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GPA : l’improbable déminage de Manuel Valls

French Prime Minister Manuel Valls speaks on September 29, 2014 during a visit at the FEMTO-ST (Franche-Comte Electronique, Mecanique, Thermique et Optique - Sciences et Technologies) laboratory in the eastern French city of Besancon. AFP PHOTO / SEBASTIEN BOZON

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Philippe Oswald - publié le 03/10/14
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En promettant à deux jours de la Manif pour tous que la GPA restera interdite en France, le Premier Ministre se contredit…et galvanise ceux qui se préparent à défiler dimanche à Paris et à Bordeaux.

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Internet, les politiques ne lui disent pas merci ! Car on y retrouve, crié en boucle sur les réseaux sociaux, ce que les uns et les autres avaient cru murmurer à un public ciblé. Ainsi Manuel Valls, aujourd’hui : son interview exclusive à La Croix est évidemment destinée à dissuader les hésitants à se joindre aux Manifs pour tous qui s’annoncent massives, dimanche prochain, 5 octobre, à Paris et à Bordeaux.
Malheureusement pour le Premier Ministre, la détermination qu’il affiche maintenant contre la GPA contredit totalement les propos qu’il tenait en avril 2011, au magazine gay Têtu, alors qu’il était candidat à la primaire socialiste : «Contrairement à ce que disent ceux qui sont par principe hostiles à la GPA, je crois que si celle-ci est maîtrisée, elle est acceptable, et j’y suis donc favorable.» (BFM-TV)

Dans son entretien à La Croix, Manuel Valls adopte une position martiale : oui, jure-t-il la main sur le cœur, il aime la famille «un repère, un pôle de stabilité » ; non, lui et son gouvernement ne veulent pas autoriser la gestation pour autrui en France ; oui, il « exclut totalement d’autoriser la transcription automatique » des actes de filiation d’enfants nés par mère porteuse à l’étranger, « car cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA. » Lors de l’examen de la loi Famille, Manuel Valls avait déjà assuré que le gouvernement s’opposerait à des amendements autorisant la PMA ou la GPA.

Exercice difficile, cette déclaration d’amour à la famille, quelques jours après l’annonce de ce que le cardinal Vingt-Trois qualifie de « démembrement progressif de la politique familiale » : la diminution de 700 millions d’euros des prestations familiales dans le budget 2015, avec notamment une division par trois de la prime à la naissance à compter du deuxième enfant, et la grossière entourloupe sur le congé parental qui consiste à le réduire drastiquement pour les mères pour en faire « bénéficier » les pères (qui, dans leur immense majorité, ne le prendront pas). Quant à la GPA,  comment se soustraire à la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), pour son refus de transcrire des actes réalisés aux Etats-Unis à la suite de naissances par mère porteuse ? Le gouvernement, fin juin, n’avait-il pas refusé de faire appel de ces arrêts de la Cour européenne qui condamnaient notre pays ? N’est-il pas resté sur cette ligne dans le délai de trois mois dont il disposait pour les contester ? (Aleteia)

 Voilà qui rend fort peu crédible l’annonce faite aujourd’hui par Manuel Valls que la France va promouvoir « dans les prochaines semaines … une initiative internationale qui pourrait aboutir, par exemple, à ce que les pays qui autorisent la GPA n’accordent pas le bénéfice de ce mode de procréation aux ressortissants des pays qui l’interdisent. » Quant à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de lesbiennes, actuellement interdite, « la position du gouvernement sur ce sujet est claire » affirme-t-il encore : « Nous n’avancerons pas plus loin sur cette question tant que nous n’aurons pas l’avis du Comité consultatif national d’éthique » – sauf qu’ en réalité celui-ci, aux ordres du pouvoir, n’a d’autre fonction que d’avaliser les dérives sous prétexte de les « encadrer ». Sans oublier qu’il y a quelques jours, la Cour de cassation a validé l’adoption, au sein de couples de femmes, d’enfants nés par PMA (Aleteia). Comment, d’ailleurs, autoriser la PMA aux lesbiennes tout en interdisant la GPA aux homosexuels sans se faire condamner pour discrimination par la Cour européenne des droits de l’homme ?

S’agissant du « mariage pour tous », Manuel Valls affirme que « personne ne reviendra sur cette avancée » – comme cela se dit aussi à droite. C’est bien le fond du problème, et naturellement la clé de la PMA et de la GPA qu’il est logiquement impossible d’interdire  aux personnes de même sexe à partir du moment où le droit au mariage leur a été accordé. L’objection vaut bien entendu aussi à droite, pour tous ceux qui, tel Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l’UMP, prônent désormais l’inscription dans la Constitution de « verrous juridiques pour réserver la PMA aux couples hétérosexuels infertiles et interdire complètement la GPA. » (Le Figaro Magazine)

« Je ne laisserai pas dire que ce gouvernement mène une politique hostile aux familles », clame le Premier ministre avec un de ses coups de menton favoris. C’est pourtant ce que vont crier dans les rues de Paris et de Bordeaux des centaines de milliers de manifestants, dimanche prochain : « C’était évident et nous l’avions annoncé : après le mariage pour tous, voilà la PMA, la GPA, le genre », annonce un tract distribué à 1,6 million d’exemplaires. C’est rappeler qu’à la racine de ces maux, il y a la loi Taubira.

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