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Irak : « Nous sommes réfugiés dans notre propre pays », confie le patriarche Joseph III Younan

Joseph III Younan

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De passage à Paris, le patriarche d’Antioche et de tout l’Orient s’est confié à l’Aide à l’Église en détresse (AED) sur la tragédie irakienne.

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De passage à Paris, Sa Béatitude Joseph III Younan, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, et primat de l’Église catholique syriaque, s’est entretenu avec l’AED sur la tragédie irakienne, la situation des réfugiés aujourd’hui, le rôle spécifique de la France, le silence de la communauté internationale, l’avenir du Liban…

Vous avez rendu visite aux réfugiés irakiens au Kurdistan il y a deux semaines, comment vont-ils ?
Le moral est devenu vraiment très bas. Cela fait depuis des mois que les réfugiés sont dans cette situation humainement insupportable parce qu’ils n’ont absolument rien. L’hiver a commencé, l’assistance humanitaire manque et parfois ils se sentent humiliés. Par exemple, il y a deux semaines, des denrées alimentaires étaient distribuées mais dans les caisses, ils ont trouvé des souris mortes ! Imaginez donc quelle a été la réaction des gens, eux qui vivaient d’une manière convenable, ils avaient leur maison, leur travail, leur église et ils sont devenus, sans faute de leur part, juste parce qu’ils étaient chrétiens, des réfugiés dans leur propre pays, sans ressource. Nous traversons un temps très, très tragique. Nous avons besoin de logement, d’alimentation, d’aide médicale, d’écoles, car ce n’est pas un petit nombre qui a été forcé à l’exil mais des milliers (140 000) et la région ne peut pas répondre à tous les besoins.

Quel avenir pour les réfugiés ?
Nous avons été menacés d’éradication il y a cinq mois lorsque Mossoul a été envahie par les terroristes imposant leur charia. Puis, il y a plus de deux mois, la plaine de Ninive. Nous, les syriaques catholiques, nous avons été très touchés.  Nous avons tout laissé. Nous sommes réfugiés dans notre propre pays. Alors, aujourd’hui, il faut continuer à redonner aux réfugiés la confiance et le courage, l’espoir qu’un jour ils pourront retourner chez eux. Mais ce jour paraît de plus en plus irréel et c’est ce qui fait que le moral est devenu de plus en plus bas.

Pourquoi venir en France ?
Je suis ici en France et en Europe pour porter la voix de ces communautés qui ont été persécutées, forcées à l’exil et privées de tout à cause de leur foi chrétienne. Malheureusement le monde occidental soi-disant « civilisé » est plutôt  silencieux ! C’est pourquoi, nous appelons à toutes les consciences pour les  aider, leur donner justice, libérer les villages de ces bandes de criminels terroristes.

Avez-vous l’impression d’être entendu par les politiques ?
Vous savez que les responsables de la politique sur le plan international ont d’autres stratégies que de penser à des minorités, qui n’ont ni le nombre ni les richesses qui attirent. Et pas de pétrole non plus, c’est-à-dire que nous n’offrons pas  d’opportunités économiques. Enfin, nous chrétiens d’Irak, de Syrie, nous n’apportons pas de menace de haine et de terreur contre les pays soi-disant civilisés, nous ne menaçons pas la paix ou la tranquillité de ces pays, donc nous sommes oubliés. Nous essayons de réveiller les gens et d’éveiller les esprits mais c’est difficile. Nous avons besoin que la famille internationale des nations prenne des mesures concrètes pour faire justice aux réfugiés et qu’ils puissent retourner chez eux en sécurité.

L’attentat qui a eu lieu mardi à Erbil menace-t-il encore plus la sécurité des réfugiés ?
Quand on parle d’attentats terroristes, ce n’est pas toujours les chrétiens qui sont visés. Là c’était le gouverneur. Ces sortes d’attentats, bien sûr, s’ajoutent encore à la peur des gens et aussi à leur réflexions : « Qu’est-ce qu’on peut faire ici ? Nous devons trouver d’autres pays où nous pourrons vivre avec nos enfants dans la dignité de vrais citoyens, citoyennes ! » Nous leur disons : « Restez forts, patientez, continuez à témoigner de votre foi, restez attachés à votre pays… ». Seulement ce n’est pas facile. Ceux qui reçoivent les coups ne sont pas dans la même situation que ceux qui les donnent. Lire la suite de cette interview sur le site de l’Aide à l’Église en détresse

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