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Pape François : les prisonniers ne sont pas plus méchants que vous ou moi

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aleteia - publié le 10/09/14
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Place Saint Pierre, le Pape a appelé les chrétiens à remettre la miséricorde au coeur de leur vie, à l’exemple et à l’appel de Jésus.

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« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! ».

S’appuyant sur ce passage bien connu de l’Evangile de Matthieu (chapitre 25), le Saint Père a poursuivi ses catéchèses sur l’Eglise, en s’attachant à montrer comment cette « bonne mère », éducatrice par excellence, enseigne à ses enfants à pratiquer la miséricorde, qui est l’essentiel et le centre de l’Evangile. A l’image de Jésus, a-t-il expliqué, aux milliers de pèlerins rassemblés place Saint Pierre sous le soleil, elle procède par l’exemple. Si à cet égard, il a pris pour modèle ceux dont l’Eglise a reconnu officiellement les mérites, comme la bienheureuse Mère Teresa, il ne s’y est pas limité : A plusieurs reprises, il a rendu hommage à ces nombreux « bénis » anonymes qui, à travers les âges, ont fait œuvre de miséricorde envers le prochain. Ou à cette mère de famille de son « ancien diocèse », apprenant à ses enfants à partager avec le mendiant qui frappe à la porte, et dont l’exemple l’a marqué.

Mais le passage le plus remarqué de cette audience aura sans doute été celui qui concerne les prisonniers. En affirmant que chacun de nous aurait pu faire la même chose que ceux qui sont derrière les barreaux, qui ne sont pas plus méchant que nous ou que lui, François n’a pourtant fait que s’aligner sur les saints et les docteurs, à commencer par Thérèse de Lisieux. Mais le pharisien qui sommeille en chaque chrétien aveugle souvent celui-ci. En nous appelant à changer notre regard sur les prisonniers, le pape nous replace, non seulement sur le chemin de la miséricorde, mais sur celui de la vérité et de l’humilité.

Enfin, en rappelant que Dieu nous a rachetés gratuitement, c’est-à-dire sans rien nous demander en retour, il nous appelle à davantage de gratitude, envers celui qui n’est qu’amour et miséricorde. Voici cette catéchèse, traduite dans sa presque totalité.

Le chrétien doit être miséricordieux, car la miséricorde est l’essentiel et le centre de l’Evangile
Un bon éducateur va à l’essentiel. Il ne se perd pas dans les détails, il veut transmettre ce qui compte vraiment pour que l’enfant ou l’élève trouve le sens et la joie de vivre (…) Et l’essentiel de l’Evangile, c’est la miséricorde. Dieu a envoyé son fils, il s’est fait homme pour nous sauver, c’est-à-dire pour nous donner sa miséricorde (…) Peut-on être chrétien et pas miséricordieux ? Non, le chrétien doit nécessairement être miséricordieux, parce que la miséricorde est le centre de l’Evangile. Et fidèle à cet enseignement, l’Eglise ne peut que répéter la même chose à ses enfants : « soyez miséricordieux, comme le Père et le Fils le sont ».

Comme Jésus, l’Eglise nous enseigne d’abord par l’exemple
L’Eglise se comporte comme Jésus. Elle ne fait pas de leçon théorique sur l’amour. Elle ne diffuse pas dans le monde une philosophie, une voie de sagesse… Bien sûr, le christianisme, c’est tout cela aussi, mais par voie de conséquence, par extension. Notre mère l’Eglise, comme Jésus, nous enseigne par l’exemple ; et les mots servent à éclairer la signification des gestes.

Partager avec ceux qui ont faim
Notre mère l’Eglise nous apprend à donner à manger et à boire à ceux qui ont faim et soif, a habiller ceux qui sont nus. Et comment fait-elle ? Elle le fait à travers l’exemple de tant de saints et de saintes qui l’ont fait de façon exemplaire. Mais aussi à travers celui de tous ces papas et mamans, qui apprennent à leurs enfants que ce qu’on a en plus est pour celui qui manque du nécessaire (…) Dans les familles chrétiennes les plus simples, la règle de l’hospitalité a toujours été sacrée : il ne manque jamais une assiette ou un lit pour celui qui en a besoin.

Un jour – dans mon ancien diocèse – une maman m’a raconté qu’elle voulait apprendre à ses enfants comment aider et donner à manger à ceux qui ont faim. Elle en avait trois. Et un jour, alors qu’elle était à table avec eux : 7, 5 et 4 ans environ (le papa n’était pas là, il était au travail), on frappe à la porte : c’était un monsieur qui demandait à manger. Et la maman lui a dit : attendez un instant. Elle est rentrée, et a dit à ses enfants : " C’est un monsieur qui demande à manger : qu’est-ce qu’on fait ?" "On lui donne, maman, on lui donne ! " Chacun avait dans son assiette et un beefsteak et des frites. "Très bien, a dit la maman. Chacun va lui donner la moitié de ce qu’il a" "Ah non, maman, comme ça, ça ne va pas ! " "Eh bien si, on doit donner de ce qui est à soi" (…)

Assister les malades
Notre mère l’Eglise nous apprend à être proches de ceux qui sont malades. Que de saints et de saintes ont servi Jésus de cette façon ! Et que d’hommes et de femmes, chaque jour, mettent en pratique cette œuvre de miséricorde dans une salle d’hôpital, une maison de retraite, ou chez eux, en assistant une personne malade.

Changer notre regard sur les prisonniers
Notre mère l’Eglise nous apprend à être proches de ceux qui sont en prison. « Mais, mon père, c’est dangereux, ça, ces gens sont méchants ! ». Mais chacun de nous est capable… écoutez bien cela : chacun d’entre nous est capable de faire ce qu’à fait cet homme ou cette femme qui est en prison. Tous, nous avons la capacité de pécher, de faire la même chose, de nous tromper dans la vie. [Cet homme, ou cette femme] n’est pas plus méchant que toi ou que moi ! La miséricorde dépasse tous les murs, toutes les barrières, et nous conduit à rechercher toujours le visage de l’homme, de la personne. C’est la miséricorde qui change le cœur et la vie, qui peut régénérer une personne et lui permettre de s’insérer d’une façon nouvelle dans la société.

Aider les gens à mourir
Notre mère nous apprend à être proche de ceux qui sont abandonnés et meurent seuls. C’est ce qu’à fait la bienheureuse Mère Teresa, dans les rues de Calcutta. Et ce qu’on fait ou font tant de chrétiens, qui n’ont pas peur de tenir la main de celui qui va quitter ce monde
. La miséricorde donne la paix à celui qui part et à celui qui reste, en nous faisant sentir que Dieu est plus grand que la mort et qu’en restant avec lui, l’ultime séparation est un « au-revoir »… La bienheureuse Teresa avait bien compris cela ! On lui disait : « Mère, [faire cela] c’est perdre son temps ! ». Elle trouvait des mourants dans la rue, des gens dont les rats commençaient à manger le corps, et elle les ramenait chez elle, pour qu’ils puissent mourir propre, tranquilles, caressés, en paix. Elle leur disait « au revoir », à tous. Et tant d’hommes et de femmes ont fait comme elle. Et maintenant, ils les attendent là (François montre le ciel), à la porte, pour leur ouvrir la porte du ciel.

Faire du bien à ceux qui ne peuvent nous le rendre
Chers frères et sœurs, l’Eglise est mère en apprenant à ses enfants les œuvres de miséricorde. C’est Jésus qui lui a enseigné cette voie, qui lui a enseigné que cela est essentiel pour le salut. Il ne suffit pas d’aimer ceux qui nous aiment. Jésus nous dit que même les païens font cela. Il ne suffit pas de faire du bien à ceux qui nous en font. Pour changer le monde en mieux, il faut faire du bien à ceux qui ne sont pas en mesure de nous le rendre, comme le Père l’a fait avec nous, en nous donnant Jésus. Qu’a-t-on payé pour notre rédemption ? Rien, c’est gratuit ! Nous devons faire la même chose : allez, faisons le bien !
Comme c’est beau de vivre dans l’Eglise, chez notre mère l’Eglise qui nous apprend ce que Jésus nous a enseigné. Remercions le Seigneur, qui nous donne la grâce d’avoir l’Eglise comme mère, qui nous apprend la voie de la miséricorde, qui est le chemin de la vie.

A l’exemple de Jésus, l’Eglise répond aux armes par la prière
Aux pèlerins de langue arabe : L’Eglise, à l’exemple de son maître, est mère de miséricorde : elle affronte la haine avec l’amour ; elle vainc la violence par le pardon ; elle répond aux armes par la prière. Que le Seigneur récompense votre fidélité, vous donne du courage dans la lutte contre les forces du malin, et ouvre les yeux de ceux qui sont aveuglés par le mal, afin qu’ils voient vite la lumière de la vérité et se repentent des erreurs commises.

Se tourner vers Marie
Vendredi, nous célébrerons la mémoire du saint nom de Marie… Invoquez-la, chers jeunes (…) pour sentir la douceur de son amour ; priez-la, chers malades, surtout au moment de la croix et de la souffrance ; regardez-la, chers jeunes mariés, elle est le modèle de votre chemin conjugale de don et de fidélité.

Traduction : Elisabeth de Baudoüin

 

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