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Encore une fois, la traduction liturgique est prise en défaut. Elle parle, dans la première lecture, celle d’Isaïe, de Jérusalem dont le « crime est pardonné, et qui a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes ».
Drôle de consolation qui consiste en une punition redoublée. Mais en réalité, le texte hébreu ne parle pas de châtiment, mais littéralement « comme deux fois dans tous ses péchés ». Que pourrait être ce deux fois, ce double pour toutes ses fautes ? L’évangile de Marc va nous éclairer : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Messie et Fils de Dieu ».
Commencement : archè. C’est le mot grec qui traduit l’hébreu beréschit le premier mot de la Bible : « Au commencement Dieu créa ». Marc, Luc et Jean l’utilisent pour Jésus, tandis que Matthieu emploie un mot équivalent, « genèse ». Il s’agit donc d’une nouveauté absolue, d’une nouvelle création, d’une bonne nouvelle inouïe.
Mais une heureuse annonce qui vient de qui ? De Jésus : il s’agit d’un homme. C’est un prénom d’homme : Josué-Jésus fils de Noun, le successeur de Moïse ou encore Jésus ben Sirach, le « Siracide », qui a écrit l’Ecclésiastique. La première consolation est la Bonne Nouvelle d’un Messie qui est vrai homme. Et la deuxième consolation est qu’il est « l’Unique Inengendré, Dieu né de Dieu, lumière né de la lumière », dira saint Jean. Marc, lui, l’exprimera en deux étapes. Au milieu de son évangile, en 8,29, Simon Pierre, le juif, confesse à Jésus : « Tu es le Messie » et à la fin, en 15,39, au pied de la croix, le centurion romain, le païen, « voyant comment Jésus avait expiré, dit : "Vraiment cet homme était Fils de Dieu" ».
Juifs et païens se rejoignent donc dans une foi qui les dépasse face à l’Amour indicible de Dieu dévoilé en Jésus Messie-Fils de Dieu. Marc dit donc que son Évangile est « un commencement » afin qu’il devienne notre propre chemin et que, en le mettant en pratique, nous l’écrivions par toute notre vie. Et pour cela, nous avons à imiter Jean le Précurseur : « Jean paraît dans le désert et proclame un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». C’est dans la solitude du désert que nous devons préparer la venue du nouveau monde, là où nous ressentons notre fragilité, là où s’éveille notre vraie soif de Dieu.
« Ils se faisaient baptiser par lui en reconnaissant leurs péchés. » Il est vain de s’indigner si nous ne commençons pas par nous changer nous-mêmes. Je peux changer le monde si je commence par moi-même. « Jean était vêtu d’un vêtement en poils de chameau… Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. » Jean est habillé comme le prophète Élie (2R 2,8). Il est le prophète qui prépare la venue du Messie. Il prévient avec rudesse d’annoncer que le péché produit des catastrophes : il a en bouche des sauterelles, celles des dix plaies d’Égypte. Mais ses lèvres sont aussi pleines de miel, c’est-à-dire de la douceur de la Parole d’un Dieu qui n’est que « tendresse et pitié ».
« Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber pour défaire la courroie de ses sandales ». Cela renvoie à la sandale du rachat : Booz qui veut épouser Ruth pour lui donner une postérité et la rétablir dans sa dignité de femme, tient une sandale en main, la sandale du goël (Ruth 4, 7).
C’est Jésus, et non le Baptiste, qui vient exercer son droit de rachat sur l’humanité qu’il rétablit dans sa dignité royale d’épouse et qu’il conduit vers l’éternité divine.