Travaillez maintenant, vous enfanterez plus tard : Facebook et Apple proposent à leurs salariées de congeler leurs ovocytes pour préserver leur carrière et la productivité. On n’arrête pas le progrès.
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On vit une époque formidable. Et le must du must, l’endroit où il faut vivre pour être dans le coup, c’est en Californie, la Silicon Valley. On y travaille dur mais cool et friendly, en short si l’on veut, avec, comme dit la chanson, une fleur dans les cheveux. A vrai dire, « put a flower in your hair », ça date un peu. On a beaucoup progressé depuis les années soixante-dix. Aujourd’hui, on est moins fleur bleue : on invite les salariées à placer leurs ovocytes dans un congélateur, selon une information de la chaîne NBC News (14 octobre).
L’offre serait réservée au personnel féminin de Facebook, mais patience, Apple va s’y mettre dès janvier, les deux sociétés souhaitant attirer plus de femmes (les hommes y sont actuellement deux fois plus nombreux). Et ces stars du techno-business feront sûrement des émules. Pensez : plutôt qu’une grossesse au mauvais moment, la fatigue, les nausées, suivies de l’allaitement, des réveils nocturnes, des couches à changer, des maladies infantiles et d’une coûteuse garderie d’enfants, voici un congélateur à votre disposition, Madame, pour le bébé dont vous aurez envie demain ou après-demain, une fois atteint le zénith de votre carrière d’executive woman mais quand votre fécondité aura décliné ! D’accord, ce n’est pas donné : 10.000 dollars par tentative, plus 500 dollars par an pour les frais de garde des ovocytes congelés. Mais quand votre employeur se nomme Facebook ou Apple, il a les moyens. Et généreux, avec ça : restez performante, congelez vos ovocytes, c’est lui qui paie (à concurrence de 20.000 dollars par employée candidate, soit deux tentatives – il faut tout de même rester prudent au cas où certaines y prendraient goût) (Le Monde).
Boulevard Voltaire : « On suggère à Apple et Facebook de faire aussi une banque du sperme, histoire que les employés mâles ne perdent pas non plus leur temps et leur énergie en galipettes chronophages ».
On rit…jaune : c’est à pleurer ! « Hallucinant de convertir la procréation artificielle en un mode de procréation de convenance pour le profit de l’employeur ; destructeur de l’égalité entre les femmes qui devraient travailler sans enfant, et les hommes à qui on ne demande rien ; indigne pour les femmes qui peuvent perdre ainsi leur liberté de concilier travail et vie privée, et risquent de se voir pénaliser de devenir mère « trop tôt » pour le rendement de l’entreprise » s’indigne Caroline Roux sur le site Alliance Vita.
Et les enfants, dans tout ça ? Ne seront-ils pas perturbés d’être élevés par des parents proches du troisième âge et d’apprendre qu’ils ont été conçus non au paroxysme d’un acte d’amour, mais par fécondation artificielle de l’œuf maternel extrait après x années d’une cuve d’azote liquide ? C’est un engrenage, dénonce dans Le Figaro le philosophe et théologien Bertrand Vergely : « Aujourd’hui, on pousse les femmes à congeler leurs ovules. Et demain, où ira-t-on? Les enfants seront-ils faits par la science? Je rappelle qu’il existe un projet d’utérus artificiel, qui pourrait reproduire les conditions optimales pour accueillir un embryon. Un tel projet permettrait une grossesse extra-utérine, débarrassée du père, de la mère. En somme, la reproduction de l’être humain ne passerait plus par le corps de l’humanité mais par une machine. »
Quant aux conséquences physiologiques sur la femme et l’enfant ainsi conçu, elles restent largement inconnues mais des spécialistes estiment qu’elles ne peuvent être anodines. Ils n’ont rien compris au business. Que pèse le principe de précaution face à la loi du profit camouflée en féminisme ?