Il faut simplifier la justice de l’Église et veiller à ce qu’elle ne soit pas mêlée aux affaires, estime le Pape.
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« Justice » pour les « couples qui sont dans l’attente » d’une réponse des tribunaux ecclésiastiques, a demandé le Pape François. Intervenant mercredi 5 novembre devant les participants à un cours de pratique canonique « super rato », organisé par le tribunal de la Rote romaine au Vatican, le pape est revenu sur ce dossier.
Le pape François a improvisé un discours sur la « préoccupation » manifestée lors du synode extraordinaire d’octobre sur la « simplification » des procédures de nullité ou de validité de mariage : c’est un « devoir de justice » pour l’Église mère de se prononcer sur la question, a-t-il déclaré d’emblée. Quelques jours avant le synode, le Pape avait déjà institué une commission spéciale à cet effet : « J’ai créé avant le synode une commission chargée de mettre au point plusieurs solutions dans cette ligne: une ligne de justice, et une ligne de charité car il y a tant de couples qui ont besoin d’une parole de l’Église sur leur situation matrimoniale, que ce soit oui ou non, mais que ce soit juste » a-t-il dit.
Des procédures trop lourdes
Le Pape a déploré les procédures longues et fastidieuses qui n’aident pas la justice, sans compter l’éloignement de certains tribunaux. Pour appuyer son propos, il a cité l’exemple de l’archidiocèse de Buenos Aires, dont « le Tribunal interdiocésain englobe, je ne me souviens pas, mais je crois, quinze diocèses en première instance ; je crois que le plus éloigné se trouve à 240 km… Ce n’est pas possible, c’est impossible d’imaginer pour des personnes modestes, simples, de se rendre au Tribunal : elles doivent faire un voyage, perdre des journées de travail, sans compter le coût… alors elles disent : Dieu me comprend, et je continue ainsi, avec ce poids dans l’âme ». Et, a-t-il poursuivi, « l’Église mère doit faire justice et dire : "Oui, c’est vrai, ton mariage est nul", "non, ton mariage est valide". Mais c’est justice que de le dire ». Ainsi les gens peuvent aller de l’avant « sans ce doute et ce noir dans l’âme », a-t-il ajouté.
Le pape François a également souligné l’importance des moments de formation comme celui organisé par la Rote romaine et a remercié Mgr Pio Vito Pinto, doyen de l’institution, pour sa contribution dans la commission chargée de « la simplification » des procédures.
Scandales financiers
Par ailleurs, le pape a demandé aux participants de veiller à ce que les procédures de déclaration de nullité de mariage ne soient pas mêlées « aux affaires » et à l’argent, reconnaissant que « ce ne sont pas des choses rares. Il y a eu des scandales publics. J’ai dû congédier du Tribunal une personne qui disait : "10 000 dollars et je te fais les deux procès, le civil et l’ecclésiastique". S’il vous plait, ça non ! »
Gratuité des procédures
Le Pape a également rappelé que, durant le synode sur la famille, la gratuité des procédures en nullité de mariage avait été évoquée, mais que la question reste ouverte. « Il faut voir… Cependant quand l’intérêt spirituel et l’intérêt économique sont mêlés, cela ne vient pas de Dieu. L’Église mère est si généreuse qu’elle peut rendre justice gratuitement, comme Jésus Christ nous a sauvés gratuitement ». Ce point est important : « séparer les deux choses », a insisté le pape François.
Traduit de l’édition hispanophone d’Aleteia par Élisabeth de Lavigne