L’esquive de Nicolas Sarkozy à propos du « mariage pour tous », hier, lors de son interview sur France 2, n’est pas passée inaperçue…
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
« Celui qui a compris la réponse de Sarkozy sur le mariage pour tous, je lui paye son poids en clairette de Die » : le tacle est du député de la Drôme Hervé Mariton, lui aussi candidat à la présidence de l’UMP (mais non à la présidentielle), commentant l’intervention de son désormais concurrent, au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, ce lundi matin. Il reflète bien le sentiment général. Le mariage homosexuel est « une épine dans le pied de Sarkozy » (BFM TV). Pour la socialiste Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, le message est clair : « Nicolas Sarkozy n’abrogera pas la loi mariage pour tous ».
Il ne suffit pas en effet de constater qu’ « on a humilié tout un tas de braves gens qui n’avaient jamais eu l’idée de descendre dans la rue, qui se sont sentis blessés parce qu’on touchait à ce qu’ils croyaient le plus profondément, leur amour pour la famille », encore qu’on sente une certaine condescendance pour ces « braves gens ». Mais en ajoutant ensuite : « Je n’utiliserai pas les familles contre les homosexuels, comme on a utilisé les homosexuels contre les familles », l’ancien président a brouillé les cartes. Il n’y a pas et il n’y a jamais eu, d’un côté « les familles », et de l’autre, « les homosexuels » – comme si ceux-ci étaient des sans-familles ! La famille et le mariage ne sont pas l’apanage d’une catégorie sociale ou d’une communauté, mais la cellule de base de toute société humaine et l’alliance qui la scelle sur la base anthropologique de l’altérité sexuelle. Alors, certes, l’opinion publique est actuellement plus sensible au chômage de masse, mais cette question cruciale pour l’avenir de notre civilisation ne saurait être jugée pour autant secondaire comme l’a d’abord objecté l’ex-président-candidat : « Est-ce que vous croyez qu’avec le nombre de chômeurs, c’est le problème essentiel ? »
Sans surprise, Christine Boutin, ancienne Ministre du logement et ancienne présidente du Parti chrétien démocrate, a elle aussi relevé cette défausse en estimant que s’il ne s’engageait pas à abroger la loi Taubira, l’ancien président et futur candidat à la présidentielle se priverait d’un soutien décisif : « Il lui manquera un million de voix. »
La Manif pour tous, quant à elle, veut positiver. Dans un communiqué publié dimanche soir et intitulé «Loi Taubira : le débat est toujours là!», le collectif estime que : «L’interview de Nicolas Sarkozy ce soir sur France 2 a une fois de plus montré que la question du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe continue de faire débat». Mais, poursuit le communiqué : «Le mouvement compte aussi sur sa cohérence: l’ancien Président s’était déclaré hostile au projet de loi Taubira. La Manif Pour Tous attend donc qu’il s’engage en faveur de l’abrogation.»
Contacté par Le Figaro, Sébastien Pilard, président de Sens commun, mouvement issu de la Manif pour tous qui voudrait peser à l’intérieur de l’UMP pour faire abroger la loi Taubira, estime pour sa part que le référendum, auquel Sarkozy a dit qu’il pourrait avoir recours pour trancher des «nœuds gordiens» , serait un outil pertinent pour trancher la question. Mais peut-on mettre aux voix le mariage, l’altérité, la filiation, la famille … ?
Les manifestations du 5 octobre prochain à Paris et à Bordeaux «contre la marchandisation de l’humain», la PMA et la circulaire Taubira sur la GPA, s’adresseront autant et plus aux candidats à la présidence de l’UMP et à l’élection présidentielle qu’à l’actuel gouvernement.