Le budget de la Défense française suffit-il pour faire face aux nombreux engagements de la France sur tant de théâtres d’opération ?
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
L’histoire est connue : l’armée est la variable d’ajustement du budget, et en période de disette, elle souffre. Jean-Yves le Drian, actuel ministre de la Défense avertissait Matignon en mai dernier que de nouvelles coupes auraient « des conséquences très lourdes sur les plans militaires social et industriel ». Cela est d’autant plus préoccupant que l’armée française a rarement été présente sur autant de théâtres d’opérations à la fois, sans oublier ses troupes prépositionnées.
La quatrième armée du monde en valeur
Pourtant, le budget de la France en matière de Défense demeure élevé si on le compare à celui d’autres pays de même poids économique. Selon les chiffres de la Banque Mondiale cités par l’Expansion, l’armée française dispose de 62 milliards d’euros annuels, ce qui en fait la quatrième armée du monde en valeur. Mais ce budget est en baisse constante depuis 25 ans. La France suit en cela l’évolution de la plupart des puissances mondiales, à l’exception des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie.
Se recentrer sur la lutte contre le terrorisme
Pour Philippe Migault, directeur de recherche à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) cette évolution peut s’expliquer. Interrogé par Radio Vatican il rappelle que les priorités de la Défense ont changé. « Nous ne sommes pas, rappelle-t-il, à moyen terme, menacés d’une invasion terrestre ou d’une agression nucléaire. Il est vital de conserver les savoir-faire de Défense, mais nous devrions recentrer notre budget sur la guerre contre le terrorisme ». Dans cette optique, les services clés de cette nouvelle forme de lutte, notamment les services de renseignement devraient être renforcés.
Quel statut de "grande puissance" ?
Par ailleurs, il est frappant de constater que le pays dont le budget de Défense est le plus proche de celui de la France est le Royaume-Uni. Avec 2,4% de son PIB consacré à son armée, il offre un effort à peine moins important que celui de la France, 2,6%. De toute évidence, le statut d’ancienne puissance coloniale des deux pays les amène à conserver des dépenses militaires importantes malgré un contexte économique défavorable. La France ne peut pas se permettre de faire des économies et atteindre par exemple le niveau allemand soit 1,3% du PIB sans renoncer à son statut de « grande puissance ». Pour reprendre la formulation de Philippe Migault, « si nous déclarons unilatéralement que la France n’a plus vocation à intervenir dans le monde pour défendre ses valeurs ou ses intérêts, cela reviendrait à dire que la prétention de la France à être une puissance d’influence mondiale serait nulle et non avenue. On ne peut pas l’admettre vis-à-vis de l’opinion publique française ».