Préserver la dignité des familles, les loger en dur, scolariser les enfants pour bâtir l’avenir : tels sont les trois caps de ceux qui soutiennent les chrétiens réfugiés à Erbil.
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« Il semble que ces gens ne veuillent pas que nous soyons chrétiens », remarquait le pape François dans le message vidéo surprise qu’il avait réservé aux chrétiens réfugiés à Erbil. Et pourtant, 1 400 ans après, ils sont encore chrétiens, et encore là. Mais dans quelles conditions ? Le Saint-Père a surnommé les chrétiens d’Irak « roseaux de Dieu », ceux qui plient sans se rompre, pour se redresser ensuite, une fois épuisée la folie meurtrière de Daesh.
Mais ces roseaux de la foi ont tout perdu en l’espace d’un seul jour : leur maison, leurs biens, leur travail… Celles et ceux à qui une délégation d’une centaine de personnes du diocèse de Lyon aura été la première à rendre visite ne peuvent faire qu’une seule chose : attendre. Les enfants attendent de retourner à l’école, les parents attendent de trouver du travail, les familles attendent l’aide alimentaire et médicale. Tous (sur)vivent en attendant un hypothétique retour… ou de s’envoler vers un pays étranger.
Une famille dans 10 mètres carrés
Les chrétiens d’Irak, réfugiés dans leur propre pays, ont bien besoin de notre aide et de nos prières, car ils sont désespérés. Le temps passe, l’hiver est là, mais leur exil interne est parti pour durer. Certes, peu à peu, les camps de tentes sont remplacés par des logements en dur. Mais une famille entière s’entasse dans des pièces de 10 m2, parfois sans fenêtre. Comment résister à la tentation du départ ? « Toute ma famille est déjà aux USA », confie un homme dans le couloir d’un mall désaffecté transformé en hébergement d’urgence pour plus d’un milliers de chrétiens, dans des conditions très précaires.
Dans un hôtel inachevé, mis à disposition par son propriétaire chrétien, les financements venus de Lyon permettent d’accueillir plus de 400 familles de réfugiés dans de meilleures conditions. Mais les besoins sont immenses, et l’espoir s’étiole. « Un vieux proverbe araméen dit que si l’on est solidaire, la poussière peut devenir de l’or, confie le père Hani Daniel, qui œuvre sur place aux côtés de ses frères Dominicains. Notre rôle est de venir en aide à ceux qui n’ont pas la violence comme moyen. Ce ne sont pas des lâches, la violence n’a jamais rien résolu. Dans un premier temps, nous essayons de maintenir la dignité de ces familles. » Au sein de l’immeuble Al Amal, qui accueille 410 familles et 1 600 personnes, « cela nous revient à
2 000 $ le logement », explique Khelil Aitou, leur maître d’œuvre. Peu à peu, les familles quittent les tentes pour prendre leurs quartiers d’hiver (un peu ) à l’abri. Prochaine étape : construire le quatrième étage de l’immeuble…
Partir ou bâtir ?
Faut-il, plutôt qu’espérer retourner dans la plaine de Ninive, bâtir une cité solide et bien protégée, pour tous les chrétiens, au Kurdistan irakien ? C’est une des pistes évoquées sur place, plutôt qu’un hypothétique retour dans une maison pillée, pour être tôt ou tard de nouveau menacé par la folie djihadiste. L’envie de partir taraude les esprits, et on les comprend, ces hommes, ces femmes, ces enfants, qui n’ont pu sauver que leur vie. Nombreux sont ceux qui, en partageant le déjeuner d’une famille de chrétiens réfugiés, se sont vus poser les mêmes questions : peut-on venir dans votre pays ? Comment aller en France, aux USA, en Italie ? Quant au séminariste originaire de Mossoul que nous avons rencontré, il ne deviendra sans doute prêtre… que lorsque son diocèse existera de nouveau.
Une superbe procession mariale dans les rues d’Ankawa, la cité chrétienne d’Erbil. La projection inattendue d’un message vidéo du pape François sur écran géant. Et l’idée géniale de générosité de délocaliser la célèbre fête des lumières lyonnaise à Erbil… Malgré tout cela, ces signes d’espoir et de solidarité, comment ne pas ressentir que les réfugiés ne se voient pour l’instant guère d’autre avenir que le départ ? Tout père, toute mère conçoit sans peine la croix portée par chacune de ces familles, qui n’imaginent ni futur, ni même présent pour leurs enfants. Des enfants qui représentent l’avenir des chrétiens en Irak. « Il faut aider à la scolarisation, rappelle le père Hani Daniel. Nous sommes responsables de l’avenir de ce pays. » Et à nous, chrétiens du monde, de les y aider, en priant, en donnant, en en parlant, pour être des semeurs d’espérance pour les chrétiens d’Irak.