Le secret est absolu et inviolable et l’Église n’admet pas d’exceptions en la matière, rappelle à Aleteia le cardinal Mauro Piacenza, grand pénitencier de l’Église catholique.
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Le « sceau de la confession et la confidentialité pastorale », tel est le thème d’un congrès promu par la Pénitencerie apostolique, et qui a rassemblé environ 200 confesseurs du 12 au 13 novembre au Palais romain de la Chancellerie. À cette occasion, Aleteia a interviewé le cardinal Mauro Piacenza, grand pénitencier de l’Église catholique. Le cardinal Piacenza confirme que ces questions sont d’actualité dans une société médiatique et devant la nécessité de protéger l’intimité des personnes qui viennent à l’Église ; l’intimité « ce geste délicat pour protéger les âmes » face à la mode de tout savoir des personnes sur Internet, en consultant leur profil sur les réseaux sociaux par exemple.
L’intimité comme valeur
Dans ce contexte, le haut prélat met en garde contre « une médiatisation excessive » qui menace les personnes et leurs valeurs, affirmant que dans l’Église « la confidentialité est importante ». « La personne doit avoir une sphère ou un endroit où elle puisse être elle-même et non ce qu’on attend qu’elle soit ». C’est pourquoi, « ce sont des "effets" importants et salutaires que l’on désire protéger à travers "le secret et la confidentialité" pour "sauvegarder la renommée et la réputation d’une personne ou respecter les droits de personnes et de groupes », a précisé le cardinal.
Et d’expliquer : « La tâche fondamentale du prêtre est de défendre et préserver l’intimité de la personne en tant qu’espace vital pour protéger sa personnalité et ses sentiments ». Et, dans le cas spécifique du prêtre, pour citer un exemple concret, « celui-ci offrant un service d’assistance matérielle et spirituelle », il est tenu de garder le « secret » des personnes qui viennent à la paroisse ou à l’église. En ce sens, le cardinal souligne que le but de ce secret, qu’il soit sacramentel ou non, est de protéger « l’intimité de la personne, c’est-à-dire la présence de Dieu au plus profond de chaque homme ». Et, à cet effet, il cite saint Augustin : « Deus est superior summo meo et interior intimo meo (Dieu est plus élevé que ce qui est le plus élevé en moi, tout en demeurant plus intérieur que ce qui est le plus intérieur en moi ».
Et le cardinal avertit que, aux yeux de l’Église, celui qui « viole l’intimité de la personne », commet « un acte d’injustice » et, de surcroît, « un acte d’impiété ».
Le secret de la confession
Aleteia : Existe-t-il des exceptions au secret de la confession ?
Cardinal Piacenza : Non. Le secret est absolu et inviolable, et ne souffre aucune exception. Je suis tenu de respecter le secret sur tout ce qui m’a été dit. Le pénitent ne parle pas au prêtre comme à un homme, mais parle à Dieu. Le confesseur ne sait même pas ce qu’il a entendu, parce que, en tant qu’homme, il ne sait pas ce qu’il a écouté. Tout ce qui se dit en confession s’adresse au Bon Pasteur. Selon la doctrine classique, il est absolument interdit au confesseur de cultiver le moindre souvenir. Si, à un moment donné, lui vient à l’esprit un quelconque souvenir, il doit le chasser, comme il le ferait avec tout autre pensée illicite ou mauvaise.
Quelles conséquences, selon le droit canonique, pour le prêtre qui viole le secret de la confession ?
L’excommunication. Une peine gravissime. Briser le secret de la confession, c’est trahir la conversation que la personne a eue avec Dieu. Une violation directe ou indirecte. Dans ce dernier cas, c’est comme si le prêtre mentionnait à d’autres personnes une chose dite par la personne en confession.
Y a-t-il des prêtres qui sont morts pour avoir gardé le secret de la confession ?
Dans les régimes totalitaires, avec la complicité de certaines lois, on a cherché à violer la puissance et le secret de la confession pour avoir des informations sur d’autres personnes. Sous certains régimes, c’est arrivé et, dans certains cas, les prêtres ont été de vrais martyrs de la foi. Saint Jean Nepomucène, par exemple, préféra subir le martyre plutôt que de céder aux pressions du roi de Bohême, qui voulait savoir si la reine l’avait trahi. Saint Nepomucène était le confesseur de la reine.
Donc, la loi d’un pays ne peut obliger un prêtre à violer le secret de la confession… Si la loi stipule que le confesseur doit dénoncer une personne venue se confesser d’un délit, bien évidemment le prêtre n’a pas le droit de le faire.
En juillet 2014, la Cour suprême de Louisiane, aux États-Unis, a ordonné à un prêtre de briser le « sceau » de la confession pour témoigner. Le diocèse de Baton Rouge a réagi en déclarant que cette requête était inconstitutionnelle et allait à l’encontre de la doctrine de l’Église. Quel est votre commentaire sur cette affaire?
Les devoirs de votre mission ne peuvent en aucune façon être violés. Il s’agit d’un devoir plus grave que l’est le secret professionnel. Le diocèse a bien répondu.
Quelle est la position du Saint-Siège lorsque le secret e la confession est menacé par les lois d’un État ?
Le Saint-Siège essaie de ne pas interférer dans les décisions des pays et dans leurs politiques. En respectant la liberté, non pas l’appréciation des lois des pays, mais la véritable liberté. La foi est un acte libre. L’Église doit revendiquer la liberté de culte, celle de l’évangélisation, du sacrement et de la confession. Si l’État ne respecte pas cela, l’Église devient martyre.
Un prêtre peut-il violer le secret de la confession pour sauver la vie d’une autre personne condamnée injustement ?
Non. L’Église défend la vie jusqu’à la fin et toujours. Elle vit en elle ces valeurs. Le confesseur doit assumer le martyre intérieurement. Il peut faire tout son possible pour sauver la vie à travers la prière, la pénitence, le témoignage. Toutefois, il ne pourra jamais parler pour dire que cette personne est l’assassin. Cela, il ne pourra jamais le dire.
Traduit de l’édition hispanophone d’Aleteia par Élisabeth de Lavigne