Le massacre de 43 étudiants enlevés fin septembre n’en finit pas d’ébranler le pays et connaît des répercussions internationales.
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Serait-ce le massacre de trop ? Alors que le Mexique compte au moins 16 000 personnes disparues (Aleteia), l’indignation ne cesse de croître après l’enlèvement et l’assassinat de 43 étudiants qui manifestaient contre les narcotrafiquants et la corruption des autorités locales, à Iguala, le 26 septembre dernier. Dimanche
14 décembre, des heurts entre proches des étudiants disparus et forces de l’ordre ont fait une dizaine de blessés, manifestants et policiers fédéraux, à Chilpancingo, la capitale de l’État du Guerrero. Parmi les blessés figurent les pères de deux des 43 étudiants disparus. « Ils s’étaient rassemblés à l’aube, ce dimanche, pour bloquer une avenue et organiser un concert en solidarité avec les familles des disparus », rapporte RFI.
31 000 élèves privés d’école
Dans cet État du Guerrero où s’est produite cette énième tragédie, l’insécurité vient de conduire plus de 190 écoles de la célèbre station balnéaire d’Acapulco à fermer leurs portes, soit un total de 31 000 élèves privés d’école depuis deux semaines. Une décision prise par les autorités provinciales « jusqu’à ce que nous soyons en mesure de garantir la sécurité que méritent les enfants », a expliqué le secrétaire en charge de l’Éducation de l’État du Guerrero (Le Monde). Acapulco est l’un des théâtres des affrontements entre cartels de la drogue qui ne reculent pas davantage que les islamistes devant les enlèvements et les assassinats d’innocents.
Livrés aux trafiquants par la police locale
L’inquiétude et l’exaspération des habitants sont renforcées par les soupçons qui planent sur l’enquête menée par les autorités fédérales. Celles-ci ont pourtant renforcé la police fédérale et décidé de dissoudre les polices municipales réputées corrompues par le crime organisé : celle du Guerrero aurait carrément livré les étudiants aux trafiquants après les avoir arrêtés, vraisemblablement sur ordre du maire de la ville, selon les conclusions officielles de l’enquête du procureur fédéral du Mexique.
Mais cette enquête vient d’être contestée par une étude de scientifiques mexicains qui jugent « impossible » que les corps des
43 étudiants (dont un seul a pu être identifié) aient tous été brûlés à l’endroit indiqué par les autorités, une décharge, proche de Cocula. Cette étude a été transmise aux Nations Unies (Metronews). D’autre part, Amnesty International (AI) a exigé du procureur général du Mexique « vérité, justice et dédommagement » pour la disparition des 43 étudiants, dans une pétition signée par 120 000 personnes de huit pays : « À Mexico, devant une grande fresque murale portant les 120 000 signatures et sur laquelle figurent les visages des étudiants disparus, le directeur exécutif d’AI au Mexique, Perseo Quiroz, a déclaré : "Il n’y a pas de mur assez vaste pour couvrir et manifester l’indignation que ressentent les Mexicains et le monde entier en ce qui concerne cette affaire" » (Courrier International).
« Assez de sang ! »
« Basta ya ! » (en voilà assez !), ont lancé les évêques du Mexique lors de leur assemblée plénière, le mois dernier : « Nous ne voulons plus de sang. Nous ne voulons plus de morts. Nous ne voulons plus de disparus. Nous ne voulons plus de douleur ni de honte. En tant que Mexicains, nous partageons la douleur et la souffrance des familles dont les enfants ont été tués ou sont disparus à Iguala, et des milliers d’autres victimes anonymes dans différentes régions de notre pays. Nous nous unissons au cri qui se répand en faveur d’un Mexique où la vérité et la justice provoquent une profonde transformation au niveau institutionnel, juridique et politique, afin que de tels faits ne se répètent jamais plus ».
Les évêques avaient proposé à toute la population de prier pour la paix civile et la conversion des Mexicains durant 12 jours, du
30 novembre au 12 décembre, fête de la Madonne de Guadalupe (Radio Vatican).
Légende photo : Les enquêteurs sur le lieu où auraient été brûlés les cadavres des étudiants assassinés.