De bonnes âmes s’inquiètent du salut éternel de la jeune ursuline désormais rock star internationale. Pour ma part, quoique ni rock, ni star, j’ai tendance à me faire plus de souci pour mon salut que pour le sien…
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
A chaque fois que j’assiste à un show de Sœur Cristina, j’ai dans l’oreille le Lauda Sion, cette séquence composée pour la Fête Dieu par le merveilleux poète qu’était aussi saint Thomas d’Aquin. Et notamment ceci, qui me ravit : « Tantum potes, quantum aude » : de tout ton pouvoir, vas-y, ose ! Certes, il s’agit là de chanter la gloire de Dieu à pleins poumons sans se laisser intimider par la crainte d’une fausse note, pas forcément de reprendre une chanson de la sulfureuse Madonna. Et pas n’importe quel tube de son répertoire, mais, comble d’audace, « Like a virgin » – comme une vierge ! Eh bien, Sœur Cristina l’a fait et ça marche …du feu de Dieu ! Commercialement bien sûr, mais à la voir et à l’entendre -chanter et s’expliquer-, on comprend que ce succès lui est donné par surcroît (et les mirifiques revenus, aux Ursulines…).
« Like a virgin » revisitée
C’est un coup de génie, cette reprise. Mais faut-il dire « reprise » ou métamorphose ? Interprétée par Sœur Cristina, la chanson plus ou moins parodique de Madonna prend d’emblée une tout autre dimension. Elle est revisitée ; un autre esprit l’anime, un esprit virginal, justement ! En bonne syntaxe, la négation d’une négation est une affirmation : tout ce qui semble nié ou moqué dans l’interprétation primitive (mais l’équivoque subsiste d’un bout à l’autre de la chanson, et seule Madonna pourrait la dissiper), est désamorcé, mieux, sublimé, par l’interprétation de Sœur Cristina. C’est une vierge amoureuse qui chante son Bien Aimé, sans retenue, de tout son être, c’est-à-dire en mobilisant éros et agapè (comme dirait Benoît XVI).
« Une si douce caresse d'amour »
Mais n’est-ce pas déjà ce qu’a fait la Bible en s'emparant du poème érotique qu’est le Cantique des cantiques pour lui donner non pas un autre sens, mais une autre dimension ? N’est-ce pas aussi ce qu’a osé le Bernin -non sans soulever des commentaires scandalisés !- en sculptant la transverbération de sainte Thérèse d’Avila comme une extase quasi orgasmique (à admirer dans l’église Santa Maria Della Vittoria à Rome) ? « C'est une si douce caresse d'amour qui se fait alors entre l'âme et Dieu, que je prie Dieu dans Sa bonté de la faire éprouver à celui qui peut croire que je mens » osait écrire la Madre ! La foi est pure, elle n’est pas prude.
Quant à Sœur Cristina, bien sûr, qu’elle prenne garde de ne pas tomber…et nous aussi. Mais même sous les feux de la rampe, elle bénéficie d’une protection qui a fait ses preuves : son habit et l’obéissance à sa supérieure. Elle lui a tout soumis – y compris bien sûr le choix de « Like a virgin » qui avait tout de même fait tousser la révérende mère avant qu'elle se laisse convaincre par les arguments de la jeune professe-, et Sœur Cristina obéira sans l’ombre d’un regret à sa supérieure aussitôt que celle-ci estimera le temps venu de rejoindre l’obscure clarté de son couvent. Voilà ce qu’explique la rock star avec une spontanéité et une simplicité propres à désarmer les esprits les plus soupçonneux, dans toutes ses interviews, notamment celle-ci accordée à TF1 (vidéo).
Mais en attendant cet éventuel contre-ordre, vas-y, fonce, Sœur Cristina ! « Ama et fac quod vis ! » (Saint Augustin).