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Opinion. Manif Pour Tous, une mobilisation entre bon sens et détermination

manif pour tous paris 051014

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Judikael Hirel - publié le 05/10/14
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Ils étaient des centaines de milliers à manifester ce dimanche à Paris et Bordeaux. Mais, au fait, pourquoi diable manifestent-ils encore ?

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D’abord, on retrouve les méthodes classiques pour briser l’envie d’y participer, à l’approche d’une manifestation : parler de radicalisation, invoquer les fantasmes, souligner qu’il est impossible de revenir sur une loi votée, lancer un vaste tir de barrage médiatique, associant interviews visant à "déminer" l’opinion publique (telle celle de Manuel Valls dans La Croix), interviews à charge (telles celles de Marisol Touraine pour défendre la politique familiale du gouvernement), et sondages bien sentis pour souligner que, non, ceux qui manifestent ne représentent pas l’opinion publique et ne défendent que des opinions minoritaires. Sans oublier, en conclusion, une estimation du nombre de manifestants qui ferait sourire si elle n’était pas si ridicule.

Des veilleurs attirant l’attention sur la dignité humaine
Justement, le ridicule, parlons-en : il y a aussi ceux que le ridicule des guerres picrocholines au sein de l’Eglise n’a pas encore tué, ceux qui vous assennent que "la manif ne fait pas le catho", que "l’adhésion à la Manif pour tous finit par devenir, aux yeux de certains, le critère le plus sûr d’appartenance et de fidélité à l’Église dont les non-manifestants devraient tirer les conséquences"."Qui suis-je pour juger ?", disait le pape François sur un autre sujet. Qui sont-ils, ceux qui en écrivant cela ne débattent en fait qu’avec eux-même et ceux qui partagent leur avis ? Ils ne sont  en tout cas pas allés à la rencontre de celles et ceux qui manifestaient en famille aujourd’hui dans les rues de Paris et de Bordeaux. Ils y auraient fait connaissance avec des citoyens lambda, des gens qui n’auraient jamais pensé au fait même de manifester il y a quelques temps de cela, des gens ni extrêmistes ni intégristes, ni en colère ni radicalisés, ni bons ou mauvais cathos, et parfois pas cathos du tout, en fait, car ce n’est pas le sujet. "Ce qui est en cause, c’est la prétention insupportable de La manif pour tous à dire qu’elle représente TOUS les catholiques", peut-on ainsi lire en ligne. Mais il suffit pourtant d’avoir discuté avec les responsables de ce mouvement, et avec celles et ceux qui manifestent, pour savoir que nul n’a jamais prétendu cela. Il ya quelques jours de cela, l’évêque de Créteil, Mgr Santier, rappelait quant à lui dans un courrier aux AFC du Val-de-Marne que "les chrétiens qui s’engagent sur ce terrain sont des veilleurs qui attirent notre attention sur la véritable dignité de la personne humaine et de la famille ; elles ne peuvent pas être soumises à des intérêts qui sont issus de la société ultralibérale. Que l’Esprit Saint les soutienne dans cette mission de vigilance et qu’ils soient assurés de la prière de leur évêque."

GPA, PMA, loi et circulaire Taubira indissociables
Le sujet de cette manifestation du 5 octobre relevait au fond du simple bon sens, un bon sens battu en brèche par une démarche aussi longue que concertée de changement de société, de mentalités, de civilisation. Lutter contre le business de la PMA et de la GPA relève du simple bon sens, pas de la catholicité, sauf à traiter de "bons catholiques" Marie-Georges Buffet ou José Bové, entre autres militants de gauche et laïcs avérés.
Alors, oui, aujourd’hui dans les rues de Paris, des centaines de milliers de français ont manifesté contre la déconstruction de la politique familiale, et contre la légalisation de fait de la PMA et de la GPA en France, à force de jurisprudences, de circulaires, sans avoir le courage d’assumer ce choix dans l’hémicycle et devant les Français.
Oui, du coup, ces manifestants ont encore appelé à abroger la loi Taubira et à revenir sur la circulaire du même auteur, car, et c’est ce que n’ont toujours pas compris nombre de ceux qui ne voient aucun sens à ces manifestations à répétition et au fait de vouloir remettre en cause une loi votée, il n’est pas de mariage sans filiation, sans projet familial. Il avait été dit, asséné, promis, juré, que mariage homosexuel, adoption, PMA et GPA n’avaient aucun rapport, dans un exercice de haute voltige communicationnel, où le carpaccio législatif est d’autant plus facile à digérer que les tranches sont fines et bien séparées les unes des autres. Pourtant, du fait même de l’impossibilité pour un couple homosexuel de concevoir des enfants de façon "traditionnelle", et ce hors de toute question d’infertilité, le recours à la GPA et à la PMA, y compris au mépris des lois de la République, est indissociable de leur projet familial.

Même si le nombre de personnes concernés par ces sujets est en réalité infime, à l’inverse du bruit médiatique fait autour d’une des rares promesses de campagne tenues par M. Hollande, comment réclamer de nouveaux droits, toujours au nom de l’égalité, tout en violant sciemment la loi française, voire en payant une femme pour porter son enfant, au mépris de toute conception de dignité humaine ? Non, n’en déplaise à M Bergé, louer son ventre n’est en rien comparable au fait de travailler en usine. Et il faut bien parfois que quelqu’un, que quelques-uns le rappellent. Quitte à se faire traiter de réactionnaire, tant il est certains progrès que l’on ne peut que combattre.

Un  mouvement social historique
Les organisateurs de La Manif Pour Tous parlent de 500 000 manifestants déterminés réunis à Paris ; les autorités, elles, en ont dénombré 70 000. La vérité est certainement entre les deux, et elle devrait suffire à éveiller les consciences, du gouvernement comme de l’opposition. Car jamais un mouvement social n’a duré aussi longtemps et mobilisé autant de monde, de familles, de personnes qui ne manifestaient jamais, et qui le font dans le calme et le respect, malgré les insultes primaires qu’ils essuient de la part des médias comme des lobbies qui ne tolèrent pas que l’on ait une autre opinion qu’eux, tels les braves gens jadis chantés par Brassens. C’est à nouveau une foule impressionnante de Français qui est descendue dans la rue, dans une ambiance joyeuse mais très déterminée. Une foule qui n’a rien à y gagner à titr
e personnel, qui a fait une minute de silence en passant devant les bureaux du CESE, en mémoire d’une pétition historique jetée à la poubelle sans même être étudiée, qui a chanté la Marseillaise en frôlant les Invalides, et qui a marché, sur plus de 6 kilomètres de cortège à travers Paris, derrière des élus de la République de plus en plus nombreux. Nombreux aussi ont été ceux qui ont réclamé  l’abolition universelle de la GPA, refusé l’ouverture de la PMA sans père et rappelé que ces dérives sont le résultat direct et attendu de la loi Taubira sur le mariage.
"Jamais une loi n’a suscité une opposition aussi constante et durable que la loi Taubira", a estimé Sébastien Pilard, président du mouvement Sens Commun, en se félicitant également de la venue des nombreux élus UMP à cette manifestation. "Comment prétendre ensuite qu’il s’agit d’ « un acquis intégré par la société » ? Un an et demi après son vote, ce soi-disant « acquis » est toujours au centre de l’actualité. C’est bien la preuve que la droite devra rouvrir le dossier et organiser le débat apaisé refusé par la gauche."

L’esclavage a resurgi sous une nouvelle forme
Devant la foule rassemblée à Montparnasse, Ludovine de La Rochère a rappelé que "de ce marché où l’enfant est une chose, nous ne voulons pas, sous aucun prétexte, aucun motif. Le désir d’enfant ne justifie pas de le traiter comme une marchandise que l’on produit et que l’on vend. (…) L’esclavage a resurgi sous une nouvelle forme, celle de la GPA. Mais nous ne pourrons pas dire : « nous ne savions pas », car nous savons. Et le nier, c’est être complice des agences qui l’organisent." "Notre civilisation s’est construite sur le respect des droits d’autrui. Or justement, les droits des uns s’arrêtent là où commencent ceux des autres, en l’occurrence ceux des femmes et ceux des enfants."
"En ce qui nous concerne, nous continuerons à nous mobiliser toujours pacifiquement, mais sans relâche. Nous ne laisserons plus les ultra-libertaires dicter leur calendrier et les échéances de ces prétendus « progrès ». Il n’y pas plus obscurantiste que la  GPA ! Et nous ferons mieux : nous poursuivrons nos propositions pour consolider les familles, pour défendre l’enfant",
a réaffirmé la présidente de la Manif pour Tous.

 

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