de dessins de ce type ne feront que blesser, approfondir la méfiance et favoriser les préjugés dans une époque où nous devrions plutôt promouvoir la tolérance et la compréhension. Il y a sûrement un équilibre à trouver entre la liberté d’expression et le caractère sacré d’une religion ».
« Je n’ai jamais vu de contradiction entre la foi et la modernité, a-t-elle ajouté ; la foi n’est certainement pas opposée à la démocratie. Les vertus de notre religion – égalité, tolérance, pardon, dialogue, paix, respect du savoir, du progrès, du dur labeur – ont encore du chemin à parcourir pour relever les défis du monde arabe contemporain. Pour moi, la modernité signifie le progrès. Elle ne signifie pas que notre identité doive se livrer à l’imitation aveugle des autres cultures. Elle signifie qu’il faut demeurer lié au reste du monde et demeurer en communication avec lui. Cela ne peut pas se faire aux dépens des religions. »