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Évangile de dimanche : le nouveau Temple

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aleteia - publié le 08/11/14
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Transportons-nous à Jérusalem au temps de Jésus. Qu’il y ait des marchands de bestiaux et des changeurs de monnaie dans les environs du Temple, c’était bien normal et même indispensable : quand on vient en pèlerinage à Jérusalem, parfois de très loin, on s’attend bien à trouver sur place des bêtes à acheter pour les offrir en sacrifice. Quant aux changeurs de monnaie, on en a besoin aussi : on est sous occupation romaine, et les pièces utilisées en ville sont frappées à l’effigie de l’empereur ; mais du coup elles sont interdites au Temple ! Donc, en arrivant au Temple on change ce qu’il faut de monnaie romaine contre de la monnaie juive.

Mais ce qui choque Jésus, c’est que, au lieu de rester à l’extérieur, peu à peu les marchands s’étaient rapprochés du Temple au point de s’installer carrément sur l’esplanade, dans la première cour.

Aux yeux de Jésus, on est en train de transformer insidieusement ce lieu de prière et d’étude des Écritures en « maison de trafic ». D’où sa colère, car on ne peut pas avoir deux maîtres : Dieu et l’argent. Il réagit exactement comme les prophètes : le reproche qu’il fait aux vendeurs (« Ne faites pas de la Maison de mon Père une maison de trafic ») rappelle une phrase de Jérémie qui, un jour de colère également, avait lancé : « Cette Maison sur laquelle mon Nom a été proclamé, la prenez-vous donc pour une caverne de bandits ? » (Jr 7, 11). Et le prophète Zacharie avait annoncé « Il n’y aura plus de marchand dans la Maison du Seigneur le tout-puissant en ce jour-là » (sous-entendu le jour de la venue du Messie – Za 14, 21).

Deux réactions opposées

Face à lui, on réagit de deux manières différentes : d’un côté, il y a ses disciples, de l’autre ceux que Jean appelle « les Juifs ». En réalité, juifs, ils le sont tous, mais dans le langage de Jean, cela veut presque toujours dire « opposants ». Ses disciples, ceux qui le connaissent déjà, qui ont assisté au miracle de Cana, qui ont commencé à croire en lui, se souviennent du psaume 68 / 69 qui disait : « le zèle de ta maison m’a dévoré ». C’est la plainte d’un croyant qui est persécuté à cause de sa foi : « Dieu d’Israël, c’est à cause de toi que je supporte l’insulte, que le déshonneur couvre mon visage, et que je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère. Oui, le zèle pour ta maison m’a dévoré ; ils t’insultent et leurs insultes retombent sur moi. » (Ps 68/69, 8-10). Le psaume, lui, parle au passé : « Le zèle pour ta maison m’a dévoré », alors que Jean reprend cette phrase au futur : « Le zèle de ta maison me dévorera ». Manière d’annoncer la persécution qui attend Jésus et qui commence déjà d’ailleurs ! Nous sommes encore au tout début de l’évangile de Jean, mais le procès de Jésus est déjà esquissé. Les disciples donc reconnaissent dans l’attitude de Jésus un geste prophétique. En revanche, les autres, ceux que Jean appelle « les Juifs » n’ont pas l’intention de s’en laisser remontrer : ce prétendu prophète ne va pas leur faire la leçon. Ils exigent une explication.
 

Le nouveau Temple

La réponse de Jésus ne peut pas les satisfaire : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai ». Pour l’instant, c’est le quiproquo total : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours, tu le relèverais » ; en bonne logique, on ne peut pas leur donner tort. Et encore, quand ils comptent quarante-six ans, les Juifs ne parlent pas de la construction du Temple à partir de rien ! Ils parlent des travaux de restauration entrepris par Hérode. Ce Temple magnifique, désormais, respecté de tous, parce qu’il est le signe manifeste de la présence de Dieu au milieu de son peuple, ce Temple n’attend rien du charpentier de Nazareth.

 
Avec son histoire de trois jours, il est un peu court… Oui mais, ce n’est pas avec notre bonne logique à nous que l’on peut prétendre aborder les mystères de Dieu. Les disciples, non plus, n’ont pas tout compris tout de suite. Mais ils ont certainement été alertés par le chiffre de trois jours. Car, pour un Juif, habitué de l’Écriture, trois jours c’était un chiffre dont on parlait souvent : c’était habituellement le temps nécessaire pour se préparer à rencontrer Dieu. Alors tout s’est éclairé pour eux quand est venu ce troisième jour de la résurrection du Christ. « Quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ».

Et c’est à ce moment-là qu’ils comprirent quelle révolution venait de s’opérer : désormais le signe de la Présence de Dieu parmi les hommes est le corps ressuscité du charpentier de Nazareth. « Pierre rejetée par les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. »

Marie-Noëlle Thabut (L’intelligence des Écritures, Ed. Artège)

 

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