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VIDÉO. À l’école de la foi : quelles sont les origines du chapelet ?

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La rédaction d'Aleteia - publié le 07/10/14
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Attribuée à saint Dominique (1170-1221), la pratique du chapelet s’est développée progressivement…

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Pendant des centaines d’années, l’Eglise a eu recours au chapelet dans les moments de conflit. Pour Saint Dominique, la prière du rosaire était devenue « une arme spirituelle », et les papes appelaient Marie « la victorieuse des hérésies », invoquant son secours pour les combattre toutes, du catharisme au communisme.

La dévotion au Rosaire s’est développée lentement, sur à peu près 500 ans
La récitation du chapelet comporte 150 (ou 200) Ave Maria (Je vous salue Marie), chaque dizaine étant introduite par un Pater (Notre Père) et suivie par un Gloria (Gloire au Père). Un rosaire correspond à la récitation de trois chapelets. Pendant leur récitation, on médite sur les mystères de la vie du Christ et de sa Mère.

Bien que la tradition populaire attribue l’origine du chapelet à Saint Dominique (1170-1221), aujourd’hui les historiens défendent la thèse d’un développement lent et progressif de sa pratique. Comme l’affirme aussi Jean Paul II dans sa lettre « Rosarium Virginis Mariae » (2002), quand il dit que le rosaire « s’est développé progressivement au cours du deuxième millénaire sous le souffle de l’Esprit de Dieu ».

Aucun texte de l’histoire n’illustre clairement l’essor de cette pratique, mais le père Etienne Richer, dans le « Mariology », explique qu’à la fin du XIème siècle, soit une centaine d’années avant saint Dominique, « une dévotion mariale, caractérisée par de nombreux Ave Maria et des gestes de prostration répétés, était déjà connue et pratiquée en l’honneur de la Vierge, d’abord en l’honneur de ses joies, puis de ses souffrances ». On parle déjà d’une fête du « Rosaire », nom qui vient de la couronne de roses dont était ornée la tête des statues mariales.

A la même période, les frères et moines cisterciens, qui n’arrivaient pas à mémoriser les 150 psaumes que leur ordre priait chaque semaine, récitaient 150 Pater. Les laïcs copièrent très vite cette forme de prière, mais en remplaçant le Notre Père par un Ave Maria. Cette dévotion sera appelée « Psautier de Marie ».

Vers 1200, on dit que la Vierge Marie est apparue à saint Dominique et qu’elle lui a dit : « Récite mon Psautier et enseigne-le à tes hommes. Jamais cette prière n’échouera ». Ce que celui-ci fera en le répandant autour de lui, explique Etienne Richer, au point que cette dévotion au Psautier de Marie sera « incorporée divinement » à la sienne.

Au fil des décennies suivantes, le rosaire et le Psautier de Marie finirent par converger, donnant à cette pratique la forme qu’on lui connaît aujourd’hui : 150 Ave Maria divisés en dizaines, un Pater Noster entre chaque dizaine et trois séries de mystères – joyeux, douloureux et glorieux.

En 2002, Jean Paul II ajoutera au chapelet cinq autres mystères, les mystères « lumineux », expliquant que son dessein principal est de « donner une consistance nettement plus christologique au Rosaire », et de « prendre en compte également les mystères de la vie publique du Christ entre le Baptême et la Passion ».

Le chapelet, arme spirituelle de l’Eglise pour « chasser les démons »
Dès le XIIème siècle, l’Eglise a recours au chapelet dans les périodes de difficulté et de trouble. En 1569, saint Pie V officialise sa pratique, attribuant à sa récitation la destruction de l’hérésie et la conversion de tant de peuples, et sollicitant les fidèles à en faire usage, face à une époque « terriblement tourmentée et affligée par tant de guerres, et par la morale dépravée des hommes ».

Le prolifique Léon XIII (1878-1903), connu surtout pour ses encycliques sociales, a aussi écrit au moins 16 textes sur le saint Rosaire, dont une douzaine sont des encycliques.

Ce « pape du rosaire », comme on le surnommait, a rédigé sa première encyclique sur le rosaire en 1883 (Supremi Apostolatus officio), marquant de cette façon le 25ème anniversaire des apparitions de la Vierge à Lourdes. Il y évoque le rôle de saint Dominique et rappelle que la diffusion du chapelet fut d’un grand secours pour vaincre les hérétiques albigeois dans le sud de la France aux XIIème et XIIIème siècles. Saint Dominique, écrit le pape, « s’avança contre les ennemis de l’Eglise catholique, animé de l’Esprit d’en haut ; non avec la violence et avec les armes, mais avec la foi la plus absolue en cette dévotion du Saint Rosaire que le premier il a divulguée ».

« Il prévoyait, en effet, par la grâce divine, poursuit le pape, que cette dévotion, comme un puissant engin de guerre, mettrait en fuite les ennemis et confondrait leur audace et leur folle impiété ».

Le pape y commente aussi « l’efficacité et la puissance » des prières du rosaire dans la bataille historique de Lépante entre forces chrétiennes et musulmanes en 1521. Les forces islamiques avaient pris pied en Espagne et étaient sur le point de l’emporter sur le christianisme, lorsque le pape Pie V exhorta les fidèles à réciter leur chapelet. Les chrétiens triomphèrent et le pape, en l’honneur de cette victoire, donna à Marie le nom de « Notre-Dame des Victoires », et lui institua un jour de fête, le 7 octobre, que son successeur, Grégoire XIII, transformera ensuite en fête du « saint Rosaire ».

Revenant au besoin de recourir au chapelet à cette époque, le pape écrit : « c’est une chose des plus douloureuses et des plus lamentables de voir tant d’âmes rachetées par le Sang de Jésus-Christ arrachées au salut par le tourbillon d’un siècle égaré, et précipitées dans l’abîme et dans une mort éternelle. Nous avons, de nos jours, autant besoin du secours divin qu’à l’époque où le grand Dominique leva l’étendard du Rosaire de Marie à l’effet de guérir les maux de son époque ».

En 1937, Pie XI (1922-1939) consacre au rosaire sa dernière encyclique « Ingravescentibus malis » (29 septembre). C’est aussi l’année où il écrit sa lettre « Mit brennender Sorge » (traduite en français par « Avec une brûlante inquiétude ») qui critique les nazis, et la « Divini Redemptoris », sur le communisme athée qu’il accuse de « vouloir renverser l’ordre social et saper jusque dans ses fondements la civilisation chrétienne. »

Critiquant l’esprit de l’époque qui « dans l’enivrement de son orgueil, se moque du saint Rosaire et le rejette avec dédain », le pape souligne les bienfaits de cette façon de prier, disant qu’elle a « le parfum de la simplicité évangélique et requiert un esprit d’humilité».

« Une multitude considérable de saints hommes de tout âge, toute condition, y ont toujours eu recours », écrit-il. « Ils l’ont récitée avec grande dévotion et, à chaque moment, l’ont utilisée comme une arme très puissante pour chasser les démons. Pour conserver l’intégrité de la vie, pour acquérir plus facilement la vertu, en un mot pour obtenir la véritable paix aux hommes ».

En 1951, Pie XII (1939-1958) écrit l’encyclique « Ingruentium malorum » (sur la récitation du chapelet). « Nous n’hésitons pas à affirmer de nouveau publiquement que nous mettons une grande espérance dans le rosaire pour la guérison des maux qui affligent notre époque », déclare-t-il. « Ce n’est pas avec la force, ni avec les armes, ni avec la puissance humaine, mais avec l’aide divine obtenue par cette prière que l’Eglise, forte comme David avec sa fronde, pourra affronter, intrépide, l’ennemi infernal ».



 

Pour connaître le Christ, il nous faut revenir à Marie.
En 1985, le futur pape Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, admet, dans ses « Entretiens sur la foi » écrit avec Vittorio Messori, que la déclaration selon laquelle Marie serait « la victorieuse de toutes les hérésies » lui paraît un peu « exagérée ».

« Quand j’étais jeune théologien, avant et même pendant les sessions du Concile, explique-t-il, comme il est arrivé et comme il arrivera encore aujourd’hui à beaucoup, je nourrissais quelques réserves sur certaines formules anciennes comme, par exemple, la fameuse De maria nunquam satis – “sur Marie on ne dira jamais assez” ».

A noter que Joseph Ratzinger a grandi dans un milieu profondément marial. Nous savons en lisant le livre « mon frère le pape », de son frère Mgr Georg Ratzinger, que ses grands-parents se sont mariés au sanctuaire Notre-Dame d’Absam, et que ses parents se sont rencontrés grâce à une annonce personnelle que son père avait fait publier (deux fois) sur le journal du sanctuaire marial d’Altötting. En général, le soir, les Ratzinger récitaient ensemble le chapelet, et en mai, ils assistaient à de nombreuses célébrations en l’honneur de Marie et du saint Rosaire.

Malgré toute cette familiarité avec Marie et leur grande dévotion mariale, Joseph Ratzinger ne semblait pas convaincu. Comme il est rapporté dans les « Entretiens sur la Foi », le cardinal, a vécu comme une sorte de conversion. « Aujourd’hui seulement – en cette période de confusion où toutes sortes de déviations hérétiques semblent venir frapper à la porte de la foi authentique -, aujourd’hui je comprends qu’il ne s’agissait pas d’une exagération de dévots, mais de vérités plus que jamais valables », affirme-t-il, ajoutant : « Il nous faut revenir à Marie si nous voulons revenir à cette vérité sur Jésus-Christ, sur l’Eglise, sur l’homme ».

« Que la récitation des prières du chapelet nous permette de fixer notre regard et notre cœur en Jésus, comme le faisait sa Mère, modèle inégalable de la contemplation du Fils », pria-t-il en 2010, lors de sa visite au sanctuaire Notre-Dame de Fatima. « En méditant les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux, tandis que nous récitons les ‘Ave Maria’, nous contemplons le mystère de Jésus tout entier, de l’Incarnation jusqu’à la Croix et à la gloire de la Résurrection ; nous contemplons l’intime participation de Marie à ce mystère et notre vie en Christ aujourd’hui, qui apparaît tellement entremêlée de moments de joie et de souffrance, d’ombre et de lumière, d’anxiété et d’espérance ».

« La grâce envahit notre cœur en suscitant le désir d’un changement de vie incisif et évangélique, afin de pouvoir dire avec saint Paul : « Pour moi, vivre c’est le Christ » (Ph 1, 21), dans une communion de vie et de destin avec le Christ ».

 

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