Les actions du groupuscule extrémiste à Notre-Dame de Paris sont demeurées impunies. En sera-t-il autrement cette fois-ci ?
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La visite du pape François à Strasbourg, mardi 25 novembre, aura été l’occasion pour les Femen de s’exhiber à nouveau, d’abord place Saint-Pierre, à Rome (où elles ont été plutôt mal reçues), puis dans la cathédrale de Strasbourg, à la veille de la visite papale. L’une d’entre elles s’est introduite dans le chœur de la cathédrale et s’est mise torse nu sur l’autel, en agitant brièvement un drapeau européen, avec inscrit sur son torse « Antisecular Europe », et « Pope is not a politician » sur son dos. Une fois son « happening » commis, la militante est rapidement repartie, pour ne pas se frotter à la police. Mais si jusqu’alors on ne peut guère dire que les autorités aient brillé par leur sévérité, comme l’a encore démontré le dernier communiqué de presse du ministre de l’Intérieur, il semblerait cette fois que le lieu ait été mal choisi pour cette activiste, qui pourrait risquer gros.
Le délit de blasphème en vigueur en Alsace-Moselle
Contrairement au reste de la France, le droit local d’Alsace-Moselle condamne fermement les troubles à l’encontre des cultes. Le régime juridique de la région, annexée par l’Allemagne entre 1871 et 1918, a en effet conservé les dispositions prises par l’Empire lorsque celles-ci sont considérées plus favorables à la population.
Et parmi ces dispositions maintenues figure le délit de blasphème, prévu par l’article 166 du Code pénal local : « Celui qui aura causé un scandale en blasphémant publiquement contre Dieu par des propos outrageants, ou aura publiquement outragé un des cultes chrétiens ou une communauté religieuse établie sur le territoire de la Confédération et reconnus comme corporation, ou les institutions ou cérémonies de ces cultes ou qui, dans une église ou un autre lieu consacré à des assemblées religieuses, aura commis des actes injurieux et scandaleux, sera puni d’un emprisonnement de trois ans au plus. »
L’objectif de cette loi maintenue est de protéger les différents croyants de toute forme d’agression et de dénigrement, et n’incarne en aucun cas une pratique répressive archaïque, comme l’a expliqué le président de l’Institut de droit local alsacien-mosellan à Jolpress.
Mais il est dès lors envisageable que les Femen soient condamnées cette fois-ci, ce qui ne serait pas une première dans la région. Le journaliste Pierre Jova rappelle en effet qu’« en 1954, le tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné selon les articles 166 et 167 du code pénal local des individus ayant perturbé un office à la cathédrale de Strasbourg ». Plus tard, en 1999, la Cour de cassation a confirmé une condamnation prononcée par la cour d’appel de Colmar contre une perturbation d’office religieux. De même, la Femen qui s’était donné en spectacle dans la cathédrale de Cologne le soir de Noël 2013 a été poursuivie par la commune, et encourt à ce jour une peine de trois ans d’emprisonnement.
Dans un communiqué, l’archevêque de Strasbourg, Mgr Jean-Pierre Grallet, a expressément demandé aux autorités publiques de restaurer la justice et de maintenir l’ordre, appelant tous les fidèles à s’unir d’intention à une prière de réparation à l’occasion d’une messe spéciale célébrée ce jeudi.
ST