Le père René-Luc, auteur du best-seller Dieu en plein cœur, revient pour Aleteia sur la rencontre avec celle qui a bouleversé sa vie.
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Aleteia : Dans votre livre Dieu en plein cœur (Éd. Presses de la Renaissance), vous racontez votre « rencontre » avec Marthe Robin, sur son lit de mort. Dans quel contexte cela s’est-il passé ?
Père René-Luc : J’étais un adolescent d’une quinzaine d’années et je venais tout juste de me convertir. Je participais à une mission d’évangélisation dans un collège à Megève (Haute-Savoie, ndlr), en février 1981. À la fin de cette semaine, sur le chemin du retour, nous avons appris le décès de Marthe Robin et décidé de faire un détour par Châteauneuf-de-Galaure (dans la Drôme, village natal de Marthe Robin, ndlr). Nous y sommes arrivés le lendemain de sa mort, le 7 février. On m’avait dit que cette femme était stigmatisée, mais je ne savais même pas ce que signifiait ce terme et, converti depuis quelques mois seulement, je n’avais jamais entendu parler de Marthe. Mais j’étais un peu intrigué…
Quel souvenir en gardez-vous ?
Nous sommes arrivés dans sa chambre et j’ai été saisi par l’ambiance feutrée et douce de la pièce et du peu de lumière qui filtrait, même après son décès. J’ai alors découvert ce « petit bout de femme »… Elle était assez âgée ! Beaucoup de photos de Marthe la montrent quand elle avait une trentaine d’années, mais quand je l’ai vue elle devait avoir près de 80 ans. Et son visage était si paisible… Son front m’a particulièrement marqué. Il y avait des traces de sang, comme des croutes, pas énormes mais bien visibles. J’étais impressionné.
Que vous a apporté cette rencontre ?
Après avoir quittée Marthe, je me suis mis à la prier et à énormément lire sur sa vie. Je l’ai choisie comme ma petite sœur dans ma vocation sacerdotale. La question de la vocation est en effet arrivée peu après et j’ai mis Marthe « dans le coup ». Comme je le dis dans mon livre Dieu en plein cœur, Marthe doit avoir le pied marin parce que j’ai souvent eu recours à elle quand ma vie tanguait ! Et à chaque fois, j’ai vraiment senti son soutien.
Quel lien avez-vous avec elle aujourd’hui ?
Je la prie toujours comme une petite sœur dans le Ciel et j’ai beaucoup d’amis dans les Foyers de Charité. Je vais régulièrement à Châteauneuf me recueillir dans la chambre de Marthe. Elle fait partie de ma vie, de mon univers. Je suis tellement content de savoir qu’elle est vénérable ! C’est un vrai signe de reconnaissance qui me touche beaucoup.
Vous ouvrirez, en septembre 2015, Capmissio, une nouvelle école d’évangélisation à Montpellier. Comment ce projet est-il né ?
Suite à cette mission d’évangélisation à Megève, le père Daniel-Ange qui était l’un des prêtres de l’équipe, s’est dit que faire intervenir un jeune auprès des jeunes était une idée géniale. J’ai participé à plusieurs missions avec lui entre 1981 et 1984. Il a alors fondé la première école d’évangélisation. Le principe est de dispenser une formation à des jeunes tout en leur donnant la possibilité de s’investir auprès d’autres jeunes. Ceux-ci n’ont pas le temps de se former spirituellement pendant leurs études et le regrettent. L’Église, par ces écoles, répond à ces deux besoins de formation et d’évangélisation. Pendant mes missions, j’ai toujours prié Marthe dans mon cœur. Pour moi, elle est vraiment présente de manière étonnante dans la mise en place de ce projet d’école d’évangélisation à Montpellier.
En quoi cette nouvelle école d’évangélisation sera différente ?
Il y a en actuellement deux en France, une à Jeunesse Lumière (à Vabre dans le Tarn, ndlr) et une seconde à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire, ndlr). Avec Capmissio, je fonde la première école liée à un diocèse, au cœur d’une ville étudiante – près de 65 000. L’école formera des jeunes en leur donnant une formation diplômante, un certificat d’initiation à la théologie en partenariat avec le Centre universitaire Guilhem de Gellone (CUGG). Ainsi il n’y aura pas de rupture dans leur cursus universitaire. La particularité de cette année est aussi qu’ils seront très régulièrement en mission, les vendredi, samedi et dimanche, une semaine sur deux. Ces jeunes seront vraiment sur le terrain de la mission dans tout le diocèse, en prise avec le terrain local.
Comment les missions seront-elles choisies ?
Nous répondrons aux demandes. J’ai connu ce modèle à Sydney en Australie. Des directeurs d’établissement, des prêtres ou des responsables d’aumônerie envoient des demandes et l’école d’évangélisation organise ensuite le planning. Il y a de l’offre et de la demande, c’est toute une logistique ! Même si l’école n’ouvre qu’en septembre 2015, le programme est en route et les premières demandes arrivent déjà.
Combien de jeune accueillerez-vous et quels seront leurs profils ?
Nous prévoyons d’accueillir 12 personnes : 6 jeunes filles et 6 jeunes hommes, entre 20 et 27 ans. Nous préférons en effet qu’ils ne sortent pas du lycée mais aient déjà eu une première expérience étudiante afin de mieux connaître l’univers dans lequel ils évolueront. Ce peut être une bonne opportunité pour une année de césure pour des étudiants qui voudraient se réorienter ou faire une pause dans leur cursus. Au-delà de la formation, nous proposerons aussi du discernement, vocationnel si besoin mais aussi professionnel. Ils devront bien sûr déjà avoir la foi et cultiver le désir d’être mieux formés intellectuellement mais aussi de prendre du temps pour entretenir une vraie relation au Christ et répondre ainsi à l’appel du pape François d’être des disciples missionnaires. Nous commencerons la campagne de recrutement au mois de janvier.
Votre bestseller Dieu en plein cœur est ressorti à la rentrée en version poche. Quel nouveau public espérez-vous toucher ?
La première édition, sortie en 2008, a connu un immense succès. Nous avons décidé d’en proposer une « mise à jour » avec un titre plus accrocheur : Dieu en plein cœur : né de père inconnu, élevé par un gangster. Le but est de rejoindre ceux qui sont les plus loin de la
foi. Nous avons déjà touché les « cathos », nous espérons maintenant atteindre un public plus large.
Quel message souhaitez-vous faire passer à ces nouveaux lecteurs ?
Aucun destin n’est tout tracé ! Quand on connaît mon histoire, j’étais censé mal finir. Croyant ou pas, tout le monde peut entendre ce message : rien n’est écrit d’avance. Et aussi, quand on accueille vraiment le Seigneur, c’est toute une vie qui se reconstruit. La rencontre avec le Christ est passionnante et remplit une vie. Marthe Robin en est le parfait exemple.
Propos recueillis par Mathilde Rambaud
Plus d’informations sur le site de Capmissio et le blog du père René-Luc