Mgr Jacek Pyl, du diocèse de Simferopol (Sud-Est de l’Ukraine) a décrit la situation sur place à l’AED.
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Comment se présente aujourd’hui le diocèse de Odessa-Simferopol?
Mgr Pyl : Le diocède de Odessa-Simferopol est situé dans le territoire Sud-Est de l’Ukraine dont la superficie est à peu près équivalente au tiers de la Pologne. C’est un territoire missionnaire qui grossit tranquillement et qui a à faire face à de nombreux défis. À la suite de l’annexion de la région de Crimée par la Russie, le diocèse est séparé en deux parties. La cathédrale de mon diocèse est située à Simferopol en Crimée tandis que l’archevêché diocésain, qui est sous la responsabilité de Mgr Bronislaw Bernacki, est à Odessa, à environ 460 km de Simferopol. Il y a sept paroisses et un prêtre sous ma juridiction, alors que le diocèse au complet compte 64 prêtres et environ 3000 fidèles.
Quel est le climat depuis la scission ?
Mgr Pyl : C’est une situation très difficile où nous avons beaucoup de questions, mais peu de réponses. Bien qu’il y ait la guerre en Ukraine et que Crimée est sous la domination russe, l’Eglise catholique peut encore exercer son ministère, mais nous ignorons tout quant à notre avenir.
Que pouvez-vous nous au sujet du prêtre qui a été enlevé dans l’Est de l’Ukraine?
Mgr Pyl : Je sais qu’un prêtre a été kidnappé et libéré une semaine plus tard, grâce aux efforts des évêques et aussi grâce au Patriarche de Moscou. Ils ont joué un rôle clé pour sa libération. Il a repris son travail, mais l’évêque le limite à son ministère, loin de la région où la guerre a lieu D’abord parce que c’est dangereux et pour éviter toutes situations imprévues.
Comment votre diocèse se mobilise-t-il ?
Mgr Pyl : Après la prise de contrôle de la Crimée par la Russie, l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) et une autre organisation nous ont aidé. Je suis très reconnaissant de ne pas avoir été abandonné. Nous avons reçu de l’aide médicale et aussi de la nourriture à distribuer pour les pauvres dans les paroisses.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les besoins réels en ce moment ?
Mgr Pyl : Tout d’abord, nous avons besoin de prêtres et de religieuses qui pourraient nous aider dans le travail d’évangélisation. En Crimée, nous célébrons la messe, en trois langues: surtout en russe, mais aussi en anglais pour les étudiants en provenance de l’Inde et de l’Afrique pour Simferopol ainsi qu’en espagnol pour Sébastopol. Et parfois même, nous célébrons en ukrainien et en polonais. Si j’avais plus de prêtres, je serai en mesure d’ouvrir plusieurs nouvelles paroisses.
J’aimerais inviter un ordre contemplatif de sœurs car, compte tenu du défi incroyable défi que nous devons relever, nous avons besoin de soutien spirituel. En Ukraine il y a des Sœurs Carmélites dans quelques autres villes (Kiev and Kharkov), que nous sommes très heureux d’avoir. C’est une dimension essentielle pour l’évangélisation.
Avez-vous d’autres projets pour votre diocèse ?
Mgr Pyl : Si la situation se stabilise, alors mon objectif serait de faire construire une cathédrale parce que nous avons actuellement un très petit emplacement pour célébrer la messe et rencontrer des gens. Il y a maintenant 20 ans que nous attendons l’autorisation de construire une église. Récemment, j’ai discuté avec Métropolite orthodoxe Mgr Lazar qui est le représentant du Patriarcat de Moscou à Simferopol ; il a montré une certaine ouverture pour un tel projet. Mais tout a été arrêté après la prise de contrôle de la Russie et nous ne savons pas si nous devrons recommencer le processus depuis le début ni ce qu’il adviendra avec le projet.
Nous avons récemment appris qu’il y aurait des élections le 26 octobre. Quelle est la position de l’Eglise?
Mgr Pyl :
L’Eglise catholique de rite latin prie pour que les élections soient bonnes et rigoureuses et aussi pour que ce que ce soit des personnes sages qui soient élues pour ce pays. L’Ukraine souffre tellement et depuis si longtemps. La guerre déchire les gens et les familles de part et d’autre. Il est donc temps que ce pays soit gouverné par de bonnes et sages personnes.
Pouvez-vous nous en dire plus à propos de l’impact de ce conflit sur les familles ?
Mgr Pyl : Il y a beaucoup de mariages mixtes entre les peuples russes et ukrainiens. Cette guerre a effectivement créé des blessures incroyables dans les mariages et les familles. Alors, nous prions pour la guérison et la réconciliation, parce que cette guerre a fait d’incroyables ravages sur cette nation.
Avez-vous un message à transmettre aux bienfaiteurs de l’AED ?
Mgr Pyl : Je voudrais tout d’abord leur demander de prier pour la paix en Ukraine. Et puis, je tiens à les remercier au nom de tous les missionnaires là-bas pour leurs prières, leur solidarité et aussi leur soutien matériel. Cette année, nous célébrons le 25e anniversaire de la présence des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée en Ukraine. Et si nous avons atteint certains objectifs dans nos différents ministères en Ukraine, lors des 25 dernières années, nous le devons à de nombreuses personnes dévouées. Nous tenons cependant à remercier particulièrement l’AED.
J’aimerais conclure par une phrase – soutenons-nous les uns les autres. C’est la meilleure façon de construire un monde meilleur et une meilleure société. Quand nous partageons nos prières et nos biens matériels avec l’autre, le monde devient un endroit meilleur pour vivre.
Interview initialement parue sur le site de l’AED