La Curie est gravement malade, estime le Pape, qui en a entamé une réforme profonde. Inventaire de ses maux avec les mots de François…
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En détaillant le maux de la Curie lors de son discours de voeux, le Pape a résolument appelé celle-ci à une réforme spirituelle : "Il est agréable de penser à la Curie romaine comme à un petit modèle de l’Église. C’est-à-dire comme à un corps qui essaie, jour après jour d’être plus vivant, plus sain, plus harmonieux et uni avec lui-même et avec le Christ. La Curie est toujours appelée à s’améliorer et à croître dans la communion, la sainteté et la sagesse pour réaliser pleinement sa mission." Voici les 15 maladies graves qui la touchent, selon le Saint Père.
1. Se croire immortel, immunisé ou indispensable
Première maladie de la Curie : se sentir "immortel", "immunisé" ou a "indispensable" en négligeant les contrôles nécessaires et habituels. Une Curie qui ne " s’autocritique pas, ne s’améliore pas, est un corps malade, infirme. Une visite ordinaire au cimetière pourrait nous aider à voir les noms de tant de personnes, qui se considéraient probablement être indispensables, invulnérables et indispensables ! C’est la maladie de l’homme riche insensé de l’Evangile qui pensait vivre éternellement (et de ceux qui se transforment en maîtres et se sentent supérieurs à tous, et non au service de tous.
2. L’excès de travail, ou "marthalisme"
Il y en a une autre : la maladie du "marthalisme" (de sainte Marthe), de l’activité excessive. Autrement dit de ceux qui se noient dans le travail, négligeant inévitablement "la meilleure part": s’asseoir aux pieds de Jésus ( Lc 10, 38-42). C’est pourquoi Jésus a appelé ses disciples "à se reposer un peu" " (Mc 6, 31) , car négliger le repos nécessaire conduit au stress et à l’agitation. Le temps de repos, pour celui a mené à terme sa mission, est utile et nécessaire, et doit être vécu sérieusement: passer un peu de temps avec sa famille et respecter les jours fériés comme des moments pour "se recharger" spirituellement et physiquement ; il faut apprendre ce qu’enseigne il Qoèlet :"il y a un temps pour tout "
(3, 1-15).
3. L’endurcissement mental ou spirituel
Il y a aussi la maladie de la fossilisation, l’endurcissement mental et spirituel : ceux qui possèdent un cœur de pierre et une "nuque raide" (Acta 7,51-60); ceux qui, chemin faisant, perdent leur sérénité intérieure, la vivacité et l’audace et se cachent sous les papiers devenant des "machines de pratiques" et non "des hommes de Dieu". Il est dangereux de perdre la capacité de pleurer avec ceux qui pleurent et de se réjouir avec ceux qui se réjouissent ! C’est la maladie de ceux qui perdent les "sentiments de Jésus". Car, au fil du temps, leur cœur se durcit et devient incapable d’aimer inconditionnellement le Père et leur prochain (Mt 22, 34-40). Etre chrétien, en effet, signifie" avoir les mêmes sentiments du Christ Jésus, sentiments d’humilité, de générosité et de dévouement que le Christ ".
4. La planification excessive
Quand l’apôtre planifie tout minutieusement et croit que, ce faisant, les choses progressent effectivement, il devient un expert-comptable ou un commerçant. Préparer tout parfaitement est nécessaire, mais sans jamais tomber dans la tentation de vouloir enfermer ou piloter la liberté de l’Esprit Saint […] "Il est toujours plus facile et commode de s’adapter à ses propres positions statiques et immuables. En réalité, l’Eglise se montre fidèle à l’Esprit Saint dans la mesure où elle ne prétend pas le règlementer et le domestiquer…"
5. Le manque de coordination
Quand les membres perdent la communion entre eux et que le corps perd son fonctionnement harmonieux, devenant un orchestre qui qui produit du bruit parce que ses membres ne collaborent pas et ne vivent pas l’esprit de communion et d’équipe […]
6. L’" Alzheimer" spirituel
Autrement dit l’oubli de l’ "histoire du salut", de l’histoire personnelle avec le Seigneur", du "premier amour" " (AP 2, 4). C’est une perte progressive des facultés spirituelles qui petit à petit provoque de graves "incapacités" chez la personne qui en souffre. Elle devient incapable d’exercer une activité autonome, et vit dans un état de dépendance absolue de ses conceptions, souvent imaginaires. On le voit chez les personnes qui ont perdu la mémoire de leur rencontre avec le Seigneur ; chez ceux qui dépendent totalement de leur "présent", de leurs passions, caprices et manies. Içà)ls se construisent des murs autour d’eux des "murs et des habitudes, devenant de plus en plus esclaves d’idoles"…
7. La vanité de la gloire
Quand l’apparence, les couleurs des vêtements ou les médailles deviennent le but premier dans la vie… Cette maladie nous conduit à être des hommes et des femmes faux, à vivre un faux "mysticisme" et un faux "quiétisme"…
8. La schizophrénie existentielle
C’est la maladie de ceux qui vivent un double vie, fruit de l’hypocrisie typique des personnes médiocres et du vide spirituel progressif que les diplômes ou titres universitaires ne peuvent combler. Une maladie qui frappe souvent ceux qui, abandonnant le service pastoral, se bornent aux activités bureaucratiques, et perdent ainsi le contact avec la réalité, avec les personnes concrètes. Ils se créent ainsi leur monde parallèle, où ils mettent de côté ce qu’ils enseignent sévèrement aux autres et commencent à vivre une vie cachée et souvent dissolue. La conversion est urgente et indispensable pour cette maladie gravissime.
9. Les commérages et les ragots
De cette maladie, j’ai déjà parlé maintes fois, mais jamais assez : c’est une maladie grave qui commence simplement, par un ou deux bavardages, puis s’empare de la personne, qui devient "semeuse de zizanie" (comme Satan), et souvent un "homicide de sang-froid" de la réputation de ses collègues et confrères. C’est la maladie des personnes lâches qui, n’ayant pas le courage de parler directement, parlent derrière votre dos…
10. La déification des chefs
C’est la maladie de ceux qui courtisent leurs supérieurs, espérant obtenir leurs faveurs. Victimes de leur carriérisme et de l’opportunisme, ils honorent les personnes et non Dieu… Ces personnes vivent le service en pensant uniquement à ce qu’ils doivent obtenir, et non à ce qu’ils doivent donner. Ce sont des personnes mesquines et inspirées par leur propre et fatal égoïsme Gal 5,16-25). Cette maladie peut aussi frapper les supérieurs quand ils courtisent leurs collaborateurs pour obtenir leur soumission, leur loyauté et leur dépendance psychologique. Mais le résultat final est une véritable complicité.
11. L’indifférence aux autres
Quand chacun ne pense qu’à soi et perd la sincérité et la chaleur des relations humaines. Lorsque le plus expérimenté ne met pas sa connaissance au service de collègues moins expérimentés. Quand on a connaissance de quelque chose et qu’on le garde pour soi au lieu de le partager positivement avec les autres. Quand, par jalousie ou par ruse, on se réjouit de voir l’autre tomber au lieu de le relever et de l’encourager.
12. La "tête d’enterrement"
C’est la maladie des personnes qui pensent que, pour avoir l’air sérieux, il faut se faire un visage mélancolique, sévère, et traiter les autres – surtout les inférieurs, avec rigueur, dureté et arrogance. En réalité, la sévérité et le pessimisme stérile trahissent souvent la peur et le manque d’assurance L’apôtre doit s’efforcer d’être une personne polie, sereine, joyeuse et enthousiaste. Un cœur plein de Dieu, est un cœur heureux qui rayonne et communique sa joie à son entourage…
13. La thésaurisation
Quand l’apôtre cherche à combler un vide existentiel dans son cœur en accumulant des possessions matérielles, non par nécessité, mais seulement pour se sentir en sécurité […]
14. Les cercles fermés
Quand l’appartenance à un clan devient plus forte que celle au Corps et, dans certains cas, au Christ. Cette maladie peut commencer avec de bonnes intentions. Mais, petit à petit, elle asservit les membres, devenant un "cancer" qui menace l’harmonie du Corps et cause tant de mal – scandales – en particulier à nos frères plus petits.
15. La mondanité et l’exhibitionnisme
Quand l’apôtre fait de son service un pouvoir, et de son pouvoir une marchandise pour obtenir des profits mondains ou plus de pouvoirs. C’est la maladie des personnes qui cherchent sans relâche à multiplier leurs pouvoirs et, pour arriver à leurs fins, sont capables de diffamer, calomnier et discréditer les autres, même dans des journaux et magazines. Naturellement, afin de montrer leur supériorité sur les autres. Cette maladie aussi fait beaucoup de mal car elle conduit les personnes à estimer que tout est bon pour parvenir à ses fins, souvent au nom de la justice et de la transparence ! …