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Le doyen des prêtres chinois meurt à 105 ans

Chinese worshippers receive the Eucharist from a priest as they attend Christmas Eve mass at a Catholic church in Wuhan, central China's Hubei province on December 24, 2010. Pope Benedict XVI rapped China for its curbs on religion and freedom of conscience in his Christmas message on December 25, reflecting the tense relations between the Vatican and Beijing. CHINA OUT AFP PHOTO

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Sylvain Dorient - publié le 23/01/15
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Il disait que l’Église était sa maison. Il a voulu mourir chez lui. Ye Yaomin, de Guangzhou, aura toujours vécu et œuvré en Chine, et survécu aux purges communistes.

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Il avait connu et vécu la répression brutale et le Goulag, mais disait ne ressentir aucune haine envers le Parti communiste : « La haine elle-même est un péché », rappelait-il.

Né en 1910, Ye Yaomin aura vu le déclin et la chute du dernier empereur de Chine et la guerre civile opposant les communistes au généralissime Tchang Kaï-Chek. Sa carrière religieuse débute en 1937, lorsqu’il se rend à Hong Kong pour étudier dans le grand séminaire régional du sud de la Chine. Il y demeure jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De retour dans son Guangdong natal, il est ordonné prêtre en 1948.
 

Du séminaire au Goulag

À peine une année plus tard, le Parti communiste chinois prend le pouvoir après avoir gagné la guerre civile et commence immédiatement à s’attaquer à l’Église. En 1955, il est dénoncé et saisi par le Parti en possession de messages qu’il recevait de ses anciens camarades de classe réfugiés à Honk Hong. Déporté dans la province désolée du Qinghai, le prêtre connaît les conditions de vie des millions de « dissidents » envoyés pourrir dans l’équivalent chinois du goulag russe. Il y restera, et y survivra pendant 25 ans avant d’être libéré dans les années 1980, après la mort de Mao Zedong en 1976. Le père Ye a alors déjà 70 ans, ce qui ne l’empêche pas de recommencer à prêcher dans le diocèse de Jiangmen.
 

« La Chine a besoin de prêtres »

Il se joint à l’effort de reconstruction des églises en Chine, bénéficiant d’une plus grande souplesse du Parti communiste. Occupé par cette tâche, il refuse à plusieurs reprises d’émigrer, répondant systématiquement aux propositions que l’on lui fait que « la Chine a besoin de prêtres ». Il est remarqué pour sa très grande générosité, donnant de l’argent aux nécessiteux quelle que soit leur religion. « C’est l’argent de Dieu, disait-il. Il ne fait qu’employer ma main pour donner aux autres. »
 

« L’Église est ma maison »

En bonne santé jusqu’à ces dernières semaines, le père Ye avait refusé de se rendre à l’hôpital, sachant que son heure était venue, explique sœur Chen Jianyin, qui s’est occupée de lui pendant 20 ans. « Il nous a répondu que l’Église était sa maison et qu’il devait mourrir chez lui », raconte la religieuse. Le vénérable prêtre, mort pendant les premières heures de mardi 20 janvier, sera enterré samedi dans sa ville natale de Foshan dans la province du Guangdong.

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